« Les poteaux étaient carrés », une vie au bout du pied

couverture-livre-les-poteaux-etaient-carresNicolas Laroche, 13 ans et demi, n’a qu’une raison de vivre depuis le divorce de ses parents : « Lasse », autrement dit l’équipe de foot de Saint-Étienne, qui s’apprête à disputer la finale de la coupe d’Europe…

En découvrant le résumé du premier roman de Laurent Seyer sur le site de l’éditeur, j’ai tout de suite été intriguée, en dépit de mon aversion bien connue pour le foot (et le sport télévisuel en général).

Je pressentais quelque chose de profond et fort comme les tourments de l’adolescence dans ce livre, et je remercie mon nouveau partenaire Finitude d’avoir eu la gentillesse de me l’envoyer. Ce fut ma première lecture de la rentrée, choisie pour des raisons pragmatiques (à un moment où je cherchais un livre léger à transporter).

En 137 pages (on aurait presque voulu que le récit tienne en 90 pour que le parallèle soit parfait), découpé en chapitres aux titres évocateurs du monde du foot (« Coup d’envoi », « Une-deux »), le récit décrypte en détails le match Saint-Étienne/Bayern de 1976, ce qui pourrait avoir un côté rébarbatif pour le lecteur, si la description de la rencontre sportive n’était pas habilement mêlée à celle de la vie du narrateur, Nicolas, fils de divorcés. À travers le regard lucide de l’adolescent sont dépeints sans concessions le père mou et servile, la « fausse-mère » sexy mais bête, le demi-frère porcin et pénible façon Dudley Dursley. Et il y a la figure maternelle, dont on ne comprend pas trop ni pourquoi elle est partie ni pourquoi son fils n’a pas été autorisé à vivre avec elle. Fantomatique, elle hante les pages avec l’insoutenable poids des absents. Paradoxalement, lorsqu’elle est présente (notamment dans le passage en Écosse), elle semble ne prendre qu’une place secondaire dans la vie du jeune garçon, déjà obnubilé par sa passion pour le foot.

Entre passé et présent, Nicolas fait le point sur sa vie le temps d’un match qu’il a voulu décisif. Si l’ASSE gagne, il s’autorisera de nouveau à être heureux. Sinon ?…

Malheureusement, et c’est sans doute le seul reproche que je pourrais faire à ce roman bien mené, j’ai vu arriver la fin quasiment dès les premières pages, alors qu’elle se veut sans doute surprenante.

Il faut dire que j’ai été frappée par une impression marquante de déjà-lu. Extrêmement proche de Tomber, dans lequel un ado fils de divorcés suit avec passion la finale de Roland-Garros, le narrateur emprunte aussi un peu de Shell dans Ma Reine, en dépit d’une réflexion plus construite et plus adulte.

Un beau tir pour un premier essai, mais qui ne finit, à mes yeux, pas au fond du filet.

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