Billy et Kate se sont installés à New York et travaillent dans un immense immeuble renfermant de multiples activités. À la mort de M. Wing, Gizmo est capturé par des chercheurs évoluant dans ce même bâtiment et Billy retrouve son ami…
Après l’énorme succès de Gremlins, Warner Bros commande d’emblée une suite à Joe Dante, qui commence par refuser, considérant cette œuvre comme achevée. Après plusieurs tentatives de lancer le projet sans lui, il accepte d’y revenir avec un scénario de Chris Colombus et Charles S. Haas, ainsi qu’un budget de 50 millions de dollars (trois fois le montant du premier opus).
Ce deuxième volet se déroule non plus dans la petite ville imaginaire dont Billy et Kate sont natif/ive mais dans un building de New York qui peut faire penser à une Trump Tower, le PDG Clamp rappelant le futur Président. Là où le premier film pouvait laisser planer plusieurs interprétations quant à son message, ce deuxième opus est bien moins ambigu (moins complexe aussi, cela va de pair). Ce qui est mis à bat avec l’arrivée des Gremlins, et donc critiqué, c’est le capitalisme ultra-libéral incarné par Clamp et ses sbires, par exemple Marla. Ces personnes sont prêtes à tout pour briller, réussir, gagner de l’argent, et font preuve d’une tendance à la standardisation : on empêche les employés de décorer leur bureau avec des objets personnels, on réécrit les classiques du cinéma (on entend une pub pour « Casablanca avec une fin heureuse »), on pousse les ménages à la consommation. Alors que le père de Billy incarnait l’inventeur qui cherche à réellement améliorer le quotidien avec ses objets (sans forcément y parvenir), ici aucune intention louable sinon celle de vendre : des gadgets, des bâtiments, du temps d’écran ou de cerveau disponible, tout se vaut dans l’immense building Clamp où se côtoient architectes, biologistes et animateurs de télé, à l’instar de Fred, qui anime un programme nocturne déguisé en vampire alors qu’il rêve de présenter les infos. Au cas où ce ne serait pas assez clair, des Gremlins vont même prendre la place de traders lorsqu’ils dominent le bâtiment puis le quartier, vendant et achetant sans aucune logique.
On retrouve nombre d’éléments du premier film dans ce deuxième long qui cherche visiblement à contenter les fans : réapparition de personnages secondaires comme les époux Futterman, évolution du couple Billy-Kate qui pense désormais au mariage, retour du mignon Gizmo, référence à des scènes-clés comme celle où Kate explique pourquoi elle hait Noël, et surtout, humour méta qui se traduit par des clins d’œil appuyés et malins. Cela commence par l’émission de Leonard Maltin, qui avait écrit une critique négative de Gremlins, attaqué en plein plateau par les créatures. Puis les Gremlins s’attaquent à la pellicule dans une séquence surprenante et drôle qui permet de rappeler leur amour pour Blanche-Neige et nous sort volontairement de l’intrigue. Hormis les allusions au premier volet, les références sont encore plus nombreuses et visibles que précédemment, et s’accompagnent souvent de trouvailles dans les plans, les décors ou costumes, allant du Gremlin-chauve-souris (Batman) au Gremlin-gargouille (Notre-Dame de Paris) en passant par Le fantôme de l’opéra ou encore Le magicien d’Oz.
Moins sombre, plus fun et délirant, ce nouvel opus profite de ses moyens pour s’offrir de beaux plans (notamment aériens avec le Gremlin volant), des idées loufoques à foison (les mutations génétiques dont celle du Gremlin parlant), et un divertissement qui n’oublie pas d’avoir du fond. Plus « facile » que le précédent, il n’est pas moins abouti pour autant.
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