Ibrahim se rêve joueur de foot, mais en attendant il tente d’obtenir son CAP. Entraîné par un ami, il se fait prendre en tentant de voler dans un magasin et son père doit rembourser 3000 euros, ce qui l’empêche de payer le dentier dont il a besoin…
Multi-récompensé au Festival du Film Francophone d’Angoulême en 2020, le film était d’abord tentant par son casting, qui rassemble en particulier deux des grandes révélations de ces dernières années (Luàna Bajrami, vue dans L’Heure de la sortie et Portrait de la jeune fille en feu et Rabah Naït Oufella, repéré dans Grave et Meltem), en plus d’être le premier long de Samir Guesmi en tant que réalisateur.
On peut à première vue penser qu’il va s’agir d’un film de football, à l’instar d’un Fourmi, mais dans un autre milieu, car le ballon rond passionne visiblement Ibrahim, qui joue en club et regarde les matches à la télé, rêvant le soir qu’une foule l’acclame comme Zlatan. Mais finalement le sujet reste effleuré, le film se concentrant sur la relation entre le jeune homme (Abdel Benaher, dont c’est le premier rôle) et son père (Samir Guesmi lui-même). Cette relation est faite d’un silence pesant comme une chape de plomb dans l’appartement qu’ils occupent, un silence interrompu presque uniquement par le père pour demander à son fils de l’aide avec les papiers administratifs, car l’homme ne lit pas le français.
D’abord présenté comme un garçon sage, qui va en cours et assiste son père, Ibrahim dérive en suivant le mauvais exemple de son ami Achille, qui sèche les cours pour aller voler. Après une grosse bêtise, Ibrahim s’en veut et décide de récupérer l’argent nécessaire à payer le dentier de son père. Le film nous entraîne alors dans la spirale de la prise de risque, le jeune homme ne sachant pas jusqu’où il est prêt à aller. Il y a là quelque chose de paradoxal : alors que le père souhaite que son fils réussisse son diplôme, joue au foot et soit un bon garçon, c’est pour lui rendre service qu’Ibrahim s’éloigne de plus en plus de cette ligne de conduite. À mesure que le jeune garçon se perd dans ses larcins, la nuit envahit la pellicule, dont les scènes de jour se raréfient jusqu’au rapprochement avec Louisa, une camarade de classe décidée à aider Ibrahim. Il y a de la tendresse sous l’aspect bourru de ce film, de l’affection cachée sous la routine du quotidien entre deux hommes dont le lien du sang ne suffit pas forcément à combler les non-dits.
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