Lors d’une mission pour récupérer une disquette contenant une liste de noms d’agents secrets, Ethan Hunt voit toute son équipe décimée. Seul survivant, il est soupçonné par sa hiérarchie d’être une taupe…
Movie Challenge 2021 : un film tiré d’une série
Mission : Impossible a d’abord été une série à succès des années 70, avant une suite 20 ans après, autour d’une équipe d’agents secrets emmenés par Jim Phelps. Tom Cruise a l’idée d’en faire un film, qu’il est prêt à produire, mais il se retrouve sans réalisateur. Contacté, Brian De Palma a deux raisons d’accepter : d’une part, son envie de réaliser un film d’espionnage basé en Europe ; de l’autre, l’insuccès relatif de ses dernières œuvres et le besoin de renouer avec le succès pour poursuivre sa carrière.
D’emblée, le film est très attendu, mais plusieurs scénaristes se succèdent afin d’établir une histoire qui convienne à la fois à l’acteur principal et au réalisateur, et qui sache se démarquer de la série sans renier son concept d’équipe d’agents.
Finalement, l’intrigue sur laquelle ont planché David Koepp, Robert Towne, Steven Zaillian et Bruce Geller prend un parti-pris très osé dès le début du film : en tuant rapidement tous les agent(e)s sauf Hunt, elle détruit le fonctionnement de groupe qui était au cœur des épisodes, dont la figure incontournable de Jim, et met en avant le personnage de Tom Cruise, unique vrai héros du film (et de la franchise qui va suivre). Riche en retournements de situations et trahisons, le scénario à quelques autres atouts à son actif, par exemple la présence dans la peau de la commanditaire du vol de la liste secrète de Vanessa Redgrave, pour laquelle le rôle a été féminisé tout spécialement. En détruisant puis recréant une équipe, le film permet aussi de développer un casting alléchant et international, avec notamment les Français(e)s Jean Reno et Emmanuelle Béart dans des rôles complexes et duplices.
L’intelligence du scénario qui tient en haleine sur la durée (même si depuis la sortie du film certaines de ses audaces ont pu être dupliquées ailleurs) s’associe à une efficacité de la narration visuelle et en particulier des scènes d’action, à commencer par celle avec l’hélicoptère et le train, qui a pourtant failli être supprimée. Le fait que Tom Cruise réalise lui-même ses cascades permet des angles de vue qui ne masquent pas le visage du personnage et l’impliquent davantage. Si l’on ne retrouve pas forcément à l’écran les marottes techniques de De Palma, il a tout de même su faire preuve d’inventivité, par exemple dans la scène du vol de la disquette, avec son décor façon intérieur de vaisseau spatial, sa plongée totale au-dessus d’un Tom Cruise comme en apesanteur, suspendu à un filin, et ses touches d’humour comme la présence d’un rongeur dans le système d’aération. De grands morceaux de bravoure, un côté irrévérencieux par rapport au matériau d’origine et une intrigue bien ficelée, le contrat est rempli pour ce Mission : Impossible qui lance la saga bien connue encore à suivre aujourd’hui.