« Venise n’est pas en Italie » : l’adolescence est un voyage initiatique

VenisenestpasÉmile a une vie peu commune : il a sauté deux classes, vit dans une caravane en attendant que ses parents obtiennent un permis de construire, et sa mère lui teint les cheveux en blond. Pour ne rien arranger, il tombe amoureux de la jolie Pauline dont le père est chef d’orchestre… 

Je connaissais Yvan Calbérac le cinéaste depuis belle lurette. J’avais bien aimé Une semaine sur deux (et la moitié des vacances scolaires) et surtout Irène, dont j’ai souvent ressorti quelques répliques cultes bien placées (« Les hommes qui m’intéressent ne s’intéressent pas à moi »…).

J’ignorais qu’il était devenu dramaturge avec L’étudiante et Monsieur Henri, pourtant la pièce a apparemment connu un grand succès. Mais quand j’ai appris qu’il sortait un premier roman, j’ai décrété que je devais absolument le lire.

Grâce à Babelio, j’ai eu l’opportunité de recevoir le livre avant sa sortie et de rencontrer l’auteur avec quelques autres lecteurs sélectionnés. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue du voyage.

À la lecture, impossible de ne pas s’attacher à Émile, cet adolescent futé et philosophe qui oscille entre la naïveté de l’enfance et une maturité parfois étonnante. Sa famille à la fois généreuse et négligente, attentive et sans-gêne, attise également la sympathie ou tout au moins une curiosité qui pousse à continuer rapidement la lecture. D’une situation assez simple (comment conquérir une jolie fille dans la cour du lycée ?), Yvan Calbérac tire un scénario rocambolesque qui emmène ses personnages sur les routes de France et d’Italie, direction la Sérénissime. Les péripéties ne manquent pas, l’humour non plus, et le style fluide de l’auteur permet d’avaler en un rien de temps ce petit roman très agréable.

Dès les premières pages, on retrouve l’univers du réalisateur, et son écriture extrêmement visuelle donne à penser qu’il tient là matière à une bonne comédie familiale. À un style parfois assez oral, où les dialogues abondent, s’ajoutent des phrases bien trouvées sur le sens de la vie (« C’est peut-être juste parce qu’on croit pas pouvoir mériter toutes les merveilles du monde qu’on les a jamais. Et les plus belles filles non plus.”) qui pourraient donner lieu à des scènes cultes du style « Sur dix mecs, y a onze cons » (Une semaine sur deux).

Mais au-delà de l’aspect divertissant du roman, il faut savoir qu’il s’agit également d’une déclaration d’amour à la propre famille de l’auteur, dont il s’inspire pour composer celle d’Émile. Comme son jeune héros, Yvan a eu les cheveux teints en blond par sa mère et le sentiment d’une humiliation permanente de la part de ces adultes bruyants qui ne le comprenaient pas. En laissant affleurer en lui l’adolescent qu’il fut, il réussit à donner des accents de vérité à son récit, même dans les passages les plus improbables de l’histoire. Sa sincérité perçant sous le masque de la fiction rend le livre non seulement amusant mais aussi touchant. Bref, un livre qui, sans être révolutionnaire, possède indéniablement les qualités d’un joli succès de librairie, en attendant celui d’un film que j’irai sûrement voir avec plaisir.

Laisser un commentaire

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