« Le complexe de la sorcière » : guérir de l’empreinte des chasses

couverture-livre-le-complexe-de-la-sorciereTout commence avec une apparition, celle d’une sorcière aux yeux clairs. À mesure qu’elle se documente sur le sujet, la romancière commence à faire des cauchemars et voit revenir des souvenirs d’adolescence…

Dans ma sélection 100 % parcours féminins de la rentrée littéraire de Lattès, j’avais repéré ce livre à la couverture colorée. D’Isabelle Sorente, j’avais lu La faille, qui m’avait laissée un peu perplexe face à sa densité et sa volonté de trouver des excuses aux personnages.

Ici, il s’agit d’un livre bien différent, d’abord dans sa forme. Divisé en quatre parties, ce n’est pas vraiment un roman, plutôt le récit d’une quête autobiographique. D’abord, il y a l’apparition de la sorcière, et la réflexion qu’elle suscite chez l’autrice : doit-elle écrire sur cette expérience ? Puis, au fur et à mesure qu’elle en apprend davantage : quel est l’héritage des chasses aux sorcières des Temps modernes dans nos sociétés contemporaines, et en particulier dans nos psychés ?

Ce sujet l’entraîne dans des réminiscences d’adolescence qui constituent la deuxième partie, mettant en parallèle le processus des chasses avec la mise à l’écart d’une adolescente choisie comme bouc émissaire par sa classe. La situation de harcèlement est finement décrite et analysée et aura de quoi rappeler des souvenirs dérangeants à nombre de lecteurs/trices, car qui n’a pas été au moins témoin ?

Vient ensuite la question du pardon à accorder à ses harceleurs/euses et avec lui l’inventaire des moyens d’y parvenir, de la psychanalyse à la méditation. J’ai un peu moins adhéré au côté mystique du dojo zen du père Jacques, même si la thématique du pardon est intéressante.

Enfin le livre s’emploie à conjuguer les paroles féminines pour réveiller la part de mystère des sorcières en nous, par le biais de la sororité. Ici encore les histoires racontées par ces quatre femmes auront de quoi évoquer des échos.

Même si l’architecture du livre est un peu bizarre et en dépit de l’absence de réels arcs narratifs, le récit m’a happée tant les réflexions qu’il déploie autour des sorcières (sans doute dans la veine de l’essai de Mona Chollet, que je n’ai malheureusement pas encore lu) sont pertinentes et passionnantes. La théorie du complexe de la sorcière, en elle-même, a de quoi faire frémir et sonder sa propre intimité. Plus qu’une lecture instructive, ce récit m’a vraiment interrogée profondément, de manière pas toujours douce et agréable, mais je lui en sais gré. Et si nous sommes toutes et tous héritiers/ères des sorcières et des inquisiteurs, alors nous devrions toutes et tous nous plonger dans cette lecture pour en comprendre et en assumer l’héritage.

6 commentaires sur “« Le complexe de la sorcière » : guérir de l’empreinte des chasses

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