« The ‘burbs », nos chers voisins !

Ray a de nouveaux voisins dans sa banlieue pavillonnaire. Alors que ceux-ci ne se montrent jamais, il se laisse convaincre par Art et Rumsfield, qui habitent aussi le quartier, que les nouveaux venus cachent quelque chose…

Après le succès de Gremlins, et avant sa suite, Joe Dante se lance dans quelques amusements, à commencer par The ‘burbs, petit surnom pour les « suburbans », les habitants des banlieues.

Pour planter le décor, le réalisateur emploie un quartier de studio maintