Entretien avec Murielle Magellan et Pierre Deladonchamps autour du film La Page blanche

Dans les jardins d’Angoulême, on a noirci quelques pages blanches avec les réponses à nos questions de l’équipe du film…

« Je préfère m’emparer du travail des autres et y mettre mon univers »

  • Murielle, vous êtes autrice avant d’être réalisatrice, mais pour votre premier long-métrage, ce n’est pas un de vos livres que vous adaptez…

M.M. : « Écrire un livre, c’est tellement prenant, ça prend tellement la tête et d’énergie, et de même quand on fait un film, que d’être obsédée de nouveau par les mêmes personnages, ce n’est pas possible. En tout cas, si je le fais un jour, ce sera des années après l’écriture. Donc je préfère m’emparer du travail des autres, qui est nouveau pour moi, et y mettre mon univers, parce que c’est le jeu de l’adaptation. »

La Page blanche: Sara Giraudeau

  • Et comment avez-vous découvert cette bande dessinée ?

M.M. : « C’est une amie, Anne Giafferi, qui me l’a fait lire parce qu’elle était sollicitée pour l’adapter. Et elle voulait que je lui fasse le scénario. J’ai eu un coup de cœur absolu pour la bande dessinée, je voulais absolument participer d’une façon ou d’une autre à ce film. Quinze jours après, elle me dit que finalement elle ne va pas le faire car elle a un autre projet de film qui prend le dessus. Mais le ver était dans le fruit… moi je voulais le faire ! Très vite, j’ai dit OK, et a commencé un parcours du combattant de presque 10 ans (c’était en 2013). Il y a eu mille obstacles, car c’est mon premier long-métrage de cinéma, et je n’avais pas encore réalisé le téléfilm [Moi, grosse]. »

  • Même si ça n’évoque pas du tout la même chose, est-ce que ce titre La page blanche résonne particulièrement en tant qu’écrivaine ?

M.M. : « C’est le hasard. Enfin peut-être pas, peut-être que mon inconscient s’est dirigé vers cette BD parce qu’il y avait un titre en rapport avec l’écriture et la littérature. Mais comme vous le dites, ce n’est pas du tout dans le même sens. »

P.D. : « Oui mais quand on écrit un livre, on peut aussi être face au vide à se demander qui on est, qui est notre personnage… »

M.M. : « Tu as raison, le lien ce n’est pas « qu’est-ce que je vais raconter ? », parce que ça j’y suis peu confrontée, personnellement je suis quelqu’un de boulimique, j’ai tout le temps envie de raconter plein de choses – si je pouvais écrire plein de projets en même temps, je le ferais –, mais au sens dont parle Pierre, c’est vrai. Parce que quand on écrit, on est régulièrement confronté à « qui je suis ? », « quel écrivain je suis ? »… »

  • C’est une adaptation très libre, comment avez-vous choisi quoi garder et y a-t-il eu une discussion avec l’auteur de la BD à ce sujet ?

M.M. : « Ça s’est passé à l’envers. C’est-à-dire que j’ai d’abord décidé ce que je voulais faire pour pouvoir arriver vers Boulet avec une proposition qui me ressemble et que je puisse défendre. Je ne voulais pas que ce soit lui qui me dise « ça oui, ça non », sinon ce n’était plus mon film. Il fallait que j’arrive avec un parti pris très clair. Donc j’ai écrit un document de 30 pages, dans lequel j’ai fait les choix essentiels, et après j’ai demandé un rendez-vous. J’avais trouvé des producteurs, il fallait négocier les droits. Donc j’ai rencontré Boulet, il a lu le texte, je lui ai parlé de mes choix et on était raccords. Même si j’ai dû m’éloigner de la bande dessinée évidemment, je pense qu’il a bien vu que je ne le faisais pas pour de mauvaises raisons. »

P.D. : « Et si je peux abonder, le personnage de Moby Dick n’existe pas dans la bande dessinée, c’est Murielle qui l’a apporté, et en forme d’hommage à Boulet, elle s’est inspirée d’éléments de son blog personnel pour mon personnage. Je trouve ça beau de prendre des choses de l’auteur pour les mettre dans un personnage qui n’existe pas dans son œuvre originale. C’est hyper poétique. J’aime beaucoup cette histoire. »

M.M. : « Le système de l’écho, j’adore ça. Qu’il soit là sans être là, ça me plaît. »

La Page blanche: Pierre Deladonchamps, Sara Giraudeau

  • Est-ce que c’est la rencontre avec Boulet qui vous a donné l’idée d’ajouter ce personnage, ou est-ce que vous vouliez déjà un personnage masculin qui ait à peu près ce rôle-là ?

