« Contact » : aussi loin qu’il le faut

Passionnée par les transmissions radio depuis son enfance, Ellie étudie la possibilité d’un contact audio avec une civilisation extra-terrestre. Mais difficile d’obtenir des financements pour ses projets de recherche, jusqu’au jour où elle perçoit un signal…

Après Forrest Gump, Robert Zemeckis a un boulevard devant lui, et la possibilité de se lancer dans un nouveau projet ambitieux. Ce sera une autre grande fresque sur la vie d’une personnage isolé. Non plus par son Q.I. inférieur, car Ellie est plutôt du genre surdouée, mais parce qu’elle est orpheline.

Le réalisateur s’empare du scénario de James V. Hart et Michael Goldenberg d’après le roman de Carl Sagan pour cette nouvelle incursion dans la science-fiction, bien différente du côté Géo Trouvetout du Doc de Retour vers le futur. La science, ici, ce n’est pas un art de la créativité, du bricolage et des intuitions géniales que l’on pratique en solitaire dans son garage, mais une pratique professionnelle et institutionnelle qui nécessite du matériel de pointe, des financements et une équipe de recherche.

Car si l’enjeu du métrage semble être la possibilité d’entrer en contact avec une forme de vie ailleurs que sur Terre, ce n’est en réalité pas le sujet central. Cette possibilité est plutôt reléguée à la fin du film, dans les 40 dernières minutes. Tout ce qui précède n’est pas simplement une très longue introduction visant à faire monter le suspense et préparer ainsi les spectateurs/trices à l’impressionnante scène du voyage spatio-temporel, dont les effets spéciaux ont plutôt bien vieilli et qui fait toujours son petit effet.

Non, le cœur du film, c’est une réflexion sur la recherche scientifique : ses financements, ses méthodes, ses rapports avec le pouvoir. D’un côté, le film est assez pragmatique sur la question, en nous montrant Ellie (Jodie Foster) et ses collègues en quête de sponsors publics ou privés qui accepteraient de leur donner des fonds pour construire des antennes suffisamment imposantes et prendre le temps d’étudier les sons reçus. On voit également le poids que les médias peuvent avoir dans le choix d’une personnalité pour incarner les humains dans une possible rencontre du 3e type, et également les enjeux de pouvoir qui se trament derrière un tel sujet, en termes d’image politique (Bill Clinton apparaît dans des images d’archive montées pour sembler évoquer le sujet du film) et de relations internationales (un peu comme dans Premier contact).

Mais en même temps, le scénario se veut à la fois sentimental, renvoyant régulièrement Ellie à son statut d’orpheline et nous offrant en flashback la mort de son père (les scènes avec Ellie enfant restent les plus engageantes du métrage) et lui créant une amourette avec le personnage de Matthew McConaughey, et spirituel, renvoyant dos à dos la scientifique et le pasteur dans des échanges interminables sur la foi. Faut-il des preuves pour croire ? Peut-on être scientifique et croire en une divinité ? Faut-il être croyant(e) comme plus de 90 % des humain(e)s pour représenter notre espèce ? C’est dans ce côté religieux moralisateur bien conforme à l’Amérique où l’on jure sur la Bible jusqu’aux tribunaux et à la Maison-Blanche que le film traîne en longueur et lasse, alors même que l’aspect aventurier de la quête d’Ellie avait de quoi tenir en haleine. Cette vision d’une vie comme un destin, avec une potentielle implication religieuse, on pouvait déjà la lire en filigrane dans Forrest Gump, et on la retrouve dans plusieurs films de Zemeckis par la suite.

3 commentaires sur “« Contact » : aussi loin qu’il le faut

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  1. Le film a plutôt bien vieilli en presque 25 ans (effets spéciaux, l’idée très bonne d’utiliser de vraies images de Clinton… comme celle des Beatles dans I wanna hold your hand) mais reste effectivement très américano-centré. On voit s’affirmer les thèmes de Zemeckis : la science, la filiation, le destin, le rapport au temps.

    Depuis, le magnifique Arrival est sorti…

    1. Oui il concentre pas mal de thèmes de Zemeckis mais je le trouve très théorique par rapport à ses autres œuvres. Plus bouleversée par Arrival, dont le montage se place dans un registre plus émotionnel.

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