Ella vit une enfance heureuse jusqu’au décès de sa mère. Des années plus tard, le père de la douce jeune fille se remarie à une veuve, Lady Tremaine, déjà mère de deux filles. À la mort de son époux, celle-ci fait d’Ella sa domestique…
Movie Challenge 2021 : un film inspiré d’un conte
Certes, il y en avait eu quelques autres avant, comme l’excellent 101 Dalmatiens, mais Cendrillon marque avec Maléfique le début de la grande vague des Disney live action, des films plus ou moins copiés sur les dessins animés classiques de notre enfance. Alors qu’une douzaine de films en prises de vue réelle sont en projet, retour sur l’un des premiers longs-métrages du genre.
À l’origine prévu pour être réalisé par Mark Romanek (Never Let Me Go) avec Emma Watson dans le rôle-titre, le film subit le départ du cinéaste pour cause de divergences de vues et le refus de l’actrice, qui incarne finalement Belle quelques années plus tard. C’est à Kenneth Branagh, plutôt habitué des transpositions à l’écran des pièces de Shakespeare, et à Lily James, alors surtout connue des fans de Downton Abbey, qu’échoient leurs places.
Le réalisateur s’appuie sur un scénario de Chris Weitz (que l’on choisit de retenir davantage comme scénariste de Pour un garçon que comme réalisateur d’American Pie ou de l’adaptation d’À la croisée des mondes), qui se démarque légèrement du film d’animation de 1950. En effet, le début du film remonte à l’enfance de la protagoniste, un élément inhabituel de l’intrigue mais qui permet de nous présenter son lieu de vie, un charmant manoir champêtre, et ses parents, en particulier sa mère, dont elle tient sa blondeur, son large sourire et ses valeurs : courage et bienveillance. Ce mantra que la jeune femme lègue à son enfant devient presque une formule magique, qui permet à Ella de tout surmonter mais aussi de transmettre sa bonté à ceux et celles qui l’entourent, pour peu qu’ils/elles veuillent bien l’écouter.
Le casting est relativement investi et à peu près convaincant : Lily James n’est peut-être pas le choix le plus parfait en Cendrillon mais elle s’en acquitte avec une certaine grâce, et porte bien la robe de bal aux multiples couches vaporeuses. Sa tendresse envers les jolies petites souris numériques et autres animaux de la propriété est ce qui la rend la plus sympathique. Le prince Richard Madden est assez peu caractérisé, dans un rôle masculin un peu plante verte, et Cate Blanchett incarne une marâtre mauvaise à souhait mais qu’on aurait aimé voir un peu plus développée. Les deux demi-sœurs Javotte et Anastasie sont l’objet de gags sur leur bêtise et leur ambition, et leurs tenues ridicules aux couleurs attribuées apportent un certain amusement visuel. En marraine la bonne fée, Helena Bonham Carter prend le contre-pied de l’imagerie sombre de Burton, dans laquelle on l’a si souvent vue, avec une magie blanche assortie à sa robe et un sens de l’improvisation qui fait mouche. Les scènes de transformation et « dé-transformation » sont d’ailleurs les plus réussies et marquantes de l’ensemble.
Car ce qu’on pourrait reprocher au film de Kenneth Branagh, c’est d’être très lisse, un peu trop. Décors et costumes sont très chargés, en particulier la salle de balle qui croule sous les dorures, les lustres, les bouquets, et les robes chamarrées. Les anachronismes vont bon train dans les tenues (le peignoir léopard de la marâtre, par exemple), sans que cela fasse vraiment rire. On veut en mettre plein la vue, mais la réalisation reste très sage, avec peu de prise de risque ou d’originalité. Quelques plans ont tendance à faire passer la caméra derrière les sources lumineuses comme les bougies, éclipsant les personnages, sans qu’on comprenne bien l’intérêt du procédé. Mais s’il se regarde sans déplaisir, le film manque de poésie, de magie, de danger et d’exaltation, bref de ce qui fait le sel des contes, qu’on les préfère lumineux chez Perrault ou sombres chez Grimm. Un peu plus d’audace et de folie n’auraient pas nui à ce projet, pour que le remake en prise de vue réelle présente un vrai intérêt.
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