Au cours d’un enterrement de vie de garçon, Danny se retrouve le temps d’une farce à négocier un contrat avec un groupe de pêcheurs locaux qui interprètent des chants de marins traditionnels. Séduit tant par la fille d’un des chanteurs que par leur musique, il décide de leur faire enregistrer un album…
C’est le genre d’histoire feel good « tirée de faits réels » qui fait les belles heures des dimanches après-midis télévisuels : les Fisherman’s friends, groupe amateur habitué depuis 1995 à chanter dans les ports pour récolter de l’argent pour des œuvres de charité, ont tapé dans l’œil d’un manager, Ian Brown, qui a lancé leur carrière. La productrice Meg Leonard tombe sur leur première apparition à la télévision et flaire le bon matériau. Elle co-signe le scénario de l’adaptation de cette histoire avec Piers Ashworth, dont le travail le plus notable à ce jour est une collaboration à la série Sherlock. Étonnamment, alors que le produit a tout du téléfilm (voire du téléfilm de Noël dans sa construction, les décorations hivernales en moins), il s’est frayé un chemin jusqu’au grand écran.
Il ne faut rien attendre cinématographiquement en allant découvrir Fisherman’s friends, qui ne propose aucune originalité visuelle, n’est jamais très inspiré en termes de réalisation, voire prend totalement l’eau en tentant un genre de cascade en mer. Côté scénario, on évite également de chercher de l’originalité, l’intrigue déroulant le parcours du groupe musical à grands renforts de clichés : la jolie fille du coin qui tape dans l’œil du Londonien pur jus, le capitaliste de base qui se découvre des valeurs au contact des villageois habitués à la fraternité, les difficultés qui finissent par se résoudre les unes après les autres. Dans l’écriture, on est extrêmement proche de The Singing Club, avec son lot de départs en car pour récolter ses premiers cachets, son passage télévisuel, ses drames personnels qui viennent rapprocher les individus. À l’image, l’ambiance rappelle plutôt Le Cercle littéraire de Guernesey, Lily James avantageusement remplacée par Tuppence Middleton, trop rare depuis Sense8. On peut d’ailleurs regretter que le long-métrage n’offre pas davantage au personnage d’Alwyn que l’occasion de quelques répliques bien senties envers les « envahisseurs » de la capitale, avant de l’enfermer dans une romance prévisible en dépit du caractère solide que le début semblait lui prêter. Pas grand-chose à dire en face de la prestation de Daniel Mays, qui se démène pour faire croire que son personnage a pu se trouver un cœur soudainement.
Toutefois, on ne peut pas dire qu’on passe un mauvais moment devant cette bluette musicale. Si les vrais membres du groupe ne font que des caméos dans le film, celui-ci réussit à reconstituer l’esprit des Fisherman’s friends avec un casting soigné, associant notamment David Hayman, Dave Johns (le protagoniste de I, Daniel Blake) et James Purefoy (comme quoi, avoir incarné un empereur de Rome, ça mène à tout). Le groupe réussit à faire croire à ses liens et à son amour de la mer, bien que l’intrigue traite le sujet de l’Histoire de Cornouailles et des chants de marins un peu trop comme un guide touristique appliqué. Incontestablement, le plus plaisant dans l’affaire, ce sont les passages chantés, l’union des voix déclenchant un sentiment réconfortant qui s’épanouit pleinement dans la scène du bar, certes très facile mais qui fonctionne.
Sans prétention, ce petit film un peu faible pour le grand écran aura tout de même de quoi apporter un plaisir simple et musical. On se demande quand même à quoi ressemblera le deuxième volet déjà envisagé. Car dans la réalité, après leurs débuts glorieux, le groupe a connu un accident dramatique ayant tué deux des membres de son équipe, un passage qu’on imagine mal à l’écran dans ce type de métrage léger.
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