L’inspecteur Clouseau, qui poursuit depuis vingt ans le Fantôme, apprend que le cambrioleur virtuose serait sur la piste de la « panthère rose », un diamant coloré qui appartient à la princesse Dala, partie aux sports d’hiver…
Movie Challenge 2022 : un film avec une course-poursuite
Auréolé de ses précédents succès dont Diamants sur canapé, quand Blake Edwards se lance dans le projet de La Panthère rose, il imagine une enquête à rebondissements mais sérieuse, dont le rôle du policier serait attribué à Peter Ustinov. Las, le futur Hercule Poirot décline, et le cinéaste se retrouve à proposer son Clouseau à Peter Sellers, scellant une collaboration fructueuse, mais aussi la révolution du projet.
Car Sellers a plein d’idées pour ajouter des gags partout, et les deux compères ajoutent même des caméras sur le plateau pour ne rien manquer des meilleures chutes de ce brave inspecteur, qui n’est pas, il faut le dire, le couteau le plus affûté du tiroir. Seulement, dans le scénario co-écrit avec Maurice Richlin, le protagoniste, celui sur les épaules duquel doit reposer toute la franchise de « la Panthère rose » si le film rencontre son public, ce n’est pas Clouseau-Sellers mais Lytton-Niven. D’ailleurs, dans la scène d’ouverture, c’est bien lui que l’on entrevoit, puis sa complice, madame Clouseau (Capucine). Clouseau arrive après seulement, et la fin qui lui est réservée ne laisse pas forcément envisager de suite autour de son personnage, alors qu’elle paraît toute tracée pour les amants criminels.
Le film qui résulte du changement d’acteur est donc tiraillé en permanence entre deux options. D’une part une histoire de gentleman cambrioleur, qui tourne volontiers la tête des femmes pour parvenir à ses fins, quitte à les alcooliser pour se faciliter la tâche – qu’importe l’ivresse pourvu qu’on ait le diamant ! – et s’offre quelques cascades en passant par les fenêtres. D’autre part l’enquête délirante d’un flic qui ne peut réussir que par chance et échouer par candeur. L’ensemble est de ce fait un peu décevant à tous points de vue, avec des baisses de rythmes notables pour un public contemporain, mais sans doute moins flagrantes en 1963. Il n’empêche, on ne boude pas son plaisir face à quelques passages d’anthologie, tels que la scène vaudevillesque des amants sous le lit ou la course-poursuite aux déguisements animaliers. On peut être plus mal à l’aise en revanche face à une Claudia Cardinale en princesse en proie à l’ivresse, dont la légende raconte que le cinéaste lui faisait inhaler du haschich pour accentuer son air perdu.
Malgré ses défauts, on doit reconnaître au film un statut de classique qui a fait date. D’abord en inaugurant une série de huit films dont six autour de Peter Sellers (décédé pendant le tournage d’À la recherche de la Panthère rose), qui a même connu un reboot en 2006. Mais aussi grâce à ce qui a le moins vieilli du film, son extraordinaire générique animé, mettant en scène le félin couleur de flamant symbolisant le diamant. La Panthère rose, dite « Pinky », connaît un tel succès dans cette brève séquence qu’elle réapparaît pour les génériques de plusieurs suites et obtient sa propre série d’animation, toujours associée au thème musical signé Henry Mancini.
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