Entretien avec Michel Leclerc autour du film « Les Goûts et les couleurs »

On rencontre Michel Leclerc sur une péniche, comme l’habitation de sa protagoniste. La canicule n’entame pas son enthousiasme…

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  • Petite question inspirée par le titre du film : dites-nous quelque chose de vos goûts en cinéma ou en musique ?

M.L. : En cinéma je suis quand même assez éclectique, mais je peux aimer des choses très différentes de ce que je fais comme films. Par exemple, moi j’adore le cinéma de Pialat, le cinéma de Cassavetes, mais évidemment j’ai toujours été très admiratif de Woody Allen, pour le coup à qui j’essaye de ressembler dans la manière de construire ses films. Donc je dirais comme modèle par rapport à mon cinéma c’est plus près de Woody Allen que de Pialat, et pourtant je suis très très admiratif de quelqu’un comme Pialat.

Et en musique j’ai été totalement marqué au fer rouge quand j’avais, cinq ans je pense, par les Beatles et je ne m’en suis jamais vraiment remis. Et cette complicité et cette rivalité artistiques entre John Lennon et Paul McCartney m’a marqué à vie, à tel point que je m’y réfère toujours dans ce que je peux faire, et pas seulement en musique. Par exemple en tant que personnages, je trouve que ce sont deux formidables personnages qui s’opposent et en même temps se complètent. Et quand j’écris, je me dis toujours un petit peu « qui est Lennon ? qui est McCartney ? ».

  • Il faut se dédoubler pour être les deux à la fois ?

« L’envie d’écrire provient très clairement d’un désir de me dédoubler »

M.L. : Je pense que l’envie d’écrire, et des scénarios et des films en particulier, provient très clairement d’un désir de me dédoubler. C’est-à-dire que je suis traversé de pensées contradictoires, et pour incarner ces possibles je passe par différents personnages qui ne pensent pas la même chose.

  • Est-ce que c’est ça, ce désir de dédoublement, qui amène une volonté de comprendre les personnages même dans leur variété de points de vue sans jamais les juger ?

M.L. : Oui, je pense que j’ai probablement souvent du mal à avoir un avis tranché sur les choses ou sur les gens. J’ai toujours presque ce réflexe, mais finalement bien avant que j’écrive, de me dire « oui mais alors… », d’examiner le point de vue adverse. C’est pour ça par exemple que je fais des films sur la militance, mais je ne suis fondamentalement pas un militant, au sens où je pense que pour être militant, il faut accepter l’idée qu’on a un adversaire, et le parer de tous les défauts de la Terre, parce que sinon on ne peut pas se battre contre lui. Et moi je fais des films parce que je ne me sens pas capable de ça, et j’ai plutôt tendance à me projeter dans tous les personnages. Donc je crois que c’est pour ça que je fais des films comme ce film-là, où j’ai l’impression qu’on commence par être plutôt du point de vue de Marcia, puisque l’histoire part vraiment d’elle et de sa passion pour la musique et tout ça, et quand arrive le personnage d’Anthony, de Félix Moati, on est plutôt hostile à lui, mais évidemment j’ai à cœur que les choses évoluent et que le spectateur progressivement s’attache de plus en plus à ce personnage, au point de le préférer peut-être au personnage de Marcia, enfin ça dépend des gens. Pour moi l’idéal c’est que chaque spectateur ne s’identifie pas au même personnage, que certains puissent s’identifier à l’un, certains à l’autre, ou alternativement passer de l’un à l’autre. Ça pour moi, c’est ce que j’essaye de faire avec mes films.

  • C’est un film musical, sur le milieu de la musique aussi en tant qu’industrie, ce qui n’est pas si courant au cinéma : qu’est-ce qui vous tenait à cœur dans ce projet ?

M.L. : Ce qui me tenait à cœur avant toute chose c’est l’amour de la musique elle-même, l’amour de la chanson en particulier, et donc avant de faire un film sur le milieu, je voulais faire un film sur ce qu’est une chanson : comment on fabrique une chanson, comment elle arrive, comment en travaillant avec d’autres musiciens on arrive à améliorer les choses, ça pour moi c’était une des premières choses importantes. Ensuite étant dans un milieu artistique depuis un certain nombre d’années, je vois comme aujourd’hui, journée de presse etc. comment les choses fonctionnent, et je pense qu’il en est de même dans la musique que dans le cinéma. J’ai effectivement côtoyé un certain nombre de chanteurs, par exemple Vincent Delerm, Jeanne Cherhal, que je connais et avec qui j’ai travaillé.

