Margot, 16 ans, disparaît après une soirée de révision chez des camarades. Son père contacte la police et décide de contribuer à l’enquête en fouillant l’ordinateur de l’adolescente…
Movie Challenge 2022 : un film avec un enlèvement ou une disparition
Qu’est-ce qui se passe quand deux amis férus de nouvelles technologies avec une idée de court-métrage rencontrent le producteur du diptyque Unfriended ? Un thriller de haute volée extrêmement inventif en termes de mise en scène et finement écrit pour tenir en haleine jusqu’au bout. Il est même assez incompréhensible que Searching n’ait pas davantage connu d’écho lors de sa sortie en 2018 tant le film sort des sentiers battus de son genre grâce à sa créativité technique.
En effet, l’entièreté du long-métrage est perçue depuis un écran d’ordinateur, qui s’allume au début de l’œuvre et s’éteint lors du dernier plan. Entre les deux, il y aura certes des coupes correspondant à des moments où les personnages ne sont pas connectés, pendant leur sommeil ou un déplacement, mais jamais aucune image ne sera perçue d’un autre point de vue que par le biais de cet écran. On aurait d’ailleurs tendance à penser que c’est davantage un film conçu pour être regardé sur son ordinateur qu’en salle tant le procédé gagne ainsi en réalisme et en immersion.
Pour réussir ce tour de force technique, Aneesh Chaganty et Sev Ohanian ont beaucoup travaillé en amont, créant un montage anticipé à partir de fausses images pour repérer tous les problèmes qui risquaient de se poser à eux par la suite, et choisissant des logiciels pas forcément les plus usités pour le montage afin que leurs équipes puissent réaliser l’incrustation de toutes les images dans ce qui paraît réellement le bureau d’un ordinateur.
Loin d’être uniquement une coquetterie, ce parti-pris artistique correspond au propos de l’œuvre. Au-delà de la bouleversante séquence d’ouverture, directement inspirée de celle, bien connue, de Là-haut, l’ordinateur devient le moyen de communiquer aussi bien avec ses plus proches (en particulier dans le cadre de la relation père-fille) qu’avec des inconnu(e)s dont il devient aisé de trouver les coordonnées en ligne. Mais c’est aussi une façon de fouiller dans la vie de la disparue, d’essayer d’apprendre à la connaître davantage à travers tout ce qu’elle n’a pas forcément dit à ses proches mais qui peut être découvert dans sa vie numérique : photos, contacts, vidéos…
Interrogeant l’identité numérique autant que la communication intrafamiliale, Searching brouille les pistes avec une intelligence narrative remarquable, portée par les prestations sans faute de John Cho et Debra Messing dans les rôles principaux. Les deux interprètes ont dû composer avec une façon de filmer particulière, la plupart du temps par des Go pro ou webcams, et réussissent à créer un réel sentiment d’échange sans se donner la réplique en face à face. Comme The Guilty, le polar danois qui réussissait à manipuler les attentes des spectateurs/trices avec comme seul moyen un appel téléphonique, Searching parvient à nous surprendre et nous tenir captivé(e)s, les yeux rivés à l’écran, et à l’écran à travers l’écran. Son intensité et son inventivité en font l’un des meilleurs représentants du thriller au XXIe siècle.
Je t’ai suivi (une nouvelle fois) sur cette reco et wow vraiment très prenant et comme tu le dis, très très adapté pour être vu sur ordi avec le fond et la forme en parfait accord. Une très belle découverte !
Ah je suis ravie ! Merci pour ta confiance !
Ah, je suis heureuse de voir ce film sur un autre blog ! Je l’avais beaucoup apprécié à sa sortie, pour son concept, parfaitement aboutit, mais aussi pour son scénario, finalement très surprenant…
Oui vraiment une excellente combinaison de technique et d’écriture !