Après deux années caractérisées par un faible nombre de lectures de l’année en cours, 2022 est l’occasion d’une remontée avec 33 ouvrages lus parus cette année. Voici les dix qui m’ont particulièrement marquée.
10. Les méduses n’ont pas d’oreilles
Centré sur une expérience personnelle sans être un témoignage autobiographique, le roman d’Adèle Rosenfeld interroge sur la prise en charge, le traitement, l’inclusion mais aussi la perception des personnes en situation de handicap, et en particulier sourdes ou malentendantes. Le fantastique travail de la langue parvient à nous plonger en immersion dans le quotidien de Louise à mesure que son ouïe s’amenuise.
9. 19h59
On l’a connu réalisateur du documentaire Un pays qui se tient sage, David Dufresne se faire romancier en osant le pamphlet électoral paru juste avant le premier tour des présidentielles. Un ouvrage haletant et analytique sur les rouages du pouvoir et des médias et la montée d’une extrême-droite toujours plus puissantes. Clairement le titre le plus effrayant de l’année par son réalisme.
De la littérature de genre, vous ne rêvez pas ! Louise Roullier nous entraîne dans un futur lointain à tendance médiévale où l’apprentie magicienne Lidia se met en tête d’acquérir le pouvoir de réécrire le passé pour sauver sa famille. Au-delà de l’aventure prenante et tenue sur près de 500 pages, le récit très maîtrisée est l’occasion d’une réflexion sur le pouvoir, la loyauté et la responsabilité. On adore l’idée du pouvoir des mots et sa transcription typographique !
En passant de l’écran à l’écrit, le cinéaste Lucas Belvaux s’autorise une plongée dans la noirceur au-delà de ses réflexions socio-politiques habituelles. Mis à part la cruauté de l’idée de chasse à l’homme, qui nous laisse en alerte avec un suspense efficace jusqu’au bout, le récit est celui d’une étonnante redécouverte de la vie simple et des plaisirs naturels et familiaux. Le réalisateur dévoile de belles qualités stylistiques et donne envie d’en lire davantage.
6. Les liens sacrés du mariage
Dans un classement où plusieurs professionnel(le)s s’essaient au roman, Franck Courtès, au contraire, revient à ses premières amours littéraires avec un recueil de nouvelles. Celui dont on avait découvert la plume avec Autorisation de pratiquer la course à pied impose à nouveau ses qualités de concision et sa maîtrise de la tranche de vie de l’événement qui fait tout basculer, tout en proposant une vision fine des aléas de la conjugalité.
5. Pas ce soir
Après la violence conjugale psychologique et les difficultés de la maternité dépeintes pas un prisme de personnages féminins, Amélie Cordonnier se lance dans un nouveau défi en donnant voix à un personnage d’homme confronté à la perte de désir de son épouse en pleine ménopause. Si le protagoniste agace, le texte bouscule dans sa capacité à entrer en empathie et à tenter de comprendre plutôt que de juger. Un brillant exercice d’expérience de pensée.
Sans tout à fait se reconnaître dans le genre de l’essai, Alice Zeniter partage une réflexion sur la place du féminin en littérature, aussi bien d’un point de vue de lectrice que d’autrice. Le texte est d’autant plus passionnant qu’il s’autorise des digressions et des exemples, et fonctionne comme un élixir de motivation pour toutes les femmes qui souhaiteraient mettre à mal le cliché de la figure de l’auteur homme, viril et aventurier.
On entame le podium avec un habitué des tops littéraires du blog : Arnaud Dudek a changé d’éditeur mais il n’a rien perdu de ses capacités à nous émouvoir. Toujours au plus proche des pensées et des sentiments de ses personnages si humains et attachants par leurs failles et leur détermination à vivre malgré tout, il nous entraîne cette fois dans le milieu du sport-étude et la fabrique des futurs grands champions, avec ce que cela comporte d’ambition, d’espoirs, mais aussi de compétition et des sacrifices.
Encore une personnalité de cinéma venue à la littérature ! Isabelle Carré n’en est pas à son coup d’essai mais propose cette année un coup de maître. Brouillant les pistes, ce texte double rend gloire aux capacités d’imagination, à la fois celle de son personnage de fiction qui choisit une nouvelle identité pour entamer une nouvelle vie sur un coup de tête, mais aussi les siennes propres qu’elle déploie pendant le confinement et une crise personnelle, trouvant dans l’écriture un ressort et une consolation. C’est à la fois addictif et profond, un vrai grand texte qui interroge le pouvoir de la création.
Dans la laideur de la guerre, Gilles Marchand a le don pour faire naître le beau et douloureux poème des jeunesses fauchées en plein vol. Son narrateur enquêteur, incapable de reprendre le cours de sa vie, se dévoue à la recherche des soldats disparus, et s’enflamme pour la passion interdite qui unissait le jeune homme dont il tente de retrouver la trace et une jeune alsacienne. À la fois épique et intime, onirique et réaliste, ce récit aussi lumineux que déchirant porte un potentiel émotionnel universel qu’on rêve de voir adapté au cinéma.
Et vous, quelles lectures vous ont marqué(e) en 2022 ?
Je n’en ai lu aucun mais Grain de sable pourrait me plaire 🙂
Il est super !
Des thématiques intéressantes !
Je note Grain de sable qui me tente particulièrement et le Gilles Marchand qui est un auteur que j’aimerais découvrir davantage !