Ebenezer Scrooge, vieil avare craint et détesté de toute la ville, refuse de dîner avec la famille de son neveu pour Noël et de faire un don pour les nécessiteux. En rentrant chez lui seul le soir, il est confronté au fantôme de son associé, mort 7 ans plus tôt…
Toujours dans sa lignée de films d’animation, Robert Zemeckis s’associe à la force de frappe de Disney pour une nouvelle adaptation à 200 millions de dollars du classique de Dickens A Christmas Carol, déjà porté environ 75 fois à l’écran. Comment faire du neuf avec un matériau si connu et autant travaillé par ses prédécesseurs ?
Zemeckis écrit lui-même le scénario de son film, et s’appuie sur sa société de performance capture, avec laquelle il a collaboré depuis Le Pôle express pour produire des personnages animés qui reproduisent fidèlement les mouvements et expressions du casting. Après Tom Hanks, c’est cette fois Jim Carrey auquel il offre une partition de premier choix puisque l’acteur se retrouve interprète de nombreux personnages, à commencer par Scrooge lui-même mais aussi les trois fantômes qui viennent successivement le tourmenter pendant la nuit. Gary Oldman, Robin Wright et Colin Firth viennent compléter le casting qui s’est apparemment bien amusé à l’exercice particulier du jeu devant un fond vert, que Jim Carrey rapproche de la pratique théâtrale. Son Scrooge, inspiré d’une des plus anciennes interprétations du personnage, dispose d’un faciès grimaçant qui permet selon les conventions de l’animation de l’identifier directement comme « méchant » et d’un accent roulant les r qui permet de l’identifier vocalement par rapport aux autres personnages. Antipathique au possible, comme de bien entendu, le personnage est toutefois plus ridicule qu’effrayant, notamment dès qu’il se retrouve face aux spectres.
Sur le fond, de ce conte plein de fantômes qui pousse un homme à s’interroger sur le temps qui passe et sa probable fin dans la solitude après une vie tournée vers l’égoïsme et la radinerie, Zemeckis fait ce qu’il préfère : une sorte de voyage dans le temps, avec un procédé moins matériel que la Delorean bricolée du Doc. C’est par l’esprit que Scrooge plonge dans les Noëls de sa vie, de son enfance à son futur en passant par le jour présent mais vu par le biais de son entourage. Pour Zemeckis, c’est l’occasion de se faire plaisir en termes d’effets pour matérialiser le passage du temps et le saut d’une époque à l’autre, avec toute la liberté permise par l’animation, qui n’impose aucune limite. Pourtant, si tout ce voyage temporel est dynamique, mouvementé et ponctué de la bande-son d’Alan Silvestri, on comprend très vite le procédé et l’impact que les fantômes souhaitent avoir sur Scrooge avec ce défilement des années en accéléré (pour peu qu’on n’ait pas déjà eu l’histoire en tête en démarrant le visionnage). Si le début est relativement lent à se mettre en place, nous promenant dans les rues jusqu’au bureau de Scrooge, ce à quoi la fin du film fait écho de façon symétrique, c’est finalement dans ses extrémités que le long-métrage est le plus convaincant, toute la partie centrale noyant les performances de jeu et le sens sous le grand spectacle. Décidément, à l’issue de ces trois films, on peut le dire : l’inventivité de Zemeckis est mieux mise à profit dans le cadre des contraintes du live action que dans l’animation.
Votre commentaire