« On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise » avec cette lecture !

onnestjamaisalabriMartin est comptable. Il vit seul dans un petit appartement, et sa solitude a empiré depuis qu’il travaille chez lui. Mais tous les soirs en regardant les gens par la fenêtre, Martin espère qu’un jour il ne sera plus seulement spectateur.

J’avais trouvé subtil et intéressant le précédent roman d’Isabelle Minière Je suis très sensible, c’est donc avec curiosité que je me suis plongée dans son nouveau texte, paru chez Serge Safran éditeur. Une curiosité mêlée d’une vague inquiétude, car le livre précédent instillait chez son lecteur une sensation de malaise croissante.

C’est pourquoi j’ai d’abord bien pris garde à ne pas trop m’attacher ou m’identifier à Martin, le comptable solitaire, de peur qu’il ne révèle une facette sombre. Une fois de plus, le protagoniste est un homme très sensible, qui se sent différent. Ses difficultés à communiquer et à se lier aux autres m’ont fait un peu penser à des témoignages que j’ai pu lire sur l’autisme (Asperger en particulier).

Pourtant, malgré mes précautions, j’ai été par moments assez émue par l’évocation de la vie de Martin. Racontée à la première personne, sa solitude pesante est vraiment douloureuse à lire, et l’espoir qu’il persiste à entretenir en fait un personnage attachant, en dépit de ses bizarreries. J’ai trouvé que le style de l’auteur s’était encore affiné depuis son livre précédent. Elle se glisse à la perfection dans la peau de son personnage (son métier de psychologue n’est sans doute pas pour rien dans sa connaissance et sa compréhension de l’âme humaine). J’ai rarement vu un livre dépeindre avec autant de justesse et de mélancolie douce les affres d’une vie de célibataire. Le manque de ce que l’on n’a pas connu, les rêves qui font autant de mal que de bien, l’espoir vacillant que les choses changent un jour, tout cela est décrit avec beaucoup de réalisme et de sensibilité.

Malgré tout, le roman n’est pas déprimant, car peu à peu, de minuscules événements viennent chambouler le quotidien de Martin, le forçant à renoncer à ses habitudes et à dépasser sa retenue naturelle. Personnages réels et imaginaires se croisent et abreuvent Martin de leurs conseils afin de rendre sa vie plus gaie et de l’aider à réaliser ses rêves : se faire des amis et rencontrer une femme.

Jusqu’au bout, ou presque, le suspens reste entier : Martin va-t-il enfin rencontrer des gens intéressants qui s’intéresseront à lui ? Ou les bribes d’espoir qui surviennent ne sont-elles qu’une manière de rendre le retour au train-train du réel plus cruel ?

Sur un rythme hypnotique, les pensées de Martin accompagnent encore le lecteur après avoir refermé le livre. Sur un thème aussi universel que la solitude, Isabelle Minière réussit à broder un récit à la fois intemporel et moderne, léger et grave, lumineux et mélancolique. On aurait presque aimé que le plaisir dure plus longtemps. Décidément, ce roman porte très bien son titre, car il fut une très bonne surprise !

15 commentaires sur “« On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise » avec cette lecture !

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    1. C’est le nouveau look des éditions Serge Safran, l’avantage c’est qu’on ne risque pas de les confondre avec une autre maison d’édition, vu la couleur ! ^^

  1. Je trouve le titre de ce livre très beau (et j’aurais apprécié une première de couverture plus en accord avec ce titre, mais bon, ce n’est pas moi l’éditrice ^^) ! D’après ta chronique, je pense que l’écriture de l’auteure peut me plaire !

    1. Oui, le titre est vraiment chouette ! Eh oui, tous les livres de Serge Safran éditeur ont désormais cette couverture orange vif : au moins on ne peut pas les confondre avec un autre éditeur !

        1. C’est comme ça chez plein d’éditeurs (Gallimard, Flammarion, Lattès pour la collection littéraire…). Je pense aussi qu’il y a une question de coût, un graphiste pour chaque couv, ça revient cher…

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