Top 10 films de 2020

L’année cinéma 2020 fut éminemment singulière, avec les fermetures répétées des salles qui ont malheureusement contraint au report de nombreux films que l’on aurait dû découvrir cette année. Malgré un plus grand nombre de longs-métrages visionnés cette année, c’est sur un total légèrement inférieur à 2019 (103 films) que s’établit ce top.

affiche-film-eva-en-aout

  1. Eva en août

La très disputée dernière place de ce classement a fini par revenir à la belle surprise espagnole de cet été. Sous la canicule madrilène, Eva déambule et redécouvre sa ville au gré des rencontres et des événements qui, en s’agençant dans son esprit, l’aident à appréhender sa féminité et donner un sens à sa vie. Rohmérien à souhait dans l’écriture et la temporalité douce, porté par la grâce lumineuse d’Itsaso Arana, qui coécrit avec le réalisateur Jonás Trueba, le film capture de façon intime et très juste les interrogations solitaires d’une femme d’aujourd’hui.

le-communion

  1. La communion

Je n’aurais pas cru qu’un de mes rattrapages de décembre se hisserait dans ce top, et encore moins un film traitant de religion. Pourtant, avec son personnage de jeune criminel habité par la croyance, le film de Jan Komasa captive et permet de toucher du doigt l’essence de la foi, y compris lorsqu’on ne l’éprouve pas soi-même. Parcours de rédemption qui n’exclut ni la violence ni le mensonge, le film impose à la rétine le regard halluciné de Bartosz Bielenia, exceptionnel dans le rôle principal.

affiche-film-jojo-rabbit 

  1. Jojo Rabbit

Certes, à long terme, les gesticulations de Taika Waikiki grimé en Hitler imaginaire de compagnie ont de quoi lasser. Mais de Jojo Rabbit, on retient surtout une rare plongée dans le « camp allemand » pendant la Seconde Guerre mondiale, et l’analyse de l’emprise du nazisme à hauteur d’enfant. Volontiers drôle et déluré, le film sait aussi briser le cœur et s’appuie sur les prestations de haute volée et bouleversantes tant des adultes (Scarlett Johansson dans un de ses plus grands rôles et Sam Rockwell sur un fil parfaitement tendu), que des enfants (le tandem Roman Griffin Davis/Thomasin McKenzie, à suivre).

drunk

  1. Drunk

Un film danois qui débarque en France est toujours pour moi un grand plaisir, et a fortiori quand c’est le retour en très grande forme de Thomas Vinterberg avec Mads Mikkelsen encore une fois au sommet. Après Arctic en 2019, il se taille encore une fois une place de choix dans ce classement grâce à une performance d’homme en crise prêt à tout tenter, y compris une expérience dangereuse avec l’alcool, pour retrouver le goût de vivre. La scène finale au son de What a life restera à mes yeux l’incarnation de 2020, et de l’élan vital que représente le cinéma dans les temps difficiles.

affiche-film-1917

  1. 1917

Un film de guerre dans mon top, tout arrive ! À grand renfort de plans-séquences aux raccords discrets, donnant l’impression de suivre au plus près le parcours de deux jeunes soldats, Sam Mendes nous immerge comme jamais dans l’enfer des tranchées, aux côtés d’un George MacKay incarnant l’héroïsme pur. Grosse claque technique, haute intensité émotionnelle, plans hallucinants, l’exemple de ce qu’un budget conséquent bien utilisé peut produire.

affiche-film-ema

  1. Ema

La plus grande réussite esthétique de l’année à mes yeux, ce film de Pablo Larraín aux couleurs saturées mettant en valeur les différentes facettes de la vie d’une femme prête à tout pour prendre le pouvoir. Révolution artistique avec le reggaeton qu’elle oppose à la danse contemporaine de son conjoint, révolution sexuelle auprès d’hommes et de femmes subjugué(e)s par la bombe Mariana di Girólamo, mais aussi manipulation pour obtenir la réparation de la faute originelle qui lui donne l’envie de tout cramer au lance-flammes sur son passage. Et nous avec.

petite-fille

  1. Petite fille

Déjà auteur du remarqué Adolescentes cette année, Sébastien Lifshitz nous entraîne encore plus loin dans l’émotion et l’interrogation autour de la construction de la féminité avec le portrait de Sasha, petite fille assignée garçon à la naissance. Contre les esprits fermés du dehors qui voudraient l’empêcher d’être elle-même, cette enfant taiseuse et déterminée bénéficie du soutien sans faille d’une famille soudée pour porter son combat. C’est filmé avec une délicatesse et une bienveillance propices à faire réfléchir les cœurs les plus endurcis sur la transidentité et l’acceptation de chacun(e) avec ses particularités.

affiche-film-les-filles-du-docteur-march

  1. Little Women

C’est l’unique réalisatrice de mon top, ce qui me désole, mais quelle réalisatrice ! Greta Gerwig signe l’adaptation la plus audacieuse et pertinente des Filles du Docteur March avec un casting impérial. Avec intelligence et engagement, la cinéaste mêle le roman originel et les écrits parallèles de Louisa May Alcott pour un film qui redonne à chaque sœur toute sa place et sa substance et associe à l’intrigue familiale une réflexion méta sur le statut d’écrivaine à l’époque. Saoirse Ronan campe la Jo la plus complexe et humaine vue à ce jour ; son monologue dans le grenier est un cadeau pour toute femme désireuse de faire comprendre les enjeux et difficultés de progresser seule vers ses objectifs.