M.M. : « C’était déjà dans le texte avant de le rencontrer. Moby Dick avait déjà les caractéristiques essentielles que vous avez vues, mais après avoir rencontré Boulet je lui ai rajouté des éléments de l’auteur. »

P.D. : « Je trouve ça hyper tendre ! »

M.M. : « En fait, quand j’ai rencontré Boulet, je me suis dit : « mais il ressemble à Moby Dick ! » donc je lui ai fait des clins d’œil. »

  • Du coup, comment c’était de jouer ce personnage en sachant que c’était un hommage à quelqu’un qui existe ?

« Le film de Murielle marque vraiment un tournant »

P.D. : « Alors, je ne l’ai pas su tout de suite. Mais surtout, « comment c’était de jouer ce personnage ? » tout court ! Pour moi, ça s’écarte beaucoup de ce que j’ai fait jusqu’à présent, parce que j’ai un désir d’aller aussi vers des comédies, un petit peu avant celle-ci, mais on va dire que le film de Murielle marque vraiment un tournant parce que c’est une vraie comédie assumée, qui marche, qui est intelligente, dont je suis très fier. Et le personnage de Moby Dick me plaît parce qu’il a à la fois les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. C’est-à-dire qu’il est lunaire – comme je peux l’être parfois –, il a du second degré mais en même temps il y a des choses qu’il n’imprime pas et il ne comprend parfois pas le second degré des autres en face de lui, il est séducteur mais en même temps il n’ose pas séduire donc il essaye en se disant « est-ce que ça marche ? Non, bon bah voilà… », et puis il peut être très soupe au lait aussi… Il se vexe, et après il dit « bon d’accord je vous aide ». Il a plein de facettes qui me plaisent beaucoup. J’ai beaucoup de tendresse pour lui. C’est un grand cœur. »

  • Et vous aviez de l’espace pour proposer des choses, ou alors Murielle avait tout cadré ?

P.D. : « Je dirais une grande liberté dans un chemin bien tracé. Murielle savait ce qu’elle voulait, ce qu’elle ne voulait pas, et c’est très rassurant pour un interprète quand il y a un capitaine dans le bateau. Sinon on est perdu et on se dit « Qu’est-ce que je suis en train de faire ? C’est n’importe quoi ». Moi j’avais une totale confiance en Murielle. Elle me laissait aussi apporter des choses qui venaient de moi pour Moby Dick. Par exemple pour les costumes j’ai fait beaucoup de propositions, le sweat-shirt chien j’y ai tenu énormément, celui aussi avec la voiture qui part dans les étoiles. Des choses comme ça, que je tenais à apporter à Moby Dick parce que je me suis dit que c’est un mec qui a autant d’habits qui viennent de ses grands-parents, de trucs qu’il a chinés ou qu’il a achetés dans un Monoprix. J’aime bien l’idée que son habillement soit le reflet de sa vie.

La Page blanche: Pierre Deladonchamps, Sara Giraudeau

M.M. : « Sur le costume, c’est vrai que Pierre a beaucoup proposé, on a échangé. Il a aussi composé ce personnage par le costume. Sur le texte pur et dur, en fait les acteurs ont suivi la partition, parce que vous l’avez sans doute entendu, c’est assez écrit quand même. Donc il n’y a pas une marge énorme pour improviser. »

P.D. : « On peut attribuer à Murielle toute l’écriture. C’est ça qui est fort aussi, comme elle est scénariste à la base, on avait un scénario très très solide. Tout était réfléchi. Et ça pour nous, c’est du petit-lait ! »

M.M. : « On en a parlé beaucoup avant, à la table. J’ai pu expliquer pourquoi telle réplique, après tous les acteurs font parfois des propositions mais finalement c’est à la marge. Donc pas d’impro, ou très très peu, mais quand même on peut dire que la fin du film… »

