« Fresh », il aurait mieux valu, si j’avais su, rester de glace

Noa, désabusée des applications de rencontre, pense prendre son parti du célibat. Jusqu’à sa rencontre inopinée au supermarché avec Steve, séduisant chirurgien…

Movie Challenge 2022 : un film qui n’est pas sorti en salles en France

Après sa révélation dans la magnifique série Normal People, qui n’avait pas hâte de retrouver à l’écran Daisy Edgar-Jones ? Attendue aux côtés d’Andrew Garfield dans la future Under the banner of heaven, la jeune actrice nous revient d’abord avec Fresh, marketé comme une comédie horrifique.

Sur un scénario de Lauryn Kahn, la réalisatrice Mimi Cave s’offre les services du directeur de la photo d’Ari Aster, Pawel Pogorzelski, pour créer une ambiance aux tonalités carnassières et une esthétique mi-vintage mi-pop totalement dans l’air du temps. Bien loin de Grave, le film s’offre des plans références à Hannibal, notamment dans sa fascination pour la préparation de la viande et sa dégustation vécue comme une pratique de privilégiés, attachée à un certain rang social qui implique qu’on revête une tenue de gala pour savourer ses congénères. Mais c’est d’abord à The Voices qu’il fait fortement penser par ses scènes où le psychopathe découpe ses proies pour les conserver, ainsi que par sa collection de victimes féminines et sa tonalité humoristique bien barrée.

Dans le rôle du médecin cannibale, Sebastian Stan s’en donne à cœur joie, en particulier dans ses scènes solo où il peut laisser éclater la vitalité dérangeante de son personnage : en plein jogging sous un soleil éclatant, ou travaillant son déhanché en même temps que ses coups de tranchoir, ce type respirant la santé constituerait presque une publicité pour son régime alimentaire si particulier. Tour à tour charmeur, dominateur, inquiétant, séduit, manipulateur et manipulé, il tombe sur un os en la personne de Noa (Daisy Edgar-Jones) qui, sous ses airs de solitaire ébahie d’avoir ferré pareil prétendant, dispose de ressources insoupçonnées : une meilleure amie qui ne lâche rien (Jojo T.Gibbs) et un instinct de survie bien développé.

Après une longue entrée en matière (30 minutes pré-générique), aux faux airs de comédie romantique, le film bascule dans le genre horrifique avec sa dose d’angoisse jouant sur les peurs féminines et de gore où le plus sanglant n’est pas forcément ce qui soulève le cœur. Efficace en dépit de quelques longueurs, le long-métrage sait divertir grâce à une technique au service des révélations narratives et à ses comédien(ne)s qui se donnent à fond et nous offrent en particulier de très chouettes scènes dansées. Sur le fond, on aurait aimé que la critique sociale soit davantage affirmée. On perçoit une leçon contre les rencontres contemporaines rapides et la fréquentation des hommes en général, et une charge légère contre le capitalisme dominé par des hommes, pour leur plaisir, grâce à leur pouvoir, et au détriment des femmes sur tous les plans. Si l’entraide féminine apparaît comme la seule chance de survie, on ne peut pas dire que le film déploie vraiment la notion de sororité au-delà de l’amitié initiale. La fin, trop rapide, nous évite certes un deus ex machina mais tombe un peu à plat tant sur le fond que dans la forme, ce qui est bien dommage après les jolies propositions précédentes.

Sans être absolument marquant, Fresh fait passer un bon moment, oscillant entre rire et dégoût, avec en prime une playlist savoureuse.

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