Helen et Madeline se connaissent de longue date. L’autrice présente son nouveau compagnon, chirurgien esthétique, à l’actrice, et ce qui devait arriver arriva : séduit, l’homme épouse Madeline…
Movie Challenge 2021 : un film avec une scène dansée ou chantée
Après la trilogie culte Retour vers le futur, Robert Zemeckis poursuit sa réflexion sur le temps qui passe en s’appuyant sur un scénario de Martin Donovan et David Koepp (qui par la suite a écrit Jurassic Park et plusieurs films de Brian De Palma). Cette fois, il n’est pas question de voyage dans le temps mais d’essayer d’en effacer les effets.
Tout commence par une rivalité amoureuse, et c’est d’ailleurs assez symptomatique de constater ce qui va opposer Helen (Goldie Hawn) et Madeline (Meryl Streep). Les deux quadras ont des qualités artistiques (l’une écrit, l’autre ouvre le film par un numéro de meneuse de revue dans lequel on ne l’aurait pas attendue), et pas forcément besoin d’être financièrement entretenues. Pourtant, elles vont se disputer un homme qui n’a pas l’air spécialement intéressant. Bruce Willis (en cheveux !) campe un chirurgien esthétique dont les qualités professionnelles peuvent certes être recherchées mais qui sur le plan humain fait un bien piètre époux : peu perspicace, assez mou, facilement séduit, il se réfugie dans la boisson à mesure que son business change de nature et qu’il passe de l’amélioration physique des vivants à celle des morts. Mais même pour un type qui n’a plus grand-chose comme atout, les femmes sont censées rivaliser de beauté, de jeunesse et de fermeté, car c’est ce que les normes sociales imposent.
Mais pas question d’en rester à une simple comédie de mœurs. On est dans une ambiance qui fleure la sorcellerie, des manoirs qui hésitent entre le gothique ou le Cluedo, et l’idée de la mort infuse peu à peu chaque décision des personnages, à partir du moment où Helen décide de se venger de Madeline. Là où les personnages de Retour vers le futur pouvaient revenir en arrière pour changer le présent, les deux femmes n’ont d’autre solution que de partir du point où elles en sont. Ainsi, les intervalles de 7 ans qui séparent les scènes du début du film montrent bien le temps qu’il faut pour qu’un événement produise pleinement son œuvre : abandonnée par son fiancée, Helen se laisse plonger dans la dépression et les TCA pendant 7 ans, puis met 7 autres années à rencontrer le succès en librairie en même temps qu’elle retrouve un corps mince correspondant aux standards de la société dans laquelle elle évolue. Pendant ce temps, Madeline voit l’apparition de rides comme une menace pour son couple et son succès. Pour lutter contre les signes de l’âge, elle finit par avoir recours à la mystérieuse Lisle incarnée par une Isabella Rossellini que la caméra s’amuse à présenter fort déshabillée pour aguicher les spectateurs/trices.
À partir de la rencontre avec cette professionnelle du rajeunissement sans bistouri, le long-métrage devient une gageure technique, qui fit appel aux studios de George Lucas pour réussir son pari mêlant effets en dur et numériques. Des mécanismes de pointe qui furent réutilisés pour Jurassic Park et valent au film un Oscar des effets spéciaux, au nez d’Alien3. Il faut dire que le combat entre Madeline, Helen (et Ernest dans une moindre mesure) vire au grand-guignolesque et ne s’interdit rien. La violence est un élément du comique, car poussée jusqu’à l’absurde. Et finalement, la quête de beauté et le soin d’elles-mêmes finit par prédominer chez les personnages féminins, au-delà de leurs intérêts amoureux. À défaut d’accepter le vieillissement, elles apprennent à compter sur leur ancienne rivale et non plus sur les hommes, faisant passer la sororité avant le couple hétéro. Et rien que pour ça, on pardonne au film d’en faire un peu trop.
J’avance dans ma rétrospective Zemeckis… mais cette fois-ci j’ai abandonné après une quarantaine de minutes, ne trouvant aucun charme aux personnages et trouvant l’intrigue finalement assez triste / glauque. Hommage quand même aux magnifiques choix des surnoms des personnages : Mad(eline) et Hel/l(ene), « folle » et « enfer ».
Ah dommage ! Très chouette analyse de prénoms, merci !