Béquet, maire de droite, rencontre Molitor, écologistes, dans le but de le convaincre d’adhérer à son projet de village vacances à la place d’une forêt primaire. Il entraîne dans un bar à hôtesses, mais Sandra à autre chose en tête que de leur faire plaisir…
Après Effacer l’historique, le duo Delépine et Kervern revient à l’écran avec une nouvelle comédie dont le titre est également inspiré d’une expression contemporaine. La formule macronienne donne tout de suite la couleur de cette comédie politique, qui sort fort à propos pour les élections.
Plutôt que de traiter de la crise sanitaire, les deux cinéastes ont choisi de s’emparer de la question des clivages politiques, en particulier autour de la dimension écologique, elle aussi sujet majeur dans l’actualité. Le projet qui oppose les deux politiciens est celui d’un village vacances qui souscrit au code du greenwashing : prétendument autonome grâce à ses panneaux solaires et créateur d’emplois verts, il est surtout l’occasion de détruire une forêt primaire pour des raisons de profit économique.
Mais il y a en réalité plusieurs films dans En même temps, et à côté de celui sur le conflit écologique qui oppose Béquet et Molitor, on trouve toute une réflexion sur le militantisme féministe, porté par le groupe d’action Les Colle Girls. Leur petite bande, menée par la fabuleuse India Hair, compte aussi dans ses rangs Jehnny Beth, parfaite avec son look rock, et pose grâce au personnage de Doully des questions majeures sur les moyens d’action acceptables. C’est grâce à elles que l’élément perturbateur arrive, et malgré une façon de se moquer de leur langage inclusif, les scénaristes sont de plus en plus clairement de leur côté à mesure que le long-métrage avance. C’est d’ailleurs sur leurs dernières actions que le film se clôt, après avoir laissé ses personnages masculins. Paradoxalement au vu du sujet du film, entre ces deux arcs narratifs, quelque chose ne colle pas. Les personnages féminins sont intéressants car nuancés, avec des conversations de fond sur des points précis, et un usage de la comédie au service d’un propos engagé. Leurs scènes font mouche, à la fois parce qu’elles interpellent et qu’elles font rire.
En revanche, tout le périple façon road trip local des deux politiciens est beaucoup plus laborieux. Certes, à première vue, le duo Cohen–Macaigne incarne facilement l’opposition entre une droite opportuniste tentée par les extrêmes et une gauche écologiste croyant en ses valeurs mais manquant de confiance pour les rendre séduisantes aux yeux de la population. Cependant, cette histoire de collage tend à tout tourner au grotesque et au ridicule. Pas franchement drôle, et plutôt lourdingue, leur réunion forcée aboutit à un mariage politique contre-nature et peu crédible, d’autant plus que l’évolution des personnages ne réussit pas à être progressive sur la durée. Jonathan Cohen en particulier passe en un clin d’œil du pur connard de droite, raciste et irrespectueux envers les femmes, à un type capable d’émotion et de sensibilité envers la nature, avec une rapidité qui même pour une comédie ne peut convaincre un instant. Vincent Macaigne s’en sort mieux, dans une veine de loser maladroit mais pas méchant qu’il connaît bien.
Les scènes les plus intéressantes sont finalement celles où le duo est à l’arrière-plan et qui laissent le devant de la scène à des personnages secondaires inégaux. Autant l’apparition de François Damiens ne sert à rien, autant Laetitia Dosch en sophrologue offre un des rares vrais moments de rigolade. Surtout, la meilleure idée du film, c’est sans doute ce groupe de policiers qui font mentir les généralités désabusées du personnage de Jehnny Beth. On aurait aimé voir développés tous ces à côtés pertinents, bien plus que l’intrigue autour de ces deux personnages principaux pour lesquels les réalisateurs semblent vouloir forcer la sympathie.
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