Chéries-Chéris 2021 bis – Wojnarowicz : fuck you faggot fucker, Mía y Moi

Wojnarowicz : fuck you faggot fucker

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David Wojnarowicz se fait connaître dans les années 70-80 par ses multiples propositions artistiques relevant de la peinture, du collage, de la photographie, de la vidéo, mais aussi de la musique et de l’écriture…

Le réalisateur Chris McKim s’attache à la figure d’un des artistes phares de la décennie 80 aux États-Unis, David Wojnarowicz qui après une enfance maltraitée qui le mène jusqu’à la rue, se révèle comme une des figures proues du mouvement alternatif de l’East Village.

Le jeune homme, pourtant relativement entouré par son frère et sa sœur, apparaît pour plusieurs figures artistiques de l’époque, comme une sorte de diamant fragile à protéger et accompagner. On peut d’ailleurs entendre dans le documentaire en voix off les témoignages de plusieurs de ses ami(e)s du milieu de la photo ou de la peinture, avec lesquel(le)s il a collaboré. Parmi ses plus proches, à la fois humainement et professionnellement, le photographe Peter Hujar, qu’il considère en quelque sorte comme son alter ego et qui lui sert aussi de modèle pour son premier tableau exposé en juin 1982.

Le documentaire retrace le parcours éclair de David Wojnarowicz, avec une ascension fulgurante et des expositions de plus en plus importantes, à l’aide d’un mélange d’images d’archives, d’extraits de ses œuvres vidéos ou de conversations audio et monologues enregistrés, une superposition de tableaux mais aussi de portraits photos de l’artiste et de phrases tapuscrites retraçant les grandes lignes de sa carrière et de sa vie.

Pas facile de rendre justice à toutes les facettes du travail de l’artiste, à la fois auteur (il a notamment publié Sounds in the distance, un recueil de monologues), chanteur dans le groupe 3 Teens kill 4, réalisateur, peintre mais aussi homme engagé. Si son homosexualité lui apparaît d’abord comme une chose qui le sépare du monde (« J’ai vraiment essayé d’être normal et d’être accepté, d’une certaine façon c’était une terrible perte de temps. »), l’homme finit par combattre The American Family Association et devenir militant.

Hélas dans les années 80, le SIDA fait des ravages et David, comme Peter et d’autres de leurs proches, n’échappe pas au virus. À travers son parcours c’est aussi un portrait de la communauté gay dans ces années noires où la maladie décime les rangs à 5 ans d’espérance de vie que Chris McKim offre comme un devoir de mémoire.

À voir au mk2 Beaubourg samedi 27 novembre à 17h30 et lundi 29 novembre à 11h50.

Mía y Moi

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Après le décès de leur mère, Mía est rejointe dans la maison familiale au milieu de la campagne par son frère Moi, en pleine dépression et accompagné de son petit ami Biel. Alors que tous trois commencent à trouver leurs marques, survient Mikel, l’ex de Mía…

Borja de la Vega a travaillé comme distributeur, puis comme agent d’acteurs/trices, avant de se lancer parallèlement dans la réalisation. Avec son premier film, il crée un huis clos en deux temps pour évoquer les liens familiaux et en particulier celui qui peut unir un frère et une sœur.

Le premier moment du film consiste à nous présenter les trois personnages et à laisser le temps à leurs relations de se développer dans le cadre bucolique éloigné de tout (l’isolement étant symbolisé par l’absence de réseau, à moins de grimper en haut d’une échelle à un point précis du jardin). Mía et Moi se retrouvent après un temps l’un sans l’autre, dont on ne sait pas précisément la durée. Mía demande à Biel des nouvelles de son frère, et c’est grâce à ce personnage de « pièce rapportée » que nous spectateurs/trices pouvons apprendre des éléments du passé. En effet, aucun flashback ne vient illustrer l’enfance, la jeunesse des protagonistes, ni même ce qui est arrivé à Moi. Tout ce qu’on sait, c’est ce qui se dit dans des conversations souvent à demi-mots, Biel faisant remarquer que Mía et Moi partagent un caractère taiseux. Il plane sur cette première moitié du long-métrage un mélange de douceur et de sourde menace. D’un côté, des moments de complicité, de tendresse, par exemple lorsque Mía met une chanson italienne. De l’autre, une tension permanente autour de l’état de Moi, que les deux autres couvent comme s’il risquait d’attenter à sa vie à tout instant.

L’arrivée de Mikel fait basculer l’intrigue dans une sorte de réécriture du Théorème de Pasolini. Sûr de lui, manipulateur, le personnage incarné par Joe Manjón (qu’on avait pu remarquer dans Eva en août), est en opposition avec Moi (Ricardo Gómez). Il s’amuse à narguer le jeune homme dont il sait qu’il n’est pas apprécié, et dans le même temps opère un rapprochement avec Biel, qui essaye d’alléger l’atmosphère en se montrant sympathique avec tout le monde. Les obsessions des personnages, dont la caméra capte les regards en coin et les rapprochements physiques pas toujours désirés, tendent un filet qui ne pourra se rompre que violemment. Si l’on peut voir venir la fin, les interprétations sans faille et la photographie léchée, assortie d’un sens du cadrage servant la narration, font de Mía y Moi un premier film très prometteur.

À voir au mk2 Beaubourg dimanche 21 novembre à 9h15 ou jeudi 25 novembre à 19h55.

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