« T’as la ref ? », un film en cache plusieurs autres

De l’hommage au clin d’œil, en allant parfois jusqu’au plagiat, les cinéastes s’inspirent régulièrement d’œuvres préexistantes. Décryptage de références dans des films bien connus.

Avec sa chaîne au 43 000 abonnés, Mélanie Toubeau a su forger sa place dans le YouTube game. Sous le nom de La Manie du cinéma, cette passionnée de Méliès et de toutous nous a appris en vidéo aussi bien des infos sur les coulisses des films que sur le septième art de manière plus générale, en se penchant par exemple récemment sur la désaffection des salles et les moyens de faire revenir le public au cinéma. Elle adapte désormais en livre l’un des formats de sa chaîne « T’as la ref ? », qui consiste à analyser pour un film donné les références marquantes à d’autres œuvres qui y sont glissées.

On retrouve notamment dans l’ouvrage la plupart des films cités en vidéo parmi les 32 longs-métrages ou sagas analysés. Chaque œuvre a droit à plusieurs pages richement illustrées, avec un texte explicatif renvoyant à des plans en parallèle pour identifier les similitudes, et toujours une présentation des affiches des films cités en référence. Le texte va parfois expliciter l’origine de l’inspiration des cinéastes, livrer des anecdotes et s’intéresser à la transmission des motifs récurrents et aux œuvres que les films étudiés ont eux-mêmes inspirées.

Quatre chapitres plus transversaux permettent une initiation à des thématiques clés du 7e art, allant de la limite entre hommage et plagiat à la création des affiches du Festival de Cannes, en passant par les diverses aux occurrences du cri de Wilhelm au cinéma et l’origine de topoi et clichés. 

S’il peut se lire dans l’ordre, ce qui permet d’approfondir sa culture cinématographique mais aussi de repérer les films qui ont été des sources d’inspiration pour de nombreux cinéastes (par exemple Taxi Driver et Shining, chacun cités quatre fois), ou de créer un réseau mental de plans qui se font écho les uns aux autres, le beau livre peut aussi être picoré au gré de ses visionnages, comme incite la liste à cocher placée en fin de ouvrage, qui permet d’envisager celui-ci comme une gigantesque liste à voir. 

Rédigé en paragraphes courts entrecoupés d’intertitres et dans un style toujours clair, pédagogique sans être pédant, facilement accessible sans être imprécis, l’ouvrage peut être glissé entre toutes les mains car il balaye des références allant de films destinés à un jeune public à des grands classiques considérés comme incontournables, en passant par des œuvre majeures de la pop culture ou des films d’auteurs (voire d’autrices, comme Portrait de la jeune fille en feu) plus pointus.

S’il a manifestement nécessité un gros travail de visionnage et de documentation, le livre de Mélanie Toubeau conserve l’identité qui transparaît à travers ses vidéos :  un amour curieux du cinéma, ouvrant des portes sans forcer la main, la posant en accompagnatrice plus qu’en mentor, avec un enjouement qui se traduit ici par deux aspects plus ludiques. D’une part, un jeu sur les numéros de pages qui permet de caser quelques références supplémentaires à découvrir à la fin du livre, d’autre part, un genre de “où est Charlie” centré sur la mascotte de sa chaîne, un projecteur canin.

À la lecture, on a appris des choses en s’amusant et réveillé notre appétit pour la découverte d’œuvres cinématographiques variées et de toutes les époques. Finalement, ce travail sur les références pourrait se présenter comme une clé de réponse à la question de la recréation du désir de cinéma. 

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