Un entretien
Un candidat vient passer un entretien d’embauche, mais le regard insistant de la recruteuse sur son entrejambe le perturbe…
Vous connaissez peut-être la mini-série de Canal + avec le désopilant Benjamin Lavernhe (de la Comédie-Française) en DRH dont les pensées nous sont transmises en voix off. La série est née de ce court-métrage de Julien Patry, où l’acteur incarne un candidat venu passer un entretien d’embauche… un peu délirant. Il ne s’agit pas seulement ici d’entendre l’esprit des personnages mais bien certains de leurs organes. Le résultat burlesque contraste avec le décor d’entreprise qui constitue un cadre sérieux et réaliste, la tension sexuelle est palpable tout autant que le malaise, bref c’est drôle et décalé et on ne peut que conseiller ce petit moment de rire (et d’aller voir la série si vous ne la connaissez pas, d’autant que la saison 3 arrive bientôt).
The Robbery
Pour payer les frais de la fourrière qui a récupéré son chien, une jeune femme décide de commettre un braquage dans un magasin, mais rien ne se passe comme prévu…
On retrouve dans ce court-métrage tout le sel des univers de Jim Cummings, plus connu pour Thunder Road. Ici, on suit un personnage de jeune femme (Rae Gray) dans un plan séquence d’une dizaine de minutes, de sa voiture au petit commerce qu’elle tente de braquer. Le physique frêle du personnage et la taille réduite de son arme contrastent avec le gaillard armé d’un outil imposant auquel elle doit faire face. L’ironie entraîne le métrage entre le rire et le choc, dans un sentiment de malaise et de fascination pour la mort qui ressurgit dans le long-métrage du réalisateur.
Mon Combat
Une prof d’histoire que ses copines jugent trop rigide accepte une séance d’hypnose censée lui révéler qui elle était dans une vie antérieure. Elle ne s’attendait pas à la réponse…
L’acteur Rudy Milstein passe à la réalisation avec ce court au concept totalement barré. Qui d’autre que Joséphine de Meaux pouvait s’embarquer à interpréter un personnage pareil, au passé aussi chargé et capable de déclencher le rire malgré tout ? Tout n’est pas réussi ni du meilleur goût, car il n’est pas facile de rire avec les heures les plus sombres de l’histoire, mais il y a un certain panache dans le fait d’essayer. Le plus intéressant est sans doute que derrière le trouble de l’enseignante se cachent les multiples pressions sociales incarnées par ses amies toxiques.
Miss Chazelles
À l’élection de Miss Chazelles-sur-Lyon, Clara est devancée par Marie. Alors que l’entourage des concurrentes s’échauffent, Clara ne semble pas déçue ni énervée…
Le réalisateur Thomas Vernay tourne dans la commune qui l’a vu grandir cette histoire originale sur fond de concours de miss. C’est en fait l’occasion d’un portrait de jeune fille, la jolie Clara (Megan Northam), souvent filmée de très près, dont les pensées nous échappent. Jusqu’à une scène de danse où la caméra capte des regards qui en disent long… Mine de rien, c’est un court émouvant sur l’homophobie latente dans la France rurale, et la difficile émancipation des jeunes femmes, qu’on aime bien quand elles portent robe de princesse et diadème et se tiennent sages…
Venerman
Charles aurait aimé être noir et avoir confiance en lui, et se rêve rappeur. Il rejoint à Paris son frère aîné et le trouve trop rangé…
C’est une histoire de famille que ce court-métrage qui rassemble une mère, la réalisatrice Tatiana Vialle, et ses deux fils (Swann Arlaud, à la co-réalisation et dans le rôle de l’aîné) et Tobias Nuytten (dans le rôle principal). L’irruption de la musique et de la danse dans le quotidien n’est pas toujours totalement maîtrisée, de même que les incursions oniriques de l’avatar noir de Charles, mais l’ensemble dégage une vraie fraîcheur et fait plaisir à voir, en plus de réserver une scène de générique particulièrement amusante.
La Parcelle
Un agriculteur céréalier accepte de cultiver une parcelle de maïs pas tout à fait comme les autres. Les plants se mettent bientôt à exsuder un liquide blanchâtre…
Michaël Guerraz, qui a déjà plusieurs courts à son actif, s’engage avec La Parcelle dans la voie du thriller agricole, quelque part entre La Nuée et Petit paysan. Cette fois ce sont des plants de maïs qui menacent la tranquillité du cultivateur (Virgile Bramly) et de sa femme, enceinte (Maud Wyler). Le film aurait pu aller plus loin dans l’ambiance et l’angoisse mais sur un temps court, la progression narrative est bien menée.
Le bout de la piste
Pour Lala et ses camarades d’entraînement, c’est un grand jour. Leur entraîneur les a fait venir de Bamako pour rencontrer un sélectionneur français, et ils espèrent une admission qui leur garantirait des papiers…
Le court de Sophie Thouvenin est assez ambitieux car intersectionnel dans son thème : Lala et ses collègues d’entraînement cherchent à se faire une place en France, désirant ne pas retourner à Bamako. De plus, Lala est la seule fille du groupe. Gemi Diallo interprète avec finesse ce personnage entre détermination, obstination et sensibilité. Un beau parcours de femme qui ne met pas sous le tapis la réalité des espoirs et dangers qui guettent les aspirants coureurs de fond.
Voyage d’affaires
Durant un voyage d’affaires, Jean-Paul descend dans un hôtel. Alors que sa compagne lui annonce son intention de rompre par répondeur interposé, il trouve un polaroid sous son lit…
Retour sur ce film de l’Anglais Sean Ellis, qui se présente presque comme un sketch. Guillaume Canet et Mélanie Laurent incarnent les uniques personnages visibles de ce récit court qui joue beaucoup sur les voix féminines : celle de la réceptionniste, de la compagne de Jean-Paul sur son répondeur puis de la jeune femme qu’il contacte par téléphone. La chute est hélas très prévisible, même si c’est assez bien joué.