Au début des vacances d’été, Alexis est secouru lors d’une sortie en bateau par David, qui l’emmène chez lui puis lui propose rapidement un job. Les deux jeunes gens entament rapidement une liaison…
Je ne vais pas feindre l’enthousiasme : j’étais partagée sur ce film avant même de le voir, me demandant si j’allais basculer dans le camp des aficionados ou dans celui des réfractaires. D’habitude, je ne suis pas très friande du cinéma d’Ozon (de ses déclarations non plus, d’ailleurs), même si je reconnais avoir beaucoup aimé 8 femmes pour ses chansons et surtout Frantz, le plus beau film du réalisateur et de loin. Le reste de sa filmographie oscille à mes yeux entre le pas mal (Le Refuge) et le carrément problématique (Une nouvelle amie).
Après avoir vu Été 85, je dois admettre que c’est globalement un cinéma qui ne me touche pas (c’est déjà ce qui m’avait posé problème devant Grâce à Dieu). Une fois encore, à la lecture du pitch, il y aurait tous les éléments pour m’émouvoir : un premier amour adolescent en plein été, un drame, un deuil… Pourtant, une seule scène m’aura donné un peu de frisson, grâce à « Sailing » de Rod Stewart. Alors pourquoi ça ne prend pas ? Il y a pourtant des éléments réussis dans le film. La photo est jolie et lumineuse, le choix du tournage en pellicule apporte un grain qui colle bien à l’époque, avec quelques très jolies scènes (la scène de danse où David met le casque sur les oreilles d’Alex par exemple). Les personnages secondaires sont bien interprétés (l’opposition des mères qui marque la différence de classe sociale, avec d’un côté Valeria Bruni-Tedeschi, ses « mon petit lapin » tendancieux et sa baignoire sculptée, de l’autre Isabelle Nanty et ses réflexions sur l’impossibilité de trouver le bonheur entre l’aspirateur et la tasse de café), j’ai en particulier beaucoup aimé le rôle court de Kate (Philippine Velge), sa fraîcheur et sa franchise. En fait, j’aime globalement bien plus la fin du film que son début (mais pas la scène de la morgue, qui recycle trop de clichés du cinéma d’Ozon – et en particulier le côté nécrophile que j’avais déjà repéré dans Une nouvelle amie).
Cela tient probablement à trois raisons. La plus évidente, c’est que le film tue tout suspens dès le départ à cause de la voix off d’Alex, un élément peu utile sauf pour nous dévoiler tout ce que les images nous auraient permis de découvrir nous-mêmes. Mais aussi parce que chaque élément du film est prévisible, j’ai eu l’impression de voir venir à des kilomètres la moindre action. Enfin, parce que j’ai eu énormément de mal avec le personnage de David. Cela tient sans doute en partie à l’écriture, qui le rend très peu sympathique, mais aussi au choix de Benjamin Voisin, qui nous rejoue le même personnage insupportable que dans Un vrai bonhomme (ce qui fait que je ne sais plus bien si c’est l’acteur qui m’agace ou simplement les rôles qu’on lui confie). À côté, Alex a quelque chose de plus touchant ; Félix Lefebvre a sûrement de beaux jours devant lui au cinéma avec son air candide mais buté.
En dépit des qualités du film, j’ai eu une impression de déjà-vu (Alex est un genre de double du personnage d’Ernst Umhauer de Dans la maison, qui abordait déjà la relation privilégiée avec un enseignant, la différence de classes sociales et les velléités d’écriture) et surtout, la déception qu’une intrigue si pleine d’émotions sur le papier me laisse si froide à l’écran. C’est joli, certes, avec une naïveté d’adolescence jusque dans la phrase finale, mais joli ne me suffit pas quand il s’agit d’amour et de mort.