« Women Do Cry », toutes unies contre le virus

Deux sœurs ont des relations conflictuelles, mais quand la plus jeune craint d’être infectée au VIH, la famille se ressoude autour d’elle…

Avec sa binôme Mina Mileva, Vesela Kazakova embarque ses sœurs dans un film dont l’origine est l’idée de Bilyana (sa jumelle dans le film) d’écrire une œuvre autour de son expérience de dépression post-partum. C’est en effet un des aspects que traite ce film qui s’attache à évoquer une famille presque exclusivement féminine, ce qui permet d’aborder de nombreuses questions liées à la condition des femmes.

En Bulgarie, point de mouvement de colleuses, ce sont les Parisiennes qui ont inspiré aux réalisatrices l’hommage que constitue la typographie du titre et des crédits du film. Ce symbole de sororité représente bien le mouvement qui va rapprocher au cours de l’intrigue des femmes d’une même famille d’abord si éloignées par leur quotidien, leurs opinions, leurs querelles, qu’on ne sait pas lorsqu’on les découvre individuellement qu’elles sont liées par le sang.

Le drame semble survenir dans la famille lorsque la plus jeune est infectée au VIH par son partenaire régulier, qui lui avait caché son statut sérologique en plus de sa condition d’homme marié. Tout le parcours entre l’information du risque et l’annonce de la séropositivité est filmé de façon quasi documentaire et extrêmement prenante voire traumatisante, car on se rend compte que c’est le monde qui s’écroule. Plus tard, la réaction d’un professionnel de santé, totalement abjecte et illégale, prouve à quel point le SIDA peut encore est un critère de discrimination envers les personnes atteintes : pour Sonja, il y a donc un double risque, celui d’une mort physique mais aussi, avant cela, d’une mort sociale.

Mais en réalité, le drame rôde déjà dans cette famille, sous la forme de non-dits et de rancunes. À chaque génération, les sœurs se déchirent et font preuve d’incompréhension mutuelle, ce qui cache un amour prêt à s’exprimer dans la difficulté. La jeune mère fait mine de se plaire dans son rôle de femme au foyer mais est au bord de la rupture face à son bébé que son mari – qu’on ne verra jamais à l’écran – ne vient jamais prendre en charge. Sa jumelle n’accepte pas de la voir sacrifier sa carrière et son indépendance, elle qui en tant que lesbienne a accepté d’être en marge des attentes de la société normée. Et puis il y a l’unique figure masculine, celle d’un grand-père et père honni pour les mauvais traitements infligés à la grand-mère disparue. Comme dans la constitution du pays, donner la vie est un aspect essentiel de la vie des femmes, comme en témoigne les cigognes qui ponctuent le long-métrage, de son ouverture à sa clôture. Elles constituent une forme de porte-bonheur, une autre croyance que celle dans laquelle Sonja se réfugie, une religion quasi-primitive à base d’offrandes dans la forêt.

Très pur et simple dans son traitement à l’image, proche du documentaire, mais fin dans sa narration et son montage qui alterne les histoires jusqu’à les rassembler, Women Do Cry est un film douloureux mais réconciliateur, entre femmes, mais aussi peut-être avec les hommes quand ils savent délaisser leur violence.

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