« La petite échappée » mais pas en solitaire

lapetiteéchappéeMagali, 15 ans, n’ose pas demander les horaires du train pour Nevers. Elle monte alors dans le premier wagon qui se présente et, au lieu de passer ses vacances chez ses grands-parents, s’embarque pour un voyage plein de surprises et de rencontres improbables…

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce livre de Macha Lemière. J’ai craint au début que ce premier roman suivant une adolescente timide ne soit un peu trop enfantin à mon goût. En fait, je me suis laissé embarquer dans ce voyage peu ordinaire dès la première phrase : « Ma timidité m’a longtemps mise dans des situations difficiles, comme le jour où ma mère m’a envoyée acheter une salade et que j’ai ramené un chou frisé, émue par sa ressemblance avec une enveloppe à bulles. »

Si je cherche encore la ressemblance en question, cela m’a fait suffisamment sourire pour me pousser à continuer ma lecture. Une expérience qui s’est révélée très agréable et ponctuée de rires générés par les scènes cocasses qui émaillent le voyage de Magali, et par des dialogues aux petits oignons. En effet, la jeune fille toute timide du départ se retrouve affublée de deux acolytes qui la poussent dans ses retranchements : Claire, une jeune femme bien dans ses baskets rencontrée dans le train, et Victor, le petit frère de celle-ci, jamais à court de pensées hautement philosophiques du style : « Quand les gens sont morts, ça veut dire que c’est la mode. » ou « Les gens, ils n’aiment pas les pommes, mais les gens, ils aiment les pommes. »

Vous l’aurez compris, mieux vaut ne pas avoir de problèmes avec l’humour absurde et le rocambolesque pour suivre l’aventure de Magali et de ses petits camarades. Car de Tours à Saint-Nizier-du-Moucherotte en passant par Saumur, Nantes ou Noirmoutier, les aventures s’enchaînent sans égard pour la crédibilité. Peu importe : on s’attache à la jeune héroïne persuadée qu’aucun homme ne s’intéressera jamais à elle, et fascinée par les oracles dégottés dans un livre censé prédire son avenir. Un peu paumée, un peu toquée, Magali peut finalement nous rappeler à tous notre adolescence, ce moment de flou où les certitudes vacillent.

Au fur et à mesure qu’elle s’approche du but qu’elle s’est fixée, retrouver un amour d’enfance dans son ancien village, on en apprend davantage sur sa famille et l’on découvre que, derrière le rire présent tout au long du livre, la situation n’est pas rose. Une once de gravité bienvenue vers la fin du récit afin d’accentuer les contrastes, d’éviter de sombrer dans le feel-good, et de donner plus de valeur à cette petite échappée pas si insignifiante dans la vie de la jeune fille.

Même sa mère, personnage antipathique au possible, comprend que cette expédition a profondément transformé Magali, pour le meilleur. Comme le dit le dicton, « les voyages forment la jeunesse » ! Très enlevé et facile à lire (malgré le grand nombre de personnages qu’on risque de confondre par moments), ce récit sympathique pourrait plaire aussi bien aux ados qu’aux adultes. Et, qui sait, leur permettre de mieux se comprendre…

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