« Ainbo », une amazone en Amazonie ?

Alors que sa sœur de cœur s’apprête à recevoir le collier qui fera d’elle la cheffe du village, Ainbo rencontre deux esprits guides farceurs qui veulent l’aider à sauver sa communauté d’une mystérieuse menace…

« Princesse, combattante, aventurière », proclame l’affiche française de ce long-métrage d’animation péruviano-néerlandais. La promesse est claire, celle d’une héroïne forte, qui cumule des qualités de sang (« princesse ») et de courage (« combattante, aventurière »). L’équipe au scénario a-t-elle rempli le contrat ?

Oui et non. D’emblée, on se trouve face à un personnage féminin qui se présente à voix haute comme la meilleure des chasseuses… avant de se prendre à son propre piège. Si le gag peut amuser les petit(e)s, il est tout de même assez signifiant, d’autant que dans la suite de l’intrigue, Ainbo sera surtout caractérisée par une particularité, celle de faire voler ses flèches toujours très loin de la cible (quand elle ne les égare pas purement sans s’en apercevoir). On comprend également très vite qu’elle n’est pas du sang de la famille dirigeante, qui l’a adoptée bébé dans des circonstances mystérieuses. La « vraie » princesse, c’est Zumi, un personnage secondaire, qu’on ne voit donner un ordre que pour que le destinataire lui désobéisse.

Il y a tout de même des qualités chez ces deux jeunes filles : de la persévérance, un attachement à leurs racines et à leur cadre de vie. Certains éléments de l’intrigue rappellent des œuvres de l’écurie Disney : Pocahontas (pour l’importance de l’arbre et la romance entre une native et un étranger), Frère des ours (pour la présence des esprits et la relation de quasi-fraternité), Vaïana (pour le personnage de jeune fille choisie des divinités pour sauver son peuple). On se sent donc assez « comme à la maison » dans cette intrigue qui fonctionne comme une quête par paliers, chaque étape atteinte en entraînant une autre, le plus souvent avec pour mission d’obtenir un objet ou de rencontrer un personnage. La galerie animalière est assez réussie, permettant de présenter au jeune public la faune de la forêt amazonienne sous une forme ludique.

Car si l’intrigue n’est pas follement originale, le film vaut surtout pour l’aspect pédagogique de son message écologique. Associer une histoire traditionnelle de malédiction et d’esprits, qui joue sur les codes classiques du genre, avec une fable contre la déforestation et l’enrichissement des colons blancs sur le dos des populations locales est une idée qui fonctionne assez bien, déjouant même sur la fin un certain manichéisme, quitte à manquer de cohérence dans la psychologie des personnages. Mais sur ce point on ne fera pas trop la fine bouche, car on est clairement face à un long-métrage destiné à un public très jeune, sans double lecture humoristique ou méta à destination des adultes. De ce point de vue, le contrat est plutôt rempli, avec de l’aventure, des gags, de l’émotion, des valeurs sur la famille et la préservation du patrimoine naturel, et un environnement visuel fort sympathique. La réalisation de Richard Claus et Jose Zelada est assez dynamique, on ne s’ennuie pas en suivant les diverses péripéties.

Ce qu’il manque à cet opus pour être une pleine réussite, c’est vraiment de coller à la promesse de son affiche sans la dévoyer. Car en dépit de sa bonne volonté, Ainbo n’est ni une combattante très émérite (elle a toujours besoin d’un soutien pour toucher sa cible), ni une aventurière très maline (elle sollicite tout le temps les esprits guides quand bien même elle répète que c’est « sa » quête et se fait attraper par son ennemi dès qu’elle se retrouve seule). Son bon cœur et son attachement à sa famille sont des qualités assez classiquement associées aux femmes, bref, il lui manque un vrai côté badass comme celui d’une Mulan par exemple, qui malgré des maladresses au départ finit par connaître de vrais succès guerriers. Il y a de la bonne volonté dans cette histoire qui met en avant beaucoup de personnages féminins positifs (on peut parler aussi de la génération des mères et de la déesse-tortue) mais l’exécution manque un peu de force pour aller au bout du projet. Reste un divertissement mignon et sympathique pour se dépayser et aborder la préservation des écosystèmes et le respect des populations natives avec les enfants.

 

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