La plume
Comme son pseudo l’indique, DingooDramas est une passionnée de séries asiatiques (chinoises et coréennes), auxquelles elle dédie un blog bilingue. Issue du milieu éditorial, elle apprécie également sous forme écrite et au cinéma les histoires pleines de souffle et d’émotions nobles, loin de l’ultraviolence du monde contemporain. Cette amie des animaux a choisi de présenter une grande fresque autour d’un petit cheval de légende…
L’œuvre
« Il ne sait pas qu’il est petit. Il se croit le plus grand cheval de la Terre. »
Nommé aux Oscars en 2003, adapté d’un livre récompensé pour la qualité de sa narration et de ses recherches (La légende de Seabiscuit de Laura Hillenbrand, J.-C. Lattès, 2001), Pur Sang : La légende de Seabiscuit transcrit avec brio l’épopée d’un petit cheval cagneux et de trois hommes malmenés par la vie qui ont rejoint les plus grandes légendes américaines.
La distribution va ainsi : un « self-made man », arrivé avec trois francs six sous à New York, et qui saisit les opportunités jusqu’à devenir vendeur de voitures à l’aube de l’ère de l’automobile, pour perdre son fils dans un tragique accident qui lui coûtera également son mariage. Un dresseur de chevaux d’une autre époque, qui voit les espaces infinis du Far West se réduire à grand renfort de clôtures et de routes. Un jockey borgne, issu d’une famille aisée ruinée par le krach de 1929. Dans la vraie vie, Charles Howard, Tom Smith et Red Pollard. À l’écran, Jeff Bridges, Chris Cooper et Tobey Maguire.
Et puis il y a Seabiscuit, petit-fils du grand champion Man O’War, petit, cagneux, et dont les passe-temps favoris se résumaient à manger et dormir.
Quatre destins brisés avant l’heure, bouleversés par une rencontre.
« On ne tire pas un trait sur toute une vie juste parce qu’elle est un peu cabossée », souligne doucement Jeff Bridges à l’heure du doute. L’histoire de Seabiscuit, c’est celle de l’espoir, de la seconde chance. Pour les quatre personnages principaux, certes, mais aussi pour les millions d’Américains écrasés par la crise, et à qui l’épopée de ce petit cheval redonna espoir. Que ce soit des adversaires que l’on pourrait croire invincibles comme le grand War Admiral (par Man O’War, grand-père de Seabiscuit) ou son propre corps (une vilaine blessure à la jambe qui faillit bien mettre un terme à sa carrière), Seabiscuit semblait déterminé à prouver qu’il suffit de persister pour vaincre. Il fait rêver une Amérique écrasée, des millions d’Américains abattus.
Cette conjonction constante du cheval et de son épopée avec le peuple américain se démarque par l’usage fréquent d’une narration sur fond de clichés d’archive expliquant de manière organique le contexte historique. En offrant des éléments de comparaison pour permettre au spectateur de bien saisir l’ampleur du phénomène que représentait l’histoire de Seabiscuit, ces passages s’imbriquent avec grâce dans la narration et donnent aux événements toute leur dimension historique. Stratégiquement placés, ils permettent également d’entretenir le suspense et de jongler avec les médias, notamment grâce aux délicieux interludes du journaliste fictif « Tick Tock » McLaughlin, qui donne par ailleurs un aperçu fort sympathique des radios de l’époque et de leurs moyens.
Mais au-delà de sa valeur nostalgico-historique, c’est l’importance accordée à la relation entre l’homme et l’animal qui fait de Seabiscuit un si beau film. Malgré des frictions inévitables, le petit groupe apprend à se connaître et à se respecter, et prend toujours soin des besoins du cheval, physiques mais surtout affectifs. Ainsi, les mélodies à la guitare de Randy Newman constituent le fond parfait pour l’idylle de Marcella Zabala (Elizabeth Banks) et Charles Howard, mais aussi pour les après-midis ensoleillées que passe Seabiscuit avec son compagnon Pumpkin.
Si Pur Sang : La légende de Seabiscuit quitte le petit groupe cabossé au terme du Santa Anita Handicap de 1939, ce n’est pas là que se termine sa carrière. Aujourd’hui, plus de quatre-vingt ans après “la Course du siècle” de Pimlico contre War Admiral, la statue de Seabiscuit trône en de multiples lieux aux États-Unis, et son image a même orné certains carnets de timbres en 2009. Il fait partie du National Museum of Racing and Hall of Fame. Le film, quant à lui, fut nommé pour pas moins de 7 Oscars et de nombreuses autres distinctions, et demeure l’un des grands ténors du genre ; même après de multiples visionnages, ses extraordinaires scènes de courses, filmées au plus près du peloton, ne manquent jamais de donner des frissons.
Une chronique de l’espoir, menée avec brio.
DingooDramas
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