P.D. : « J’ai improvisé sur la toute fin ! »

M.M. : « Le coup de fil aux pompiers, c’est une impro de Pierre ! Et j’avoue, j’adore cette impro. Moi je voulais terminer le film sur « non, je rigole ». Je me disais que c’était bien de terminer un film sur « je rigole », voilà, c’est une fable. Puis je lui ai dit « appelle les pompiers », mais je pensais que je ne le garderais pas. Mais en fait c’était tellement bien ce coup de fil aux pompiers… »

P.D. : « Puis moi je les appelle, je leur dis tout ce qui se passe ! Je faisais semblant qu’il y avait quelqu’un en face, et on s’est bien amusés. Mais c’est aussi parce que je me suis senti l’autorisation de le faire avec Murielle qui était bienveillante, et puis aussi comme partenaire d’avoir Sara Giraudeau c’est divin, parce que c’est une partenaire très généreuse, très inspirante et dont j’ai l’impression qu’on fait partie de la même famille de jeu. Je comprends sa partition, je comprends ce qu’elle fait, elle me renvoie des balles qui sont faciles à jouer. Et puis Murielle derrière tout ça qui dirige son orchestre avec beaucoup de bienveillance. Et c’est important, même si ce n’est pas vrai, qu’on ait l’impression que la personne est sûre d’elle. »

« Il y a toujours un petit vertige »

M.M. : « J’avais des doutes, mais comme je porte le projet depuis 2013, le film que je voulais faire était clair. Après, on a des doutes sur le moment de certaines choses, mais je savais vraiment où j’allais. La seule chose, c’est qu’il y a toujours un petit vertige. »

P.D. : « Heureusement ! »

M.M. : « C’est un film qui est sur un fil donc le vertige vient de là. Il fallait rester sur le câble et à la fois savoir où on allait. J’ai une anecdote : quand j’étais jeune auteure, quelqu’un qui faisait du funambulisme m’avait demandé d’écrire un texte dessus. Mais il m’a dit que si j’écrivais pour lui, il fallait que j’en fasse, au moins que j’expérimente. Je monte sur la plateforme, il y avait une autre plateforme en face et le câble entre les deux. Je commence à vouloir avancer et il me demande « où tu vas ? », « Je vais sur le câble », et il me dit « non, où tu vas ? À quelle adresse ? », alors je réponds « là-bas », et là à mesure que j’avance sur le câble il me demande de préciser une rue, un étage, qui je vais voir… J’adore cette métaphore de l’art. »

P.D. : « C’est beau ! »

  • Ça va bien avec le film, ou au début tout ce qu’elle a, c’est une adresse.

M.M. : « Exactement ! »

P.D. : « Et « Éloïse Leroy ». »

La Page blanche: Sara Giraudeau

  • Justement, ce personnage d’Éloïse, ne va pas forcément dans le film au même endroit que dans la bande dessinée. Parmi les thèmes que vous ajoutez dans le film, il y a le rapport aux parents, et notamment l’idée qu’on peut reproduire certains schémas ou erreurs de jeunesse. D’où c’est venu ?

« Je voulais résoudre l’énigme que pose la bande dessinée »

M.M. : « Je voulais résoudre l’énigme que pose la bande dessinée. Deux choses m’intéressaient : le fait de venir de province, car c’est quelque chose que j’ai vraiment vécu et expérimenté, de débouler à Paris et tout d’un coup d’être tellement décalée et perdue dans les codes de mes amis parisiens qu’à l’époque je trouvais tellement plus branchés, tellement plus drôles, plus référencés, plus tout, quoi. Et plus encore que la reproduction, ce qui m’intéressait c’est la mémoire du corps. Je crois beaucoup à ça : on peut perdre la mémoire et ses souvenirs, mais notre corps se souvient de beaucoup de choses. D’ailleurs le personnage de Sonia lui dit à un moment donné. Je crois beaucoup que l’on a des mémoires sensorielles et ça m’intéressait de le glisser dans le film. »

  • Les personnages sont assez différents dans la BD et dans le film, même physiquement et dans leur costume. Comment avez-vous composé votre casting ?

