« Ce qui nous sépare » : « la banlieue c’est morose »

couverture-livre-ce-qui-nous-separeMarie, Chérif, Alain, Franck, Laura, Cigarette, Liad, tous empruntent le RER une fin de journée comme une autre. Ils s’observent et ignorent que tout ne les sépare pas tant que ça…

 J’ai fait une pause entre deux livraisons du #PMR18, et j’en ai profité pour aller piocher dans ma PAL (ne me demandez pas combien de livres elle contient, je l’ignore moi-même !). J’en ai extrait ce petit roman qui m’avait très fortement tenté à sa sortie, et dont je me souviens d’avoir lu une critique très élogieuse dans le cadre des 68 premières fois.

J’ai beaucoup aimé l’idée de ce premier roman, qui fait se croiser dans une rame de RER toute une galerie de personnages aux profils et origines variés. J’ai trouvé le lien entre eux tous finement amené, le passage d’un point de vue à l’autre, d’une vie à l’autre, toujours subtil et réalisé de façon à la fois à ne pas briser le fil du récit et à ne pas perdre le lecteur. C’est d’ailleurs assez impressionnant de maîtrise pour un premier livre, car les huit personnages ne se confondent jamais et chaque fil narratif est cohérent en soi et dans son tressage avec les autres.

Mais ce n’est pas seulement un récit bien exécuté que ce livre, c’est aussi, surtout, un roman extrêmement sensible qui rend chacun de ses protagonistes attachant au fur et à mesure que nous sont livrés des éclats de leur passé et l’intimité de leurs pensées. Au-delà du RER, leurs trajectoires nous entraînent dans des logements de banlieue, certes, mais aussi dans une maison du sud de la France et une propriété surnommée « le Phare », dans un train pour Saint-Nazaire et une chambre d’hôpital, et jusque dans les rues ensablées d’Israël.

J’ai aimé voyagé avec eux tous, selon une gracieuse mise en abyme car c’est dans un métro et un train que j’ai dévoré ce récit. Cependant je dois tout de même mettre en garde les éventuels lecteurs : ce livre est tout sauf une lecture riante.

Car en effet, si les huit personnages ont bien quelque chose en commun, ce sont leurs fêlures. Il y a parfois de la lumière dans ce texte, en particulier dans les yeux de Liad qui découvre la ville dont son père avant lui a rêvé, mais il y a surtout beaucoup d’ombre et de douleur. De l’angoisse, de la souffrance physique et morale, des drames impossibles à oublier, des secrets inavouables sur le point d’éclater, un quotidien qui sape peu à peu le moral jusqu’à faire songer au pire. La vie n’est pas rose pour les usagers du RER, et le lecteur qui s’y est attaché ne pourra que ressortir démoralisé de cette lecture. À ne pas entamer un soir de déprime, donc.

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