affiche-film-madre 

  1. Madre

Il a longtemps tenu la tête du classement 2020, et c’est un film qui restera important à mes yeux tant pour les émotions qu’il m’a fait ressentir que pour ce qui a changé dans ma vie après son visionnage. Après l’intensité sidérante du court-métrage d’ouverture, Rodrigo Sorogoyen prend le contre-pied du thriller attendu avec la relation surprenante et inqualifiable entre une femme dévastée par la disparition d’un enfant (Marta Nieto), et un adolescent intrigué et sans peur (Jules Porier). Les plans-séquences en grand angle sur la plage de Vieux-Boucau sont aussi troublants que ceux qui figent les visages dans la tension d’une attente impossible à soulager. C’est subtil, éventuellement dérangeant, et finalement sublime.

adieu-les-cons

  1. Adieu les cons

Souvent, je me suis attendue aux films que j’ai adorés, et rares ont été les surprises dans le haut de mes classements ces dernières années. Et puis il y a eu Adieu les cons. J’aurais presque traîné des pieds pour aller découvrir le nouveau Dupontel, et en une réplique de la scène d’ouverture, j’étais à la fois dévastée et conquise. Il y a la générosité du cinéaste dans les trouvailles de mise en scène et dans la défense inaltérable des « petits » face aux institutions, il y a l’humour et les rebondissements, la galerie de personnages secondaires dont l’hilarant Nicolas Marié. Et puis il y a Virginie Efira en Suze Trapet, dont chaque regard et chaque phrase transpercent l’âme. Mon plus grand regret de 2020 : n’avoir pu revoir ce bijou qui dans le même mouvement m’a détruite émotionnellement et a ravivé la flamme de mon amour pour le cinéma français.

 

Malgré le nombre réduit de films de 2020 parmi lesquels construire ce top, les dernières places ont été chèrement disputées. Au pied du classement, une mention spéciale pour des films qui auraient mérité d’y être et que je recommande si vous les avez manqués : Lara Jenkins, Antigone, Antoinette dans les Cévennes ou encore Calamity. Ils avaient leur place garantie, mais le report de leur sortie en a décidé autrement, ne ratez pas en salles en 2021 : À l’abordage, Slalom et Le Discours.

Et vous, quels ont été vos coups de cœur en 2020 ?

19 commentaires sur “Top 10 films de 2020

Ajouter un commentaire

  1. J’en ai vu deux de ton top 10, 1917 et les 4 filles de March.

    Pour 1917, mille fois oui aussi ! Par contre, pour le second, je l’ai trouvé terriblement mou au cinéma… ^^’ Les goûts et les couleurs !

      1. Je t’assure, j’en attendais beaucoup plus. J’en attendais peut-être même de trop, parce que c’était une madeleine de Proust de l’enfance, ce livre…
        Comme quoi, faut se méfier des films sur lesquels on fonde trop d’espoirs. ^^’

        1. Je l’attendais très impatiemment aussi, j’ai vu plus de la moitié des adaptations existantes. Mais cette fin qui montre bien les concessions faites aux éditeurs et au lectorat, c’est plus que je n’osais espérer.

  2. Merci pour ce billet ! Je n’ai vu que « Eva en août » (en août, dans une vraie salle, dans un vieux petit ciné parisien, bonheur…), et ce film m’a enchantée…merci pour tes billets que je lis toujours assidûement et douce transition vers 2021 !

  3. Avec cette crise, l’anxiété et un cinéma qui ne diffuse que peu de long-métrage attirant, je n’ai pas mis les pieds dans les salles obscures depuis février dernier… Merci pour ce top qui me donne beaucoup d’idées de rattrapage pour l’année 2021 qui sera sous le signe du cinéma à la maison 🙂

      1. C’est long, mais depuis que j’ai déménagé et que le cinéma en question ne fait pas de pass illimité, c’est plus compliqué…
        Pas encore, mais j’en rêve ! On a juste pu mettre le grand écran assez proche de notre canapé pour une meilleure immersion, c’est déjà ça 🙂

        1. Oh no, pas de pass illimité, tristesse ! J’avoue que j’irais sûrement moins au cinéma sans ma carte UGC. Je n’ai même pas d’écran de télé chez moi, c’est tout petit, du coup c’est cinéma ou écran d’ordi… :S

  4. Entre déménagements et confinements, je suis cette année complètement à la ramasse question films récents. Je découvre donc la plupart des films cités et Drunk, Petite fille et Les quatre filles du docteur March m’attirent tout particulièrement. Adieu les cons ne me fait a priori pas du tout envie, mais ta petite chronique a attisé ma curiosité et je lui laisserai un jour sa chance.
    De mon côté, j’ai vu Antoinette dans les Cévennes qui était fort sympathique, ainsi qu’Adam que j’ai adoré en plus de le trouver magnifique !

    1. Petite fille est dispo sur Arte jusqu’à la fin du mois, gratuitement et légalement. 🙂 Little Women est sorti en DVD/VOD, pour Drunk c’est prévu en mars. Oui oui oui Adieu les cons, c’est vraiment le film que j’ai hâte de retourner voir en salles à la réouverture. J’ai aussi beaucoup aimé Antoinette et Adam !

Répondre à Ceciloule - Pamolico Annuler la réponse.

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