Sylvie est heureuse de présenter à son fils son nouveau compagnon, Michel. Mais Abel se méfie de cet homme qui sort de prison, et avec sa meilleure amie Clémence, décide de mener l’enquête…
Quatrième long-métrage pour Louis Garrel, qui retrouve une fois encore son alter ego à l’écran, Abel. Cependant on n’est pas ici dans la suite de L’Homme fidèle et La croisade mais dans un nouveau genre pour le réalisateur, une comédie à suspense qui emprunte largement aux codes des films de gangster.
On retrouve pourtant bien la patte dans l’écriture et dans la tonalité qui a pu séduire depuis L’Homme fidèle (ou rebuter, tout dépend des goûts). Il y a un intérêt pour le mystère surgissant dans le quotidien, un côté légèrement complotiste ou paranoïaque des personnages qui leur fait chercher par delà les apparences de quoi leur entourage pourrait bien être coupable. Mais le travail avec Tanguy Viel apporte quelque chose à la fois de plus étrange, de plus noir dans l’atmosphère, plus rythmé aussi.
Si l’enquête se tient, avec son lot de rebondissements, Abel a un côté Inspecteur Gadget, qui veut mettre à profit tous les moyens, quitte à solliciter tout son entourage, pour coincer Michel, qu’il ne peut imaginer innocent. À cet arc narratif s’ajoute celui plus privé autour du passé douloureux de l’homme, qui ne parvient pas à surmonter le deuil de sa femme. Le tandem qu’il forme avec la meilleure amie de celle-ci propose aux spectateurs/trices toute une palette d’émotions, de la compassion pour leur chagrin à une éventuelle gêne face à leur comportement en public, en passant par de la tendresse, mais surtout beaucoup de rires. Car L’Innocent est une vraie comédie, et pas seulement dans l’écriture des dialogues, déjà très percutants. Louis Garrel et son équipe technique réussissent à faire rire par l’image, et par le travail du montage (un ralenti bien placé en pleine course-poursuite pour mêler romance et suspense). Le tout est servi par un délicieux quatuor : Roschdy Zem en petit malfrat romantique est plus drôle que jamais, Anouk Grimbert en amoureuse éperdue est en grande forme, mais c’est surtout Noémie Merlant qui nous épate. L’actrice souvent remarquée pour une certaine réserve, une part de mystère ou d’intensité contenue, trouve ici une partition totalement délurée, mélange d’une témérité quasi suicidaire et d’un entrain sans pudeur pour toutes les aventures de la vie.
En jouant sur plusieurs tonalités, le film a de quoi séduire un large public, en allant chercher à la fois du côté des amateurs/trices de romance, de comédie et de films de gangsters. Avec en plus une bande-son années 80 aux petits oignons qui donne envie de chanter à l’unisson du karaoké !
Votre commentaire