« Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates »/« de Guernesey » : des lettres à l’écran

L’écrivaine Juliet Ashton, en tournée pour présenter son recueil de chroniques de la Seconde Guerre mondiale, reçoit une lettre d’un lecteur de Guernesey qui évoque le cercle littéraire local. Curieuse, Juliet entame une correspondance avec les membres du cercle…

Je n’avais évidemment pas pu passer totalement à côté de l’engouement populaire pour le roman de Mary Anne Shaffer et Annie Barrows, mais comme j’étais en prépa quand il est sorti, j’ai longtemps reporté sa lecture. Jusqu’à ce qu’on me parle de l’adaptation cinématographique l’année dernière, et que je me décide à lire le livre avant de voir le film.

Un peu rebutée au départ par la forme entièrement épistolaire du récit (façon Liaisons dangereuses), j’ai finalement assez vite trouvé un rythme de croisière dans ma lecture à partir du moment où j’ai commencé à identifier les différents protagonistes. Et il y en a beaucoup ! D’une part, on suit Juliet Ashton en Angleterre, avec son entourage (son éditeur, l’assistante et les secrétaires successives de celui-ci, sa meilleure amie qui est aussi la sœur de son éditeur, son prétendant américain et quelques personnages secondaires), d’autre part on découvre petit à petit de multiples habitant(e)s de Guernesey (les membres principaux du Cercle, quelques membres occasionnels ainsi que leur ennemie jurée), auxquels viendront encore se greffer quelques autres personnages au cours de l’intrigue ponctuée de rebondissements. Mary Ann Shaffer a accompli un remarquable travail documentaire sur les conditions de vie à Guernesey pendant l’Occupation. À l’écran, ce souci de la précision et du réalisme se traduit par des décors et des costumes très soignés ainsi que quelques flashbacks de la Seconde Guerre mondiale sur l’île et à Londres.

L’intrigue est assez hybride entre un roman du terroir pendant la guerre, avec des histoires de famille, de liaison avec l’ennemi, de dénonciation, de revanche, et une romance inspirée par les récits britanniques classiques eux-mêmes cités dans le livre (des sœurs Brontë ou de Jane Austen en particulier) qui met Juliet face à un choix entre un riche Américain sûr de lui et un éleveur modeste et taciturne.

L’adaptation de Mike Newell est aussi pleine de vie que le roman, avec des personnages hauts en couleur (mention spéciale pour Katherine Parkinson en Isola Pribby, dont la spontanéité et le goût des décoctions en tout genre en font la caution comique de l’histoire). J’ai apprécié les choix de casting pour la plupart, même si les personnages n’ont pas tout à fait le même tempérament que dans le livre (Juliet incarnée par Lily James est moins fantasque mais aussi plus impolie, Dawsey nettement moins réservé, Amelia peu amène et plus geignarde). J’ai bien conscience que le grand nombre de personnages et d’intrigues enchevêtrées impliquait une réduction drastique pour tenir dans la durée d’un film, mais j’ai regretté de voir Eben, Will et Jack mêlés en un seul homme, ainsi que la disparition de Sophie et de toute la partie de l’intrigue autour d’Oscar Wilde qui apportait une légèreté bienvenue. Au final, bien que plaisant et rythmé, le film m’a semblé à la fois moins émouvant et moins drôle que le roman, lequel avait déjà un peu bâclé sa fin, mais avait le mérite de nous offrir une scène cocasse (Dawsey tombant d’un escabeau).

Si on peut regretter qu’il n’ait pas vraiment été tourné à Guernesey, le film offre tout de même des plans magnifiques sur la campagne et les côtes anglaises, de quoi donner envie de partir en voyage (et bien sûr d’écrire ses découvertes dans une correspondance fournie avec qui vous voudrez).

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3 commentaires sur “« Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates »/« de Guernesey » : des lettres à l’écran

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  1. Même impression pour l’adaptation en film. Ça faisait un bail que j’avais lu le bouquin, mais j’ai eu la sensation d’avoir été floué sur certaines intrigues secondaires qui faisaient le sel du récit. Après, dur d’adapter un format épistolaire en long-métrage… C’était un sacré challenge et le résultat se regarde plutôt bien, même de l’avis de ceux qui n’avaient pas lu le livre avant.

    1. Oui, ça se regarde sans doute même mieux quand on ne connaît pas le livre. Je pense que ça aurait été sympa de faire un format mini-série pour adapter plus précisément.

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