M.M. : « J’ai oublié la BD. Moi aussi j’ai été amnésique à un moment donné ! (rires) »

P.D. : « Tu t’es émancipée. »

M.M. : « Oui, c’est devenu mon film. Je savais que la trace était là, que je l’avais lu et même beaucoup lu à un moment donné, que ça imprégnerait le film, mais il fallait que je m’en empare, pour le casting aussi. Sonia, par exemple, ne ressemble pas au dessin. J’ai pris mes références à moi, les conversations que j’entendais, j’ai essayé de m’inspirer un peu de mon entourage, avec un peu d’impertinence. »

  • C’est vrai que dans la bande dessinée, il y a le sujet de la grossophobie qui est effleuré à travers le rejet du personnage de Sonia. C’est quelque chose que vous avez traité dans un téléfilm, vous ne vouliez pas y revenir ?

M.M. : « Non, peut-être que ça a joué, mais je ne voulais pas que Sonia soit rejetée pour des raisons de phobie mais plus de codes, de références, de champ lexical. Elle ne va pas dans les bons lieux… »

P.D. : « Elle n’a pas le swag ! »

  • C’est une histoire de classes sociales alors…

M.M. : « Pas seulement de classes sociales, de références. D’ailleurs on voit qu’Éloïse est issue d’un milieu populaire mais elle a su se fondre dans le groupe parce qu’elle a appris le champ lexical pour imiter. Alors que Sonia ne l’a pas fait. Elle est pleinement elle-même : « si vous ne voulez pas jouer avec moi, c’est pas grave, je vais jouer avec mon fils et regarder la télé ».

  • Par contre il y a quelque chose que le personnage d’Eloïse a bien en commun entre la BD et le film, c’est l’imagination. Son imagination est retranscrite en animation. Est-ce que vous aviez cette idée tout de suite et comment cela a-t-il été réalisé ?

M.M. : « L’idée est venue à partir du moment où je me suis dit « Oh oh, je sens que je vais réaliser ce film vraiment. Il y a des gens qui se disent qu’on va tourner à telle date… Comment je vais faire ça ? » (rires) J’ai eu une discussion avec un ami qui m’a parlé de la rotoscopie, c’est-à-dire de l’inclusion d’acteurs dans un dessin, j’en ai parlé à mes producteurs qui ont aussi Les Armateurs et Folimage (des studios de dessin) donc ils ont tout de suite dit qu’ils auraient l’outil pour m’aider à le faire. On a tourné en fond vert et j’ai demandé aux dessinateurs de Folimage de proposer des dessins à la façon de Pénélope Bagieu, qui a dit OK, mais en s’en affranchissant quand même. J’en ai tourné plus que je n’en ai monté. Parce que s’il y en avait beaucoup ça tirait le film vers un dessin animé, et comme je ne viens pas de la bande dessinée, ce n’était plus moi. »

P.D. : « J’aime bien les petites touches comme ça, mais plus ça aurait été trop, ça aurait imprimé une marque qui n’est pas ce qu’on voulait pour le film. Ça apporte de la fantaisie, parce que comme ce sont des imaginations que l’on voit, ça ne se passe pas vraiment, donc elle a le droit de le rêver comme elle veut. C’est vrai que c’est réussi, parce que tout ce qui se passe vraiment dans la vraie vie, ce n’est pas en animé. »

  • En revanche, ce qui est très réaliste, c’est qu’elle travaille chez Gibert. C’est vraiment tourné dans les coulisses de chez Gibert ?

M.M. : « Ça, c’était une chance inouïe, parce que Gibert Joseph a accepté d’être partenaire du film. C’était une très très bonne nouvelle, parce que pour reconstituer une grande librairie comme ça, on n’est pas un gros film donc c’était compliqué. Donc quand ils nous ont dit d’accord, j’ai bu le champagne ! Et puis j’adore que ce soit Gibert. »

P.D. : « C’est une très belle référence. »

M.M. : « C’était vraiment joyeux et ça nous a permis de nous amuser avec la littérature, avec des références… »

P.D. : « Amélie Nothomb… »

  • Justement, ce ne sont pas les mêmes références : dans la BD on lui demande toujours Marc Lévy, et là, c’est Soif

