« La Dégustation » : vieillir comme un bon vin

Hortense, célibataire endurcie en mal d’enfant et engagée dans des activités sociales, rencontre Jacques, caviste contraint à cesser de boire pour raisons médicales. Mais pour commencer une histoire, il faut être au clair avec son passé…

Ce n’est pas la première fois qu’Ivan Calbérac s’adapte lui-même. Après Venise n’est pas en Italie et L’étudiante et Monsieur Henri, cette fois, ce sont les acteur/trice de sa pièce La Dégustation, Isabelle Carré et Bernard Campan, qui lui ont soufflé l’idée de passer des planches au grand écran. C’est l’occasion d’étoffer l’intrigue en rajoutant des personnages secondaires, tels que la mère d’Hortense, et en atténuant certains clichés, en particulier autour du personnage du stagiaire, qui passe du statut de dealer repris de justice à celui de jeune homme né sous X et grandi en foyer.

Le film tente de conserver un équilibre entre l’humour et l’émotion, avec une tonalité de comédie héritée de son aspect théâtral, qui ne passe pas toujours aussi bien dans la forme cinématographique : on sourit parfois mais on rit rarement franchement et l’humour des personnages est parfois lourd. La scène de la première dégustation en elle-même est assez gênante car le ping-pong entre les personnages ne fonctionne pas vraiment.

On remarque aussi que le cinéaste n’a pas voulu choisir entre plusieurs problématiques lourdes : l’accès à la PMA et le désir de maternité chez les femmes passés les 40 ans, l’alcoolisme discret des professionnels de la viticulture, la pauvreté représentée par le groupe de SDF dont Hortense s’occupe, l’insertion des jeunes qui ne peuvent s’appuyer sur un réseau familial… Il y a un peu trop d’éléments dans le film pour un nombre de personnages principaux restreint.

Pourtant, malgré cet équilibre parfois bancal et une réalisation extrêmement classique, mais qui bénéficie de décors soignés et d’un joli travail de mise en lumière (Philippe Guilbert à la photo, qui a déjà produit cette année un travail d’ambiance feutrée et de clair-obscur pour Le monde d’hier), on se laisse peu à peu porter par les sentiments des personnages grâce aux interprétations de Bernard Campan et surtout d’Isabelle Carré, qu’on est ravi(e)s de retrouver ensemble des années après Se souvenir des belles choses. L’acteur a une partition relativement lisse d’homme renfermé sur ses blessures, alors que sa partenaire a plus à jouer, entre ses scènes au travail dans la maternité, son rapport conflictuel larvé avec une mère très imprégnée par le catholicisme, son engagement social auprès des SDF et sa relation naissante avec Jacques, qui fait ressortir à la fois une maladresse touchante et une détermination à mener de front ses projets de femme et une vie sentimentale.

Ce qu’on apprécie, c’est également cette forme de comédie romantique qui choisit comme protagonistes des personnages qui ont passé la prime jeunesse entt porte avec eux un bagage conséquent, évoquant la possibilité de refaire sa vie après une longue période de solitude et des drames profonds.

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