« Défaite des maîtres et possesseurs » : demain, l’enfer sur Terre

Defaite_des_maitres_et_possesseursDans un futur pas si lointain, Malo Claeys, député, tente de faire passer une loi pour prolonger la vie des humains, traités par son espèce comme animaux de compagnie, esclaves ou troupeaux à viande. Pendant ce temps, Iris, sa compagne humaine, lutte pour survivre après un terrible accident… 

J’avais été interpellée à sa sortie par le titre de ce roman de Vincent Message, auteur dont j’ignorais tout par ailleurs. Même si les histoires de science-fiction et d’extraterrestres ne font pas partie de mes lectures de prédilection, j’ai fini par laisser la curiosité l’emporter. Et voilà qu’en pleine lecture, j’apprends que ce roman vient de recevoir le prix Orange du livre 2016.

Prix mérité ? Certainement. Car Défaite des maîtres et possesseurs constitue un livre marquant, et une vraie expérience de pensée. Du point de vue de l’auteur, déjà, qui nous présente un monde futuriste cohérent, mais aussi pour nous, lecteurs, qui sommes poussés dans nos retranchements au fur et à mesure que nous progressons dans cette lecture.

C’est sans doute un grand livre, en tout cas un livre qui a du mérite, celui de nous mettre face à ce qui pourrait nous arriver demain, que l’on croie ou non à l’existence d’autres espèces supérieures dans l’univers. Mais aussi de nous faire réfléchir, en creux, à la façon dont nous nous comportons nous-mêmes aujourd’hui avec les autres vivants qui peuplent la planète.

Cela dit, malgré la plume très agréable de l’auteur, dont j’ai vraiment apprécié le style, ce livre n’a pas été une lecture plaisante. Du tout. Il met mal à l’aise, fait monter le cœur aux lèvres, révolte, et ne cherche pas à arrondir les angles. Il appuie où ça fait mal, nous met sous les yeux ce que nous ne voudrions surtout pas voir.

Le futur tel que le dépeint Vincent Message, ce n’est rien d’autre que l’enfer devenu réalité sur Terre, en tout cas pour les humains. Ce roman m’apparaît comme une sorte de négatif du Magique aujourd’hui que j’avais tant aimé l’an dernier. Là où Isabelle Jarry envisageait un futur vivable avec un certain optimisme, malgré des problèmes non résolus, l’auteur de Défaite des maîtres et possesseurs ne nous laisse que bien peu d’espoir. Peut-être en sommes-nous déjà là, à avoir besoin d’œuvres qui nous démoralisent pour nous donner l’impulsion de changer des modes de vie délétères. Ou peut-être le tableau est-il un peu plus noir que nécessaire.

Face à de telles considérations, l’histoire personnelle de Malo Claeys, le narrateur du récit, passe forcément un peu au second plan. On imagine dès les premières pages que son combat contre la montre pour sauver Iris risque de mal finir, même si on ne peut s’empêcher d’espérer un rayon de lumière dans la noirceur de ce monde futuriste.

Un récit dérangeant, à conseiller à ceux qui n’ont pas peur d’affronter l’angoisse de l’avenir, et qui réjouira sans doute les partisans de la cause animale grâce aux parallèles qu’il établit.

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