« Scarlett », autant en rapporte d’argent

David O. Selznick accepte sur l’insistance d’une collaboratrice d’acheter les droits d’adaptation cinéma d’un roman à paraître, pavé d’une autrice inconnue du Sud des États-Unis, Margaret Mitchell… 

Le journaliste et romancier François-Guillaume Lorrain, spécialisé dans les sujets historiques, s’empare ici d’un monument de l’histoire du cinéma américain et retrace les coulisses de la création d’une des œuvres les plus cultes du septième art, Autant en emporte le vent.

Depuis l’éditeur qui découvrit Margaret Mitchell, jusqu’au triomphe aux Oscars et au rachat des parts de David O. Selznick par la MGM, véritable gagnante économique de ce succès phénoménal, l’auteur narre en détails toutes les étapes qui ont mené à la création de ce film de plus de quatre heures. Le point de vue omniscient lui permet d’accompagner les différent(e)s protagonistes, même si l’essentiel du livre est concentré autour d’un homme, David O. Selznick, fils d’un producteur qui avait dû mettre la clé sous la porte, bien décidé à redorer le blason de son nom. En poussant la porte de ce milieu de tractations sans fin entre meilleurs ennemis, Lorrain nous rappelle le très réussi Derniers feux sur Sunset. Si Fitzgerald est expédié en quelques lignes dans Scarlett, on retrouve quelques personnages et épisodes de l’époque et surtout ce milieu de paillettes où l’on n’hésiterait pas à se planter un couteau dans le dos à la première occasion.

Il faut s’accrocher pour entrer dans le récit, qui commence par un prologue pas vraiment nécessaire qui commence par nous embrouiller l’esprit avec pas mal de noms propres. On conseillera d’ailleurs volontiers de se faire une petite fiche mémo pour identifier les différents personnages si l’on doit étaler sa lecture. Mais une fois que l’on prend pied dans l’univers hollywoodien, le récit a quelque chose de passionnant, en particulier dans sa deuxième partie, construite comme la quête de la parfaite Scarlett. Mélange de stratégie de communication, de volonté de trouver la candidate correspondant le plus à la description du roman ou aux intérêts politiques autour du long-métrage, et d’une forme d’intuition du producteur, qui attend l’évidence, cette recherche est également dépeinte du point de vue de Vivien Leigh, l’Anglaise intimement persuadée depuis sa lecture du roman que le rôle est pour elle.

Pour les amoureux/ses de l’œuvre originale, le livre peut aussi bien constituer un merveilleux complément qui leur permettra d’en apprendre bien plus sur les coulisses du tournage, les effets spéciaux, l’entente entre les membres du casting, qu’une forme de blasphème qui altère l’image altière d’Autant en emporte le vent pour en montrer les trente-six versions du scénario, bricolé à toutes les sauces, les débats autour de l’emploi de termes racistes, le changement de réalisateur pour mettre en place un homme de paille capable d’encaisser la présence oppressante du producteur, décidé à s’immiscer dans la moindre décision. Derrière la façade de la création d’une œuvre artistique, il y a de fait bien plus de décisions financières et de questions d’orgueil plus ou moins bien placé que de passion pour l’art et d’expression créative.

Plutôt fluide et bien construit en dépit du grand nombre de parties prenantes, le récit se lit aussi avec intérêt sans avoir vu le film, pour peu que l’on ait du goût pour le monde du cinéma et ses coulisses ou pour l’histoire de l’Amérique.

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