« Hocus Pocus », mes bien chères sœurs

Max et sa famille viennent d’emménager à Salem. Le jour d’Halloween, l’adolescent se fait remarquer en classe en exprimant son refus de croire à la magie et à la légende locale des sœurs Sanderson, des sorcières pendues 300 ans plus tôt…

Movie Challenge 2022 : un film réhabilité après un flop au cinéma

Telles les sorcières renaissant de leurs cendres après plusieurs siècles, Disney a choisi de ressusciter Hocus Pocus en proposant une suite sur sa plateforme 30 ans après le premier opus. En 1993, Kenny Ortega (qui n’était pas encore le réalisateur de High School Musical) prenait les commandes d’un projet pour lequel les producteurs avaient proposé un pont d’or au jeune Leonardo DiCaprio (qui refusa pour tourner Gilbert Grape). C’est finalement Omri Katz qui obtint le rôle dans ce qui fut l’année de cinéma la plus faste de sa jeune carrière, puisqu’il apparut aussi dans Panic sur Florida Beach.

Le film se présente comme une comédie horrifique calibrée pour célébrer Halloween en famille, avec comme personnages principaux un adolescent, sa petite sœur et la fille de sa classe sur laquelle il a des vues. Comme dans de nombreuses comédies des années 90, les parents restent des personnages très secondaires, souvent absents et au comportement décalé voire plus adolescent que celui de leurs enfants, ce qui contraint ceux-ci à devoir se débrouiller seuls, le reste des adultes étant à l’avenant. C’est l’occasion pour le long-métrage de mettre en avant la relation entre le frère et sa sœur, prônant l’amour mutuel et la protection des cadet(te)s par les aîné(e)s.

Et du côté des sorcières aussi, il est question d’une relation familiale entre sœurs. Fait amusant, alors que les années 2020 ont réhabilité les figures de sorcières et en ont fait un avatar de la sororité, les sœurs Sanderson sont plutôt comme chiens et chats : la figure centrale, la « boss finale » qui menace d’aspirer l’énergie vitale des enfants de Salem, c’est Winifred (Bette Midler), dont les grandes dents symbolisent l’avidité de jeunes âmes. À ses côtés, la blonde (Sarah Jessica Parker) correspond au cliché de la ravissante idiote qui ne pense qu’à séduire les hommes, et la brune (Kathy Najimi) fait office de bon chien renifleur. L’incarnation des trois actrices, jamais avares de pitreries, ainsi que leur look très reconnaissable et baroque, sont pour beaucoup dans le succès du film car les sorcières jouent en permanence sur le fil entre horreur et comédie : la scène d’ouverture est assez terrible et l’émotion de la scène finale y répond, de sorte que les sorcières sont bien perçues comme des créatures maléfiques et dangereuses, mais parallèlement, elles sont assez idiotes et régulièrement bernées par la malice des enfants.

En jouant sur toute une imagerie classique (les balais volants, le grimoire, les potions, le chat noir, les morts-vivants, les chansons qui envoûtent comme celles des sirènes ou la mélopée du joueur de flûte de Hamelin…), le scénario installe une connivence avec ses spectateurs/trices et réussit à peu près à tenir le rythme sans avoir besoin d’introduire beaucoup de nouveaux éléments. Certains effets ont certes mieux vieilli que d’autres (le chat au tempérament humain est plutôt crédible encore aujourd’hui) mais globalement le film garde son pouvoir de séduction plus amusant que flippant. Après un relatif échec commercial et critique à sa sortie, il est peu à peu devenu suffisamment culte pour que les trois actrices réendossent leurs costumes de sorcières aujourd’hui.

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