« L’Équipier », la course ou la vie

1998, le Tour de France démarre par trois étapes en Irlande. Pour Dom Chabrol, c’est sans doute le dernier tour. Le domestique est bien décidé à tout faire pour faire gagner son leader…

Movie Challenge 2022 : un film qui se passe dans le milieu sportif  

Cinéaste rare, dont la dernière incursion dans la fiction remontait à l’an 2000, le Britannique Kieron J. Walsh confesse volontiers ne pas être un grand fan de cyclisme avant ce projet. Ce qui l’a intéressé, c’est de montrer l’envers du décor, l’autre face d’un événement sportif populaire acclamé, dont l’irruption sur le sol irlandais avait causé beaucoup d’intérêt et de liesse de la part du public. Mais également de mettre en scène un personnage de sportif vieillissant qui n’a pas forcément songé à un plan B pour la suite de sa vie. Pour ce film, il était impératif de trouver le bon interprète, tant l’ensemble de l’intrigue repose sur les épaules de Dom Chabrol, ce type dévoué et déterminé, qui a tellement dédié sa vie à son sport qu’il n’est même plus capable d’envisager de quitter le tour pour aller enterrer son propre père. L’acteur belge Louis Talpe, connu pour ses rôles dans des programmes pour enfants, étant par ailleurs un cycliste chevronné habitué à concourir en Iron Man, se révèle le meilleur candidat pour pouvoir de façon crédible incarner un professionnel  de la petite reine.

Très proche de son personnage, la caméra nous fait partager ses entraînements, sa fatigue, ses crises d’angoisse, ses émotions qui souvent ne sont exprimées que par une crispation du visage, car l’homme est un taiseux qui refoule, au point que, comme son leader, c’est dans la nuit que la pression ressurgit sous la forme de cauchemars. Ceci constitue d’ailleurs des scènes particulièrement réussies dans le choix d’une colorimétrie différente et d’effets rendant compte de la distorsion de l’espace, du temps et du son qui peut apparaître dans les songes (par exemple lorsqu’on entend tous les bruits de manière décuplés tels que les grincements du vélo, ou lorsque l’arrivée semble s’éloigner du protagoniste).

L’intrigue, condensée en quelques jours, nous tient dans une tension permanente à mesure que les rebondissements viennent remettre en cause le devenir de Dom de jour en jour, voire de minute en minute. En tant que domestique, c’est-à-dire coureur destiné à ouvrir la voie pour le leader et l’aider à gagner des étapes, mais aussi en tant que coureur approchant des 39 ans est considéré dans le milieu comme fini, le personnage principal voit sa participation soumise aux aléas, et se trouve obligé de prouver sa valeur deux fois plus que ses coéquipiers, à la fois sur la piste mais aussi en dehors. L’introduction d’un personnage féminin (Tara Lee), étonnamment jeune pour son rôle médical, et moins utile pour introduire une romance que pour remettre en cause les fondements d’une vie tout entière dédiée à la gagne, dans laquelle plus rien ne compte d’autre que de soulever le trophée, ni famille, ni amis, ni santé. Le scénario n’est pas tendre avec le milieu du cyclisme, qu’il épingle évidemment pour ces problèmes de dopage notoires, mais aussi pour les rivalités intestines, le traitement des coureurs par leur équipe, les règlements absurdes par exemple au sujet de la tenue vestimentaire.

Prenant et terrible, interprété avec sobriété et intensité, L’Équipier est plutôt une bonne surprise bien qu’il reste relativement classique dans le genre du film de sport.

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