« Flight » : boire ou piloter, il faut trancher

Whip Whitaker effectue un vol entre Orlando et Atlanta avec des turbulences. Alcoolisé et cocaïné, le pilote s’endort, mais son co-pilote est confronté à un problème technique. Quand Whip se réveille, il doit éviter le pire et poser l’appareil d’urgence…

Après Seul au monde, pendant plus de dix ans, Robert Zemeckis s’est consacré au cinéma d’animation, pour des projets clairement destinés aux enfants. Un virage qu’on aurait pu croire pérenne, mais surtout dû au manque d’un scénario propice aux prises de vues réelles qui aurait enthousiasmé le réalisateur. Féru d’aviation (il pilote lui-même), ayant déjà eu l’occasion de mettre en scène un crash spectaculaire dans Seul au monde, le réalisateur est emballé par le scénario de John Gatins. Un pitch que celui-ci a tiré d’une expérience sur un film de guerre, qui l’avait amené à discuter avec d’anciens pilotes, lui fournissant comme inspiration la question : à quoi peut ressembler leur vie hors des airs ?

C’est là toute l’inspiration de Flight, qui ne récolte un budget « que » de 30 millions (peu pour un film de Zemeckis et au regard de la scène de crash à tourner). Pourtant le casting peut s’enorgueillir d’une tête d’affiche bankable, Denzel Washington, et de la présence de l’anglaise Kelly Reilly. Sans que le personnage principal ne soit copié sur un vrai pilote, le film reprend des éléments liés à plusieurs crashs célèbres : celui du Canadien Robert Piche, dont le passé criminel avait ressurgi après son accident, ou encore celui du vol 261 Alaska Airlines pour les caractéristiques du problème technique en cause et le vol à l’envers.

En dépit de son budget réduit, c’est techniquement que le film en impose le plus, en particulier avec tout le vol et le crash de l’avion, qui ont nécessité un mélange de décors en dur et d’effets numériques, Zemeckis s’appuyant sur les équipes avec lesquelles il avait collaboré pour ses films d’animation, en retirant des nouvelles possibilités, lui qui a toujours été féru d’effets en avance sur son temps (dans La Mort vous va si bien par exemple).

Le thème de l’alcoolisme est également bien traité, constituant un fil rouge du film qui s’ouvre sur la consommation de divers nocifs (tabac, drogue) par Whip et ponctue l’ensemble du long-métrage, avec des gros plans réguliers sur les bouteilles de toutes tailles dont le pilote vide le contenu tantôt dans son estomac, tantôt dans l’évier, au gré de ses tentatives de remonter la pente. Le film s’inscrit dans une longue lignée d’œuvres sur les effets dévastateurs d’une addiction sur les relations avec l’entourage (on pense aux films de James Ponsoldt en particulier, dans ce qu’on perçoit des relations familiales de Whip), même s’il se permet un côté plus humoristique sur le sujet avec le personnage de John Goodman.

Ce qu’on peut regretter, c’est que la question religieuse ressurgisse, d’abord avec l’implication d’un clocher d’église dans l’accident, puis dans la thématique de la rédemption. Depuis quelques films, et c’était en particulier très marqué dans Contact, Zemeckis tourne autour de la question de la foi, sans forcément en tirer une matière cinématographique passionnante, car cela occasionne plutôt des longueurs dans ses films, qui bénéficieraient volontiers de quinze minutes de moins pour gagner en densité et en efficacité.

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