« Calme et tranquille » : portrait de femme en deuil(s)

affiche-film-calme-et-tranquilleValérie est en voyage à Istanbul quand elle apprend le suicide de sa grand-mère. Elle tente de s’en remettre en se plongeant dans le travail aux côtés de l’équipe de Charlie Hebdo

Je n’avais jamais entendu parler de ce livre jusqu’à ce qu’il me soit proposé dans le cadre de mon test des services de la Kube, la box littéraire. Margaux, la libraire qui s’était occupée de mon cas compliqué, m’avait proposé ce titre après plusieurs que j’avais déjà lus.

Je ne connaissais pas du tout l’autrice, pourtant primée pour son deuxième roman Le Sillon, et quand j’ai lu « irruption brutale de la violence dans la vie d’une jeune femme » dans le résumé, j’ai instinctivement supposé qu’il s’agissait de violence conjugale. Mais non. En tout cas ce n’est pas le sujet premier du texte.

Il m’aurait suffi de peu de recherches pour comprendre ce que j’ai fini par saisir. La violence, dans le texte, c’est avant tout la mort des proches. D’abord la grand-mère suicidée qui perturbe sa petite-fille, qui tente de capter l’émotion des derniers instants de son aïeule et va chercher les raisons de son geste dans son programme télé. Déjà à ce stade du récit, j’avais remarqué qu’il ne s’agissait pas d’un roman comme je le croyais mais bien d’un témoignage, d’un récit autobiographique. Je ne suis pas toujours très à l’aise avec ce type de livre, je préfère largement la fiction au réel, et les personnages aux personnes qui me touchent souvent moins. Ici pourtant j’ai continué ma lecture sans trop peiner, même si j’ai fini par comprendre de quoi il était réellement question lorsque l’autrice détaille son quotidien et évoque son travail… à Charlie Hebdo.

Avec une certaine pudeur qui n’est pourtant pas exempte de détails, Valérie Manteau revient sur l’épisode tragique que l’on connaît tous des attentats de 2015. Après le décès de sa grand-mère, la perte de ses collègues et amis dans ces circonstances brutales la plonge dans des abîmes. Le texte devient de plus en plus sombre, couleur de désespoir, voire d’auto-destruction. Pourtant, même au pire moment, elle trouve la force d’habiller ses sentiments de références littéraires qui agacent tant son psy et de souvenirs rieurs comme un hommage aux disparus.

Et puis il faut finalement partir pour tenter de surmonter le chagrin et d’enfin, se mettre à faire ce que tous et toutes lui conseillent depuis longtemps : écrire. Les lignes sur Istanbul sont jolies, on en aurait voulu davantage, même si la ville devient peu à peu surtout le théâtre de la relation avec « l’amant ». Ce rapport mêlé de violence m’a déstabilisée sur la fin de ma lecture, et m’a semblé plus proche d’une nouvelle tentative auto-destructrice (telle la scène du punk) que d’un début de guérison.

Si je reconnais des qualités narratives et littéraires au texte, je dois admettre que ce n’est sans doute pas vraiment ce que j’avais envie de lire sur le fond, trop personnel, trop réel, laissant à mes yeux très peu de place aux lecteurs/trices pour exister dans l’histoire.

2 commentaires sur “« Calme et tranquille » : portrait de femme en deuil(s)

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  1. Lu très récemment Avant que j’oublie d’Anne Pauly également sur le deuil (son père avec des relations difficiles) un ton juste, parfois de la dérision sur l’organisation des obsèques. Je te le recommande mais pas à la suite…… Il faut souffler un peu car ce sont des thèmes qui nous plonge dans des sentiments très forts 🙂

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