« The Card Counter » : time to pay

William Tell a profité de ses 8 ans de prison pour apprendre à compter les cartes. À sa sortie, il gagne sa vie au jeu, jusqu’au jour où on lui propose un sponsor et où il rencontre un jeune homme qui lui rappelle son passé…

Paul Schrader revient aux affaires avec un nouveau thriller qui met en scène un homme qui cumule deux particularités : un passé trouble et un talent particulier pour les jeux d’argent. En particulier le blackjack, dont les règles nous sont expliquées en détail à l’écran. Le premier sujet du film semble donc le milieu du jeu, dont on imagine que l’adhésion potentielle à un sponsor, qui comme l’explique le personnage d’Oscar Isaac le met dans une situation d’endettement, va constituer l’enjeu principal. Mais à cela s’ajoute la raison de l’incarcération de William : il a participé en tant que militaire à des exactions sur des prisonniers, sous l’égide d’un commandant qui a lui échappé à toute poursuite. 

Ces deux thématiques qui n’ont a priori rien à voir s’entremêlent à partir de la rencontre de William avec le jeune Cirk (Tye Sheridan), qui à une conférence sur la sécurité donnée dans un hôtel-casino, reconnaît un homme qui aurait côtoyé son père. Alambiqué sur le papier, le scénario s’écrit finement en louvoyant entre les deux univers. Petit à petit, la tension monte, à mesure que les révélations surgissent et qu’on se demande jusqu’où les personnages seront prêts à aller. Vengeance et rédemption sont les deux faces d’un même destin qui s’apprête à s’abattre sur les personnages, à chaque décision prise. Des sentiments complexes finissent par lier les trois personnages principaux, Will, son sponsor (Tiffany Haddish) et Cirk. 

L’autre grande réussite du film, c’est son esthétique, qui rend parfaitement l’ambiance de la vie nocturne des casinos, jusqu’à la scène superbe dans le parc tout illuminé d’ampoules multicolores, mais aussi l’aspect glauque de la vie militaire avec les salles de tortures, qui peuvent rappeler les exactions vues récemment dans Désigné coupableDans un effet de caméra 360, le lieu prend des allures de cauchemar, adéquates pour laisser sous-entendre ce qui s’y trame. La torture n’est jamais montrée totalement frontalement, et ce qui reste hors-champ est presque plus horrible que ce que l’on voit. Bien équilibré, original et porté par des interprétations de haut vol, The Card Counter est un retour réussi pour Paul Schrader.

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