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©Pyramide Distribution

Et je voulais raconter ce qu’est aujourd’hui le statut d’artiste, y compris de jeunes artistes qui débutent ou qui n’ont pas à 25 ans de carrière, et voir à quel point les choses peuvent être difficiles. Parce qu’il y a beaucoup de concurrence, parce que c’est difficile de se faire une place et encore plus une place qui dure, c’est-à-dire que la machine est très vorace et broie du talent. Il y a beaucoup de gens qui ont du talent, mais justement parce qu’il y en a beaucoup, c’est d’autant plus rageant de se dire que quelqu’un qui a du talent malgré tout n’arrive pas à se faire une place. En tout cas c’est ce que je voulais raconter à travers Marcia, parce qu’il y a trop de gens, parce qu’on demande aussi aux artistes de faire des concessions… C’est un groupe qui m’avait raconté que c’est très difficile aujourd’hui de vivre des ventes sur Spotify ou sur Deezer et donc, pour un jeune groupe, un des trucs très importants, c’est de vendre une musique pour une publicité. Donc déjà ça veut dire que cette musique est utilisée pour autre chose que la musique elle-même. La publicité est vue comme un tremplin, alors que pour les gens de ma génération, ça pouvait sembler être une concession insupportable. Pour quelqu’un qui vraiment veut être intransigeant, l’époque est quand même assez difficile ; je voulais raconter ça.

  • Comment on crée de toutes pièces des chanteuses avec tout un répertoire, une image etc. ?
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©Pyramide Films

M.L. : C’était vraiment le défi du film pour moi. C’est vraiment ce qui m’a le plus amusé, et pas seulement moi, je pense, tous les gens qui ont travaillé sur le personnage. On veut créer une icône fictive, donc déjà il faut qu’elle ait son univers propre, il ne faut pas qu’on se dise que c’est un clone. Alors il faut procéder un peu comme Frankenstein, c’est-à-dire prendre des morceaux un peu à droite à gauche, donc elle a un peu à voir avec Brigitte Fontaine, un peu à voir avec Catherine Ringer, un peu avec Barbara, un peu avec Gainsbourg… Mais ensuite il faut surtout qu’elle ait son histoire propre, il faut lui inventer. Donc comment viennent les idées ? Je me disais « tiens il faudrait lui associer une couleur » par exemple, alors on réfléchit avec la costumière, « tiens, moi j’adore le vert, elle a qu’à s’habiller en vert comme Barbara était habillée en noir, ce sera la grande dame en vert » et puis je me dis « mais alors en fait pourquoi j’aime le vert ? », parce que j’aimais l’équipe de l’AS Saint-Étienne de 1976 et que j’avais le poster de Dominique Rocheteau au-dessus de mon lit. J’ai dit « ah ben alors on lui invente une histoire d’amour avec Dominique Rocheteau ! » et c’est comme ça que qu’arrive la fiction. Du coup ça lui fait une histoire qui est singulière, on se dit elle a fait un duo dans les années 70 avec Dominique Rocheteau. Ensuite moi je voulais qu’elle ait une carrière à la Gainsbourg plus qu’à la Brigitte Fontaine, ça veut dire qu’elle a changé de style au fil des époques. Elle commence à la fin des années 60, elle fait de la chanson un peu ce qu’on appelle Rive Gauche, genre « Le poinçonneur des lilas », et puis ensuite elle passe au rock prog. Et qu’on voie son évolution : elle commence en étant plutôt timide et réservée et puis progressivement elle se lâche, elle devient de plus en plus rock et de plus en plus extravagante… Tout ça c’est très très amusant à faire, mais c’est touchy pour y arriver, pour que ce soit crédible. Il faut vraiment plonger dedans à fond et tout le monde a plongé à fond dedans, à commencer par Judith je pense, qui s’est bien amusée à faire ça. Y avait aussi cette idée de la voir à tous les âges, donc la question de la vieillir au point quel ait l’air d’avoir 80 ans et c’est vrai qu’en voyant Guy, le film d’Alex Lutz, je me suis rendu compte que quelqu’un de 40 ans pouvait jouer quelqu’un de 80 ans pendant tout un film et qu’on y croie, parce que maintenant les maquillages sont tellement évolués qu’on fait des espèces de masques en latex ride par ride, c’est hyper précis et on s’est amusés pour qu’elle ait une tête de vieille indienne.

