Quelque temps avant le départ de Maxime pour l’Australie, il est réuni avec son groupe d’amis pour une soirée durant laquelle la petite sœur d’un des garçons demande à Maxime et Matthias de s’embrasser pour le film qu’elle réalise…
Après l’adaptation de Jean-Luc Lagarce et un premier film réalisé en langue anglaise (Ma vie avec John F. Donovan), Dolan revient un cinéma plus proche de lui, et y retrouve la place de protagoniste à l’écran. Son Maxime, singularisé par une imposante tache de naissance au visage, s’inscrit dans la continuité de ses personnages de jeune homme en quête d’identité qui tente de s’arracher à une relation complexe et conflictuelle avec sa mère. Et comme de bien entendu, c’est Anne Dorval, sa complice récurrente, qui incarne cette femme aux troubles psychologiques qui nécessitent la présence et la tutelle financière de son garçon, avec lequel elle entretient des rapports oscillant entre volonté de lui faire plaisir et violence verbale voire physique.
Mais ici, cette situation familiale n’est pas le sujet principal du long-métrage, plutôt la circonstance qui permet d’expliquer le lien particulier créé de longue date entre le jeune homme et la famille de son ami d’enfance Matthias. Accueilli comme un fils par Jacqueline, la mère de son ami, Maxime se trouve également en situation de demander une lettre de recommandation au père de Matthias, dont il espère qu’elle l’aidera à trouver un emploi lors de son voyage en Australie.
Si le projet de la jeune Erika va rapidement rapprocher Maxime et Matthias, mettant le focus en particulier sur leur relation, dont la profondeur et l’évolution constituent le cœur émotionnel du film, Xavier Dolan a aussi voulu faire du récit un film plus largement sur l’amitié, un sentiment qu’il dit avoir redécouvert dans la seconde moitié de sa vingtaine. En effet, Maxime est avant son départ un jeune homme bien inséré au sein d’un groupe de copains qui ne rate jamais une occasion de s’amuser et de plaisanter. Il y a une forme de joie pure à être ensemble qui se traduit à l’écran par des scènes de groupe insistant sur l’énergie qui se dégage du rassemblement, par exemple lorsqu’ils s’enjaillent sur une chanson d’Amir à la radio ou dans la façon de filmer en accéléré la partie de Time’s up.
Bien qu’on retrouve une énergie propre au cinéaste, il faut quand même remarquer que son dernier film en date est beaucoup plus nuancé et en retenue que les précédents. C’est comme si Matthias et Maxime réutilisait de nombreux éléments déjà présents au cours de sa filmographie mais parvenait à une forme d’apaisement et de douceur dans leur traitement, y compris quand il s’agit d’évoquer le rapport douloureux avec une mère abusive ou la violence des normes hétérosexuelles et capitalistes (ces dernières étant brillamment incarnées par Harris Dickinson en collaborateur insupportable venu des États-Unis).
Avec Gabriel d’Almeida Freitas, Xavier Dolan compose un duo touchant dont le trouble passe par les regards et les tentatives d’évitement qui sonnent comme autant d’aveux tacites. L’humoriste réussit en particulier une grande prestation tout en finesse d’homme qui croyait, en faisant tout ce que la société attend de lui à tous les niveaux, pouvoir toucher du doigt un bonheur qui finalement lui échappe tant qu’il est dans le déni de ce qu’il éprouve réellement. La scène de la buanderie, à la mise en scène sublime aussi bien dans sa sensualité de près que dans sa mise en perspective avec la tempête du dehors, vaudrait à elle seule que l’on considère Matthias et Maxime comme le film le plus abouti de son réalisateur.
Qu’est ce que j’avais aimé ce film… je trouve moi aussi que c’est le meilleur de Xavier Dolan même s’il m’en reste encore quelques uns à voir.
J’adore les films de Xavier Dolan et je te rejoins totalement. Celui-là est magnifique et émouvant.