Anthony cherche des sujets pour les œuvres qu’il présentera lors d’une expo. En s’intéressant au passé de son quartier, Cabrini-Green, il découvre l’histoire d’Helen Lyle et de Candyman…
Movie Challenge 2022 : un film d’horreur
Non, ce n’est pas un remake comme annoncé jusque sur sa page Allociné. Nia DaCosta et Jordan Peele s’associent pour donner une nouvelle vie à l’œuvre de Bernard Rose, inspirée du personnage de Clive Barker, mais entre le film de 1992 et celui de 2021, on est bien plus dans une forme de filiation avec évolution de la perspective que dans un pur remake. Et pour preuve : le film de Rose est largement cité dans celui de DaCosta, qui constitue plutôt une forme de suite.
Et une suite d’autant plus intéressante dans le choix de ce qu’elle conserve et de ce qu’elle fait évoluer. On retrouve par exemple l’acteur Tony Todd dans le costume de Candyman, ce qui constitue l’un des éléments de filiation les plus notables entre les deux films. Mais aussi le lieu emblématique de Cabrini-Green, la cité dans laquelle Bernard Rose situait son film, qui dénonçait déjà les pouvoirs publics pour avoir laissé le quartier à l’abandon, gangrené par la violence des gangs. On retrouve également la profession de peintre, celle de Daniel Robitaille, l’origine du Candyman, qui est également ici celle d’Anthony, le protagoniste du film.
Un protagoniste noir, ce qui change nécessairement le récit par rapport à l’œuvre originelle, où l’on suivait une jeune thésarde blanche, Helen Lyle, dans son intérêt pour les légendes urbaines. Cette fois-ci, les scénaristes appartenant à la communauté noire ont pris le parti de suivre un de ses représentants, ce qui permet de sortir du clivage personne blanche possédée/esprit noir possesseur. S’il y a des personnages blancs dans le film, ils sont largement secondaires, et surtout du côté des victimes, et leur sort peut apparaître comme une forme de punition de leur arrogance ou de leur racisme. Avec ce nouveau Candyman, il y a une forme de revanche de la communauté noire face aux violences systémiques américaines. Ainsi, la figure de Candyman se démultiplie, et le personnage de Colman Domingo incarne la mémoire de ces traumatismes répétés. Loin d’abuser du gore, le film recourt à un magnifique travail de marionnettes en papier découpé pour illustrer tous les récits de meurtres de Noirs apparentés à la figure de Candyman à travers les époques. La tradition orale s’accompagne fort bien de cette mise en image elle aussi très ancienne, dont le rendu esthétique est particulièrement réussi.
Le film est d’ailleurs plastiquement très beau, aussi bien dans ses lumières et son emploi des miroirs, plus poussé que dans le premier où ils servaient juste à l’invocation, que dans son body horror soigné et ses œuvres d’art signifiantes. Très beau également à un autre niveau le couple Teyonah Parris/Yahya Abdul-Mateen II, dont la fin alternative renforce le lien. Les deux comédien(ne)s font preuve d’une belle palette de jeu et sont attachant(e)s.
Ce qu’on pourrait reprocher au long-métrage, c’est d’avoir voulu dire trop de choses en à peine 1h30. Les arcs narratifs autour de l’enfance des deux personnages centraux, en particulier, rajoutent une complexité dont la lisibilité du scénario se serait bien passée. Cette surexplication alourdit le propos et lui fait perdre de son symbolisme universel par des histoires de filiation tarabiscotées. C’est dommage car le film y trouve une sorte de ventre mou alors qu’il commence et finit avec un panache remarquable.
Partenariat Cinétrafic.
La fiche du film sur Cinétrafic : https://www.cinetrafic.fr/film/57875/candyman
En Blu-Ray, 4K UHD, DVD et VOD le 16 février chez Universal Pictures France (Facebook, Twitter).
Grande richesse de bonus : fin alternative, scènes coupées, explications sur les marionnettes, la musique, les œuvres d’art présentes dans le film, entretien avec la réalisatrice, discussion autour des traumatismes de la communauté noire…
lilylit.wordpress.com 
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