Chéries-Chéris 2022 – Les premiers soldats, Sublime, The Venus Effect

Les premiers soldats

image extraite du film Les premiers soldats / Rodrigo de Oliveira

De retour de Paris où il a vécu une passion avec Adrian, Suzano prend bientôt conscience que comme deux de ses ami(e)s, il est atteint du Sida. Il dit à sa sœur et à son neveu qu’il retourne à Paris…

Le cinéaste brésilien Rodrigo de Oliveira nous plonge dans la décennie 80, qui pour toute œuvre concernant la communauté LGBT est malheureusement souvent synonyme des années Sida. Son film ne fait pas exception puisqu’il s’attache à suivre le cheminement de trois personnages considérés comme faisant partie des tout premiers malades du virus au Brésil. Construit en deux parties, le long-métrage nous montre d’abord les personnages dans leur vie quotidienne et en particulier Suzano auprès de sa famille, capté souvent par le regard de son neveu Muriel, ce qui confère au protagoniste une image un peu mystérieuse et mélancolique, souvent regardant dans le vague avec les yeux humides. Alors que Muriel et sa mère attendent les appels et lettres de leur proche censé vivre son amour à Paris après un départ précipité, la deuxième partie révèle la retraite de Suzano avec deux de ses ami(e)s, une performeuse trans et un vidéaste gay, commandant des médicaments à Adrian dans l’espoir qu’un traitement miracle vienne les sauver de la pathologie encore méconnue. Il faut attendre cette deuxième partie, et en particulier les séquences directement filmées par Humberto pour atteindre la plus grande émotion offerte par le film, en particulier lors du monologue face caméra de Rose (Renata Carvalho). En dépit de  l’union entre malades, Les premiers soldats reste une œuvre désespérée et tragique comme le destin de beaucoup de personnes durant des années avant l’apparition de traitements permettant de prolonger la vie des malades du Sida.

Sublime

image extraite du film Sublime / MarianoBiasin

Manuel et Felipe sont amis depuis l’enfance et vous dans le même groupe de musique avec deux autres camarades. Alors qu’il sort avec Azul, Manuel commence à éprouver de l’attirance pour son meilleur ami…

Passé par la Berlinale, le film de l’Argentin Mariano Biasin est un charmant coming of age musical dont les rockeurs en herbe rappellent ceux de Sing Street, mais en version latine et contemporaine. Avec un montage passant avec fluidité de la réalité du présent aux souvenirs et aux rêves du protagoniste, ce qui nous permet d’être vraiment proches de lui durant tout le long-métrage, on suit à la fois ses émois amoureux, sa vie de famille mouvementée par les disputes entre ses parents et la quête musicale au sein du groupe. Jouant de la focalisation, du flou et de couleurs douces contrastant avec une musique énergique, Sublime séduit par la bienveillance qui enveloppe son personnage principal, joué par le jeune Martin Miller. Entouré d’une famille aimante en dépit des conflits qui l’agitent, avec un père prêt à écouter ses confidences, mais aussi par des jeunes filles dont le propre désir n’empêche pas d’être capables d’empathie, et d’un groupe de copains qui ne juge jamais, Manuel bénéficie d’un cadre favorable dans lequel il est beaucoup moins question d’orientation sexuelle que de sentiments réciproques ou non. Une façon de rendre universel le propos de cette histoire d’adolescence dont la modernité réside moins dans la trame narrative que dans l’ouverture d’esprit et la gentillesse générales des personnages.

The Venus Effect

image extraite du film The Venus Effect / Anna Emma Haudal

Liv travaille à la ferme horticole familiale et sort avec Seb. Un jour, Andrea, nièce ouvertement lesbienne d’un voisin, vient lui emprunter sa voiture après une panne…

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice danoise Anna Emma Hausen,  également autrice de la série Doggystyle, livre un portrait de jeune femme à la croisée des chemins. La rousse Johanne Milland, sublimée par ses tenues fleuries, incarne une jeune femme très naturelle, qui s’épanouit au contact des plantes et apprécie les plaisirs simples, comme le temps passé en famille, mais peine à couper le cordon (ce que symbolise son propre appartement où elle n’a pas défait ses cartons). La rencontre avec la très confiante Andrea (Josephine Park), au look étudié qui détonne dans ce coin de campagne danoise, est un bouleversement, et ce n’est que le premier. La cinéaste filme aussi bien l’amour romantique et sexuel que celui qui existe entre ami(e)s (perçu(e)s comme une famille choisie) ou en famille avec beaucoup de sensualité et de sensibilité. Les nombreux plans sur des détails en plein air comme une toile d’araignée ou un escargot sur une tige contribuent à la fois à marquer le passage du temps au fil des saisons mais aussi à implanter des relations humaines dans un cadre plus large, nous rappelant que nous appartenons à la nature quels que soient nos choix individuels. À l’approche de la date de Noël, alors que tout se complique, le film fait penser à la série norvégienne Hjem til Jul dans son exploration des possibilités des relations humaines. Venuseffekten crée un cocon doux et délicat dans lequel il est fort agréable de se laisser glisser.

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