« Red Rocket », le Mikey revient, il est toujours vivant

Mikey Saber, ancienne gloire du porno, rentre au Texas sans un sou et demande à sa femme, dont il est séparé de longue date, de l’héberger. Il se lance dans le trafic de drogue pour participer au loyer…

Sean Baker, grand habitué de Deauville, est revenu cette année au Festival avec Red Rocket, son nouvel opus qui met en scène un type sur le retour, magouilleur et menteur qui parvient plus ou moins toujours à ses fins. Simon Rex excelle en loser magnifique, le genre de type infect qu’on a envie de claquer au bout d’à peu près deux minutes deux films, arrivant à convaincre à toute force son ex et la mère de celle-ci de le laisser s’incruster chez elles le temps de retomber sur ses pattes.

Fainéant, impudique, égocentrique, le personnage a une faculté surprenante à embobiner son monde avec un mélange de charme et de pitié, qui fonctionne particulièrement bien puisqu’il agit autant sur son ex Lexi (Bree Elrod) que sur la dealeuse du coin qui accepte de lui faire confiance, ou encore sur le voisin qui semble si fasciné par le personnage qu’il accepte de le trimballer partout en voiture sans monnaie d’échange.

On pense qu’on va assister à la chute du personnage après une combine ou un mensonge de trop, mais à l’instant où on s’imagine que tout pourrait mal tourner, c’est un petit miracle qui se produit : la rencontre avec la très jeune et très jolie vendeuse de donuts (Suzanna Son). En quête d’amusement et rêvant d’Hollywood, la jeune fille se laisse extraordinairement embobiner et séduire par le quadra maladroit, à base de jeux de mots nuls sur les donuts. Leur liaison est en soi un cadeau de la vie inattendu pour Mikey, mais celui-ci voit en elle un moyen de relancer sa carrière et de se faire de l’argent en faisant d’elle la nouvelle star du porno. Et parce qu’il a décidément une chance insolente, elle se montre réceptive au projet.

Dans un univers alliant baraques délabrées de l’Amérique profonde des laissé(e)s-pour-compte et bâtiments pimpants et pastels pour coller à l’univers de Strawberry, le film narre la rencontre improbable de deux mondes en une sorte de fable sur un type qui, comme le matou qui revient toujours vivant, se révèle increvable et résistant à tous les coups du sort. Sans s’embarrasser de morale, ce portrait décomplexé nous embarque à la suite de ce personnage assez fascinant bien qu’insupportable.

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