« La légende de Beowulf », l’épique qui fait flop

Le roi viking Hrothgar inaugure en grande pompe une nouvelle salle des fêtes, mais au cours des festivités surgit un démon, Grendel, qui massacre des participant(e)s. Le roi condamne la salle et cherche un héros pour le débarrasser de Grendel. Beowulf se présente…

Le poème anglo-saxon Beowulf, transmis via une tradition orale jusqu’à sa retranscription écrite quelque part entre le VIIet le IXsiècles, a déjà inspiré plusieurs adaptations, littéraires, cinématographiques ou télévisuelles. Mais il plaît beaucoup à Neil Gaiman et Roger Avary qui décident d’en tirer un nouveau scénario. Avec de tels scénaristes, on aurait pu s’attendre à quelque chose de vraiment intéressant. Zemeckis est d’ailleurs charmé par le scénario – alors que le poème épique ne l’intéressait pas spécialement – et propose d’y travailler avec son studio d’animation ImageMovers, avec lequel il vient de porter à l’écran Le Pôle express avec sa nouvelle méthode de performance capture.

Après quelques péripéties, Zemeckis obtient la réalisation du projet, et fait réécrire quelques scènes pour accentuer la dimension épique, en particulier dans les combats. Il souhaite que le résultat soit moins bavard et plus visuel, en bon spécialiste des trouvailles techniques qui font leur effet à l’image.

Malheureusement, des combats pas trop mal chorégraphiés, en particulier avec un dragon sur la fin du long-métrage, ne suffisent pas à donner à celui-ci un vrai souffle. Car avant d’en arriver là, il faut en passer par un déroulé suscitant l’ennui dès l’introduction. La mise en place est laborieuse, les personnages sans aucune profondeur, caricaturaux au possible, et tombant dans tous les clichés : le vieux roi mené par ses instincts, la jeune femme qui rêve d’un héros à aimer, le démon qui est méchant parce qu’il souffre, le héros qui en rajoute sur son CV… De ce fait, tous et toutes sont assez antipathiques et leur devenir nous importe peu. On remarque au passage un traitement bien sexiste, avec des hommes gouvernés par leur désir sexuel et une divinité féminine qui use de ses charmes pour se faire engrosser.

Esthétiquement, on note un vrai travail sur les décors et les objets, à l’instar de la corne dorée. Zemeckis retrouve son goût pour les reflets à travers des surfaces brillantes comme un bouclier où se projette l’image de la reine. Le mouvement est bien rendu, les combats dynamiques et les angles de vue bien trouvés. On est de ce point de vue dans la même veine que dans Le Pôle express, avec une bonne capacité à retranscrire l’action mais quelque chose qui peine tout de même à emporter l’adhésion. La magie de Noël en moins, difficile de passer outre le design toujours assez laid des personnages en animation ultra-réaliste. Certains passent mieux que d’autres, par exemple Wiglaf, caché sous sa barbe et sa chevelure.

Mal servis par le texte et l’écriture des personnages, les interprètes en performance capture n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. C’en est même gênant de se dire qu’on a fait appel à des talents comme Anthony Hopkins ou John Malkovitch pour des rôles si peu consistants. Quant à Angelina Jolie, elle ne sert qu’à prêter sa voix et les traits de son visage à la déesse dont les courbes sont censées affoler les hommes, l’aspect de plastique doré ne produisant sur les spectateurs/trices aucun trouble.

On a beau chercher, rien dans ce Beowulf ne vient relever l’intérêt, ni dans le fond ni dans la forme, et l’on est clairement face au seul vrai raté total de la filmographie de Zemeckis.

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