« Elle l’adore » : « elle le suivrait jusqu’en enfer »

affiche-film-elle-l-adoreMuriel est fan du chanteur Vincent Lacroix depuis 20 ans. Elle lui écrit, va le voir en concert… jusqu’au jour où il sonne à sa porte, paniqué. Il a besoin d’elle pour conduire une voiture en Suisse et elle ne doit surtout pas ouvrir le coffre…

J’avais repéré ce film dès sa sortie en salles mais il n’avait pas attisé ma curiosité au point d’aller le découvrir au cinéma à l’époque. Le très beau deuxième long-métrage de sa réalisatrice Jeanne Herry (Pupille), l’avait fait remonter dans ma liste à voir. Mais c’est tout le marketing autour de Mouche, l’adaptation française de Fleabag également réalisée par Jeanne Herry, qui m’a rappelé que je voulais voir son premier film.

Dès les premières images, le contexte est posé : Muriel (Sandrine Kiberlain, toujours géniale dans les rôles de névrosée complexes) est fan de Vincent Lacroix (Laurent Lafitte, que j’apprends à apprécier au fil des rôles et notamment depuis sa prestation dans L’Heure de la sortie). Une vraie fangirl, de celles qui suivent les tournées et ont des posters partout dans leur chambre. De manière générale, je trouve que les fans forment un très bon sujet de fiction, déjà exploité avec intelligence dans des films comme Ma vie avec John F. Donovan ou des romans comme Babybatch.

Ici, le scénario de Jeanne Herry et Gaëlle Macé interroge : jusqu’où une fan peut-elle aller par amour et dévotion pour son idole ? Cette question nous embarque dans un thriller bien ficelé (je ne comprends pas du tout le classement du film en « comédie » par Allociné) qui brouille peu à peu les pistes. Qui manipule qui ? Qui a le dessus dans la relation fan-idole ? Le personnage de Muriel est vraiment l’intérêt premier du film car elle présente un mélange de fragilité apparente, de caractère bien trempé, de bagout et d’imagination qui en font une femme complexe dont Sandrine Kiberlain explore en finesse les différentes facettes. Face à elle, Laurent Lafitte est la star dont l’image lisse se fissure lorsque l’imprévu enraye la mécanique du succès, révélant ses failles et menaçant de faire s’écrouler son empire.

Le scénario est malin et plus riche en rebondissements que je ne m’y attendais. La deuxième moitié du film resserre l’étau autour des personnages en développant la place des policiers chargés de l’enquête. On pourrait toutefois reprocher au film de les faire globalement passer pour des imbéciles : la commissaire prend de mauvaises décisions avec autorité, les deux policiers qui dirigent l’enquête (Pascal Demolon et Olivia Côte) sont empêtrés dans leur histoire de couple et d’adultère… Tout cela manque sérieusement de professionnalisme, mais illustre en revanche assez bien comme tout peu tenir à une coïncidence, un détail, un timing qui fait basculer des vies dans un sens ou dans l’autre.

Bien menée, avec ce qu’il faut de fourberie et d’intelligence, l’intrigue en impose pour un premier long et annonçait le goût de la réalisatrice pour les personnages compliqués qui vont mal. Pas étonnant donc qu’elle ait voulu s’attaquer à Fleabag.

8 commentaires sur “« Elle l’adore » : « elle le suivrait jusqu’en enfer »

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  1. Comme je suivais le sujet des fans, je l’avais vu à une précédente diffusion télé et j’avais été agréablement surprise. Les flics ne m’avaient pas dérangé parce que je trouvais que leurs histoires les humanisaient, et je suppose que ce n’est pas irréaliste que leur vie personnelle puisse nuire à leur travail, comme à nous. Le côté thriller m’avait plu aussi, et pour une fois le personnage de fan n’était pas juste paumé.

    1. J’aime beaucoup le sujet des fans en général. Pour les flics, certes mais tout de même… là ils manquent clairement de lucidité et de sens des responsabilités.

  2. Je garde un bon souvenir de cette comédie assez noire (avec une Sandrine Kiberlain géniale dedans) même si je suis d’accord avec toi sur ses défauts.
    (en lisant ta chronique, cela me fait penser qu’il serait temps que je me mette à Fleabag)

  3. Vraiment Fleabag !! (moi et les séries britanniques, c’est une grande histoire d’amour !)
    (je regarderai Mouche certainement mais je tiens à regarder l’originale !)

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