  • Mais du coup vous mettez beaucoup d’éléments de votre vie dans vos personnages discrètement (le poster, la couleur verte, Bures-sur-Yvette…) ?

M.L : Oui mais ce n’est pas forcément intentionnel. Je pense que toute personne qui écrit s’amuse avec des éléments biographiques. Par exemple, pendant les premières versions du scénario, Anthony Denoël habitait dans un village des Vosges. Et puis quand on a préparé le film, ma productrice m’a dit « on va pas avoir les moyens d’aller dans les Vosges, d’amener toute l’équipe, donc il faudrait qu’on trouve une idée comme ça, de petit patelin, mais qui soit à 40 km de Paris » elle décrit le truc et je lui ai dit « ouais comme Bures-sur-Yvette » et ça s’est passé comme ça, c’était même pas dans le texte au départ. Et puis c’est vrai qu’on s’amuse à mettre des éléments qui sont destinés aux proches. Je sais que j’allais faire une projection à Bures-sur-Yvette et je sais qu’ils vont parler de tout ça, c’est marrant de mettre des trucs comme ça. C’est Truffaut qui disait « la règle des quatre tiers : un tiers autobiographique, un tiers puisé chez les autres, un tiers dans les journaux et un tiers de fiction pure ». Ça me va assez.

  • Et comment on fait techniquement pour reproduire toutes les époques en termes d’image ?
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©Pyramide Distribution

M.L. : C’est simple, avec Pierre Dejon, le chef opérateur, on a évidemment beaucoup regardé les archives de l’époque, et alors le truc le plus simple quand on veut faire des archives – mais j’avais déjà fait ça dans un autre film – c’est d’utiliser le même matériel. C’est-à-dire que quand on fait un clip des années 70 à la télé, c’est des caméras tri-tubes qui quand elles font un panneau laissent une zébrure, il y a des tas de trucs comme ça. Quand on fait le clip des années 80 style Rita Mitsouko, leur clip de Marcia Baila est tourné en 16 mm, donc on tourne en 16 mm. Finalement il suffit d’utiliser les mêmes techniques et retrouver le matériel et puis on n’a pas besoin de trafiquer l’image, elle est exactement comme elle était à l’époque. C’est hyper marrant parce que tout le monde s’amuse à tous les postes, chacun apporte sa petite contribution.

  • Et qu’est-ce qui a été le plus rigolo à faire ?

M.L. : Franchement je trouve que ce tournage a été globalement très rigolo, parce que tout le monde allait dans le même sens et tout le monde avait à cœur de créer cet univers. J’ai pris énormément de plaisir, dans les scènes de jeu par exemple, je me souviens de cette scène dans le dans le café entre Rebecca et Félix… Il y avait plein de choses vraiment très drôles à faire, évidemment aussi les archives avec Daredjane, franchement je n’ai pas envie de choisir, parce que je trouve que tout a été vraiment drôle.

  • C’est aussi un film sur l’admiration qu’on peut vouer à un ou une artiste. Au cinéma c’est souvent quelque chose qui apparaît de façon négative avec des figures de fans un peu dangereuses, comme dans Elle l’adore

M.L. : Oui il y en a plusieurs, il y a eu un film avec Agnès Jaoui et Karin Viard également [NDLR : Le Rôle de sa vie], mais je suis d’accord avec vous…

  • Mais dans Les Goûts et les couleurs c’est de l’ordre de l’élan créateur, de l’inspiration voire de la rencontre artistique. Est-ce que vous voyez ce rapport d’admiration de façon positive ?

