

Un sculpteur spécialisé dans le travail de la cire espère de nouveaux investisseurs pour son musée. Mais son associé, désireux de récupérer ses fonds, met le feu aux statues de cire et le laisse pour mort dans l’incendie…
Movie Challenge 2021 : un remake ou un film ayant été objet de remake
Si Casablanca est extrêmement connu et souvent considéré comme un des fleurons du cinéma, on connaît moins certaines autres œuvres de son réalisateur, Michael Curtiz. L’homme s’est pourtant essayé à des genres variés, parmi lesquels le péplum mais aussi le film horrifique. C’est ici le cas avec Masques de cire (Mystery of the Wax Museum). Le scénario co-écrit par Carl Erickson et Don Mullaly s’appuie sur une nouvelle jamais publiée, et connaît un tel succès que le film est l’objet de plusieurs remakes, dont le plus proche en date est L’Homme au masque de cire, sorti en 1953 soit vingt ans après le film de Curtiz.
C’est André de Toth, spécialisé dans le western et partageant avec Curtiz une origine hongroise, qui s’empare d’un scénario remanié par Crane Wilbur. Et ce qui frappe à visionner les deux longs-métrages, c’est leurs très grandes similitudes, notamment dans l’illustration visuelle des scènes-clés de l’intrigue.
D’emblée, le personnage du sculpteur sur cire (Ivan Igor incarné par Lionel Atwill/Henry Jarrod par Vincent Price) a un look identifiable, avec sa moustache et sa barbiche. On le voit présenter ses statues aux investisseurs potentiels en conversant avec les œuvres inanimées, employant dans les deux films quasiment les mêmes répliques au mot près. Il est tout de même amusant de constater que si Jeanne d’Arc ou Marie-Antoinette, qui tiennent une place prépondérante dans le mystère, sont présentes des deux côtés, Voltaire a été remplacé par l’assassin de Lincoln, et un effroyable pendu a été ajouté dans une galerie des tortures comprenant une guillotine dont un usage particulier est envisagé. La bagarre suivant le départ de feu et tout l’incendie sont filmés de façon très proche, avec des gros plans sur la fonte des figures de cire qui confère déjà aux longs-métrages une atmosphère inquiétante. De même la scène de résolution impliquant une grande cuve de cire et une installation en sous-sol avec des escaliers et passerelles est très semblable dans son décor comme dans les angles de prise de vue choisis et la composition des plans.
Ce qui distingue le film de Curtiz de son premier remake, c’est le scénario qui inclut un plus grand nombre de personnages, et choisit de faire mener l’enquête par une jeune journaliste, Florence (Glenda Farrell), qui n’existe pas dans la version de 1953. Alors que la jeune femme cherche un bon sujet pour son rédac’chef et n’hésite pas à se mettre en danger, aux côtés d’un jeune héritier accusé d’avoir « suicidé » sa petite amie, de Toth choisit de mettre en avant la colocataire de la première victime, Sue (Phyllis Kirk), dont le rôle fusionne partiellement avec celui de l’amie de Florence, Charlotte (Fay Wray). La conséquence de ce changement de personnages est que les honneurs d’avoir démasqué le coupable ne reviennent pas aux mêmes personnages. Dans le premier cas, la pétillante Florence, qui apporte une touche de fantaisie et dynamise le long-métrage, doit à son audace, parfois maladroite, de sauver la situation. Dans le second, c’est la police qui vient résoudre l’affaire, mise sur la piste par Sue et son compagnon Scott (Paul Picerni). En dépit d’un aspect plus appuyé dans le glauque, notamment avec la guillotine mais aussi avec un travail des ombres et mouvements dans les ateliers, et avec un plus grand réalisme dans la figure du mystérieux meurtrier, le deuxième film est quelque part plus conventionnel, même si on apprécie la scène de l’ouverture du musée au public avec ses numéros et automates. La relation chien-chat de Florence avec son rédac’chef et sa façon de mener la danse même vis-à-vis de la police donnent une certaine fraîcheur au film de 1933, qui bien qu’en Technicolor avec une moins large palette de couleurs, paraît largement aussi vivant.
À noter que cette histoire a connu d’autres remakes, notamment un film franco-italien en 1997 (Le Masque de cire de Sergio Stivaletti) et un film australo-américain en 2005, qui ne garde que le décor du musée de cire (La maison de cire de Jaume Collet-Serra).
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