La nuit de Noël, un enfant entend un train à sa fenêtre. C’est le Polar Express, dont le contrôleur le convainc de monter à bord, direction le Pôle Nord où le Père Noël s’apprête à débuter sa tournée…
Après Seul au monde, Robert Zemeckis retrouve Tom Hanks et le scénariste William Broyles Jr pour un nouveau projet d’envergure. Cette fois, il s’agit d’adapter le roman de Chris Van Allsburg aux allures de conte de Noël, que Robert et Tom ont l’habitude de lire à leurs progénitures pendant les fêtes.
Il y a dans cette histoire tout ce qu’on peut attendre d’un film de Noël : le bon vieux Santa, son traîneau, ses rennes, des cadeaux, une (énorme) hotte, un grand sapin avec son étoile, et de la neige à foison. Mais tout cela se mérite, et n’est atteint qu’après un trajet en train légèrement mouvementé qui fera passer toute galère de la SNCF pour une peccadille.
Sur le fond, c’est plutôt très mignon, parfait pour les enfants dans la tranche d’âge des questionnements sur l’existence du papy tout de rouge vêtu. On suit un petit garçon lambda (auquel Tom Hanks prête sa voix, comme à… pas moins de 5 autres personnages masculins de l’histoire) auquel il est d’autant plus aisé de s’identifier qu’on ne sait rien de lui, pas même son prénom. Ce gamin, c’est l’incarnation de l’enfance qui doute mais qui aimerait bien croire encore un peu en la magie.
Ce qu’on peut regretter, c’est la technique d’animation employée pour raconter cette histoire. Certes, la performance capture a des avantages, notamment celui de rendre les personnages extrêmement mobiles, et très expressifs. C’est d’ailleurs assez génial de les voir se contorsionner pour attraper un objet ou faire des mimiques. Mais le revers, c’est d’avoir voulu rendre le character design ultra réaliste. Pourquoi ne pas faire monter de vrais enfants dans un wagon en dur, à ce train-là ? L’intérêt de l’animation 3D, c’est de pouvoir créer des personnages stylisés, même légèrement, ce qui leur donne du tempérament, du relief (par exemple le profil Disney grands yeux-nez retroussé-petite bouche qu’on retrouve chez les figures de princesse récentes comme Raiponce ou Elsa). Les enfants du Pôle Express ont l’air vieilli avant l’heure, ils ont quelque chose de trop détaillé qui les rend fades et moches. Le contrôleur est à peine mieux, l’étrange voyageur du toit bénéficie des ombres qui lui donnent un peu de relief, mais globalement, l’esthétique des décors est infiniment plus réussie que celle des personnages, qui ont un air de cinématique de jeu vidéo du début des années 2000.
C’est d’autant plus agaçant que la mise en scène est folle, avec une caméra virevoltante, un vrai sens du rythme, des cadrages précis, des effets de textures soignés (la neige, le brouillard, le feu…). Il y a dans le film de vrais morceaux de bravoure, comme la chanson du chocolat chaud « We got it » qui a de quoi mettre en joie les plus récalcitrants à l’esprit de Noël. On apprécie aussi le dédale de la ville et l’usage des standards musicaux des fêtes tels que Santa Klaus is coming to town.
Zemeckis retrouve avec la question de la croyance dans le Père Noël, au cœur du récit, un thème qui lui devient cher à cette période de sa filmographie, celui de la foi (« I believe »). Ici pas de Dieu mentionné mais son avatar à barbe blanche, qui lui aussi pointe le bout de son nez le 25 décembre. Un divertissement efficace qui peut permettre de passer un bon moment en famille, mais qui aurait gagné à une direction artistique moins réaliste et plus inventive dans les personnages.
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