Pauline doit épouser le capitaine de Neuville, mais celui-ci est appelé à la guerre avec son régiment. Voyant sa sœur dépérir en l’absence de nouvelles, Elisabeth commence à écrire de fausses lettres de Neuville, pris dans des aventures rocambolesques.
Laurent Tirard avait jusqu’ici à son actif plutôt des comédies familiales faciles (Le Petit Nicolas) et un biopic très raté (Molière), mais avant la sortie de l’adaptation très attendue du Discours de Fabcaro, petit détour par Le retour du héros, le mieux considéré de sa filmographie à ce jour.
Première bonne surprise dès le début du film : son rythme très enlevé. Tout va vite, on passe d’une scène à une autre selon un montage serré, et la voix off d’Elisabeth (Mélanie Laurent) permet de conter rapidement les étapes du début de l’histoire pour ne pas s’appesantir. C’est très agréable car on n’a pas du tout le temps de s’ennuyer, et on se sent pris dans une sorte de tourbillon, de maison de famille en robes empire magnifiques, en passant par des répliques bien senties. Le film est une vraie comédie, en dépit de la reconstitution soignée de l’époque qui aurait pu augurer d’une œuvre plus sérieuse. Le parti-pris est de faire surjouer les acteurs/trices pour en faire des caricatures (les parents obsédés par la reconnaissance sociale, la jeune fille qui ne rêve que d’épouser un bon parti, le voisin timide qui bafouille et se laisse dicter sa conduite…). Le casting, trié sur le volet, s’en donne à cœur joie, et on peut en particulier être étonné(e) par la prestation de Noémie Merlant en jeune fille qui cache sous une apparente modestie un appétit sexuel aiguisé. En dépit de leur manque de ressemblance, les deux sœurs offrent aux actrices l’occasion de révéler des talents comiques assez insoupçonnés qui font mouche.
Les personnages masculins sont un peu moins marquants : Christophe Montenez fait le jeune premier bêta comme il l’a déjà fait à la Comédie-Française, toujours avec une diction un peu étrange, et Jean Dujardin fait du Jean Dujardin, c’est-à-dire le type insupportable qu’on a envie de gifler toutes les deux minutes, mais comme ici c’est parfaitement ce que doit susciter son personnage, puisqu’on adopte le point de vue d’Elisabeth qui ne le supporte pas et est la seule à l’avoir percé à jour, cela tombe très bien.
Le personnage d’Elisabeth peut être vu comme un pastiche des héroïnes de la littérature anglaise, quelque part entre une Elizabeth Bennet et une Jo March, empruntant à l’une sa méfiance vis-à-vis des hommes, même ceux que tout son entourage adule, et du mariage, et à l’autre ses capacités imaginatives mises au service du bonheur familial.
C’est sans doute pour ça que le film, qui charme au début, se perd un peu à partir du moment où Elisabeth passe pour une folle. Autant sa façon de tenir tête à Neuville était mordante, autant l’arc narratif qui consiste à lui faire insuffler à l’homme un peu de courage, en échange duquel il lui transmet de sa malignité, convainc moins, semblant assez peu cohérent avec la construction psychologique des personnages. En termes de divertissement toutefois, le film tient à peu près jusqu’au bout ses promesses de rire et d’énergie. Un progrès donc, qui ne laissait toutefois pas augurer la pleine et complète réussite du Discours !
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