M.M. : « Je trouvais peut-être plus impertinent de prendre une référence qui n’est pas si populaire que Marc Lévy. Amélie Nothomb pour moi c’est un très bel écrivain qui est littéraire et populaire. Il n’y en avait pas tant que ça. Mais je lui ai demandé l’autorisation, j’avais fait une lettre et elle m’a répondu. Je ne voulais pas le faire sans. »

P.D. : « Ça c’est beau. C’est parce que tu es écrivaine aussi. »

M.M. : « Oui, je sais comment on est, même si on a le plus grand succès du monde. »

P.D. : « Puis quand on te demande tu es presque flatté(e) qu’on te demande avant, donc tu as plus envie de dire oui. Alors que si tu le fais sans demander, ça peut être blessant. »

« On est influencé par la société, parce que tout le monde consomme la même chose »

M.M. : « Puis elle a beaucoup d’humour, elle est très décalée, singulière… et puis Soif c’est un très beau livre. Mais c’est vrai qu’il y a des modes, c’est le sujet du film aussi : comment on est influencé par notre cercle, mais aussi par la société, parce que tout le monde consomme la même chose. »

La Page blanche: Grégoire Ludig, Sara Giraudeau

  • D’ailleurs, le film est un peu plus critique que le livre sur le conformisme, y compris sur les opinions politiques…

M.M. : « Parce que dans les influences qu’on subit, il y a ça. En ce moment, on veut nous ranger, dans des familles, des endroits de pensée… et est-ce qu’on emploie bien le bon terme pour le dire… et si on ne l’a pas employé, est-ce que ce n’est pas suspect ? Tout ça, quand on est un être libre, comment on fait ? Éloïse, à un moment donné, elle se débarrasse de cette peau-là, elle ne veut plus rentrer dans ce jeu. Ça ne veut pas dire qu’elle le condamne d’ailleurs, parce qu’elle garde beaucoup de tendresse pour Fred qui a ces codes-là, mais elle ne veut pas jouer à ça, c’est juste ça. »

  • Enfin, pouvez-vous me raconter comment est née une scène très marquante du film où Éloïse va au restaurant et fait un petit numéro…

« J’aime qu’on n’ait pas peur du ridicule »

M.M. : « La figure du strip-tease est une figure que j’aime bien. La mise à nu, en fait. J’avais déjà travaillé autour de ça au moment où j’avais mis en scène le spectacle La lesbienne invisible [d’Océan], mais sans aller au bout. Et quand j’écrivais La Page blanche, je me suis dit « c’est pas mal si elle va trop loin dans la mise à nu, le ridicule ». Aller trop loin, je l’ai fait, dans ma vie, je le raconte dans un roman qui s’appelle N’oublie pas les oiseaux. Par amour, j’ai déjà été trop loin… (rires). Je me je suis donc sentie ridicule, mais il faut se relever de ça. Et pour s’en relever, il faut le poétiser. Et je trouve que la scène, le cinéma, la littérature, permettent de dire tout à coup : « ce n’est pas héroïque, quand même ? ». Après, Sara, qui est tellement fine, quand elle a lu la scène, m’a dit « c’est pas trop ? » mais justement, le fait que ce soit elle qui le fasse, quelqu’un de retenu, de fin, ça me plaisait beaucoup. Et comme le personnage se cherche, c’est normal qu’il en fasse trop, c’est logique. Tu ne peux pas te chercher et tomber juste. À un moment donné, tu tombes à côté. »

P.D. : « Et en fait, elle tombe juste ! »

M.M. : « Parce que je voulais sauver ce moment, car j’aime qu’on n’ait pas peur du ridicule. »

P.D. : « Moi, j’adorerais qu’on me fasse ça. Là, tu tombes amoureux, ou alors tu le redeviens ! C’est une des scènes les plus réussies du film. »

  • C’est comme à la fin, elle fait quelque chose qu’on n’est pas censé faire, mais c’est pour ça que c’est bien !

P.D. : « Oui ! »

M.M. : « C’est vrai que ça traverse un peu ce que j’écris. Quand je veux quelque chose… La Page blanche, j’ai voulu le faire, j’ai fait beaucoup pour le faire. Éloïse, elle veut quelque chose… »

P.D. : « Elle l’a ! »

  • C’est une bonne leçon !

 

 

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