« Je suis toujours très touché quand un artiste parle avec admiration d’un autre artiste »

M.L. : Oui, c’est important d’avoir des idoles, moi je trouve que c’est au contraire très positif, et d’être amené à travailler avec son idole c’est comme une espèce de rêve. Moi par exemple j’ai travaillé avec Jean-Pierre Bacri et franchement, ça a été quelque chose pour moi, de le rencontrer et tout d’un coup de passer de l’autre côté du miroir et de travailler avec lui, et de ne pas être déçu du tout en travaillant avec lui. Je trouve que c’est important d’avoir des admirations ; encore aujourd’hui, je suis toujours très intimidé quand il m’arrive de rencontrer quelqu’un dont j’admire le travail. Je voulais montrer ça aussi, la complicité entre elles deux, entre effectivement la fan et son idole, et qu’il n’y a aucune aigreur, y compris de la part de Daredjane, qui est plutôt contente et touchée que quelqu’un d’aussi jeune l’aime et s’intéresse à son travail. Je suis toujours très touché par ça, quand un artiste parle avec admiration d’un autre artiste. Je trouve que c’est toujours beau.

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©Pyramide Distribution
  • Si vous aimez Vincent Delerm, il y a beaucoup ça dans ses chansons, par exemple « Shea Stadium »…

M.L. : J’aime beaucoup Vincent Delerm et il a plein de chansons sur ça, comme « Vie Varda » ou « Shea Stadium, absolument. Mais Michel Berger aussi en a fait beaucoup sur d’autres artistes, comme « Ella, elle l’a ».

  • Mais alors, vous pourriez faire un film sur les Beatles ?

M.L. : Alors non, j’ai commencé à écrire mais ce n’est pas possible parce que d’abord, c’est un sujet trop… J’avais pensé écrire justement sur un personnage qui est incapable de choisir entre John Lennon et Paul McCartney, et qui devient complètement schizophrène, mais c’est trop pointu.

  • Après il y a aussi une question qui est celle du monopole du bon goût, qui réactive le clivage Paris/province ou Paris/banlieue. Est-ce que vous pensez qu’il n’y a qu’à Paris qu’on peut devenir artiste, comme le chemin qu’a fait Daredjane ?

M.L. : Non certainement pas, c’est pas du tout ce que je veux raconter. Je pense que la figure de Daredjane fait partie de ces artistes qui sont nés et qui ont grandi dans un endroit où ils se sont manifestement ennuyés et qui ont vu l’arrivée à Paris comme une espèce de libération. Ça je pense que c’est un schéma qui existe toujours, partir à Paris ou dans une grande ville, en tout cas dans un endroit où on quitte sa famille et on peut se réinventer ailleurs avec d’autres gens. C’est un schéma balzacien assez classique, mais pas spécialement à Paris, on peut se réinventer dans n’importe quelle ville, dans n’importe quel endroit. Mais si vous êtes apprenti comédien par exemple, et si vous habitez dans un petit patelin, il faut aller quand même dans un endroit où il y a des théâtres, des endroits où on peut pratiquer son art, où on peut en vivre, donc on est obligé d’aller au moins vers la ville. Et ensuite il y a quand même un milieu parisien, dans les médias, nous en cinéma on sait qu’il y a une espèce de triangle des Bermudes de la critique, de l’intelligentsia, et je sais très bien que moi j’aurai jamais une bonne critique dans les Inrocks ou dans Libé… qui sont pourtant les journaux que je lis.

« On renvoie dans ce qu’on dit aimer une image de qui on est »

  • Et qui pourtant politiquement ne devraient pas être si éloignés…

M.L. : Exactement. Je suis bien d’accord avec vous. Mais ce n’est pas du tout une amertume, c’est juste intéressant d’analyser ça. Je suis un genre de cinéaste humaniste qui, je pense, est porteur de valeurs que peut porter par exemple Libé dans ses pages sociétales et politiques, mais je ne peux pas être aimé dans les pages culture.

  • C’est fou !

M.L. : C’est là qu’on rejoint le film. Il y a quand même toujours, aujourd’hui comme hier comme avant-hier, ce qu’il est chic d’aimer et ce qu’il n’est pas chic d’aimer. Il y a toujours cette idée que quels que soient ses propres goûts, on renvoie dans ce qu’on dit aimer une image de qui on est.

  • En fait c’est une histoire de classes sociales…

M.L. : C’est beaucoup une histoire de classes sociales, d’univers culturel dans lequel on est et ensuite c’est aussi une histoire de ce qu’on a envie de projeter aux autres.

  • Justement le seul personnage qui ne chante que pour s’amuser, c’est Anthony, dont ce n’est pas le métier. Est-ce que vous pensez que c’est comme ça aussi dans le cinéma ?

« Il faut toujours garder une part de plaisir »

M.L. : Je fais tout pour être à la fois professionnel et m’amuser. Je pense que quand même quand on voit Marcia et Daredjane travailler ensemble, elles s’amusent, mais c’est une vraie question. C’est-à-dire que je pense qu’il faut toujours garder une part de plaisir, en tout cas c’est très important pour moi. Parce qu’effectivement s’il y a trop d’angoisse par rapport à ce qu’on en attend quand on fait un film, à la sortie du film, il y a toujours cette question de savoir si le jeu en vaut la chandelle. La musique, on peut très bien en faire en amateur, plein de gens le font et ont beaucoup de plaisir à le faire comme ça. Quand on le fait en professionnel, il faut quand même garder le sens premier, qui est le plaisir qu’on a à faire de la musique, si on le perd je ne vois pas pourquoi on continuerait.

  • Et en tant que spectateur, est-ce que vous pensez que le clivage dans le film entre musique pour danser et musique dite mélancolique, ça correspond à une opposition actuelle entre les films de divertissement qui font des entrées et un cinéma plus artistique ?

M.L. : Je crois qu’au fond on peut être un spectateur et aimer des choses très différentes, on peut aimer Onoda et une comédie populaire, tout dépend de l’humeur. C’est ce que je pense vraiment, l’un n’empêche pas l’autre. Maintenant effectivement on est vraiment dans une période où on est dans des chapelles et en plus on commence à faire des films destinés à un public précis, et ça c’est vraiment dangereux. Je pense qu’il ne faut pas aller par là. On fait un film qui va être destiné aux seniors, ou on fait un film destiné aux jeunes des quartiers populaires. Je pense que le cinéma ne doit pas être ça. La télé fait ça, la télé fait les programmes en fonction du public visé : à cette heure-là ils ont 65 ans et plus donc on va faire des programmes pour les 65 ans et plus… Le cinéma doit être toujours là pour surprendre et pour intéresser des gens qui a priori ne s’y intéressaient pas.

  • Une notion aussi qui traverse le film, c’est le respect. Le respect à la fois de l’artiste, de l’œuvre, des gens avec qui on travaille etc. Et pour vous, c’est quoi respecter un artiste ?
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©Pyramide Distribution

M.L. : Il me semble que la plupart des grands artistes sont transgressifs, c’est-à-dire qu’ils ne font pas ce qu’on attend d’eux. Et le problème et de Marcia et d’Anthony c’est que quand on se sent héritier, ou qu’on est héritier réel, elle le dit à un moment donné, on se doit d’être fidèle à la mémoire de quelqu’un, mais c’est pas évident. Être fidèle à la mémoire de quelqu’un de transgressif, logiquement ça devrait être être transgressif soi-même, donc c’est tout le paradoxe de cette histoire. Donc moi je trouve qu’il ne faut pas être trop fidèle à la mémoire des artistes, je pense que ça ne choque pas du tout de reprendre l’œuvre de quelqu’un et d’avoir envie de la transformer, à condition qu’il y ait une dimension artistique, pas que mercantile. Mais de vouloir en faire autre chose, est-ce que finalement ce n’est pas comme ça que les œuvres voyagent dans le temps ? En étant réinvesties par d’autres artistes ? On fait la 160e version des Trois Mousquetaires par exemple, très bien, pourquoi pas, et on peut faire la même chose en musique. Ce n’est pas une insulte à l’auteur d’origine, je trouve. Au fond, ce que fait Anthony avec Gary Wild (si ce n’est que Gary est un peu un escroc), finalement si des gens ont trouvé ça pas si mal, tant mieux !

Merci à Michel Leclerc pour sa conversation stimulante et son envie de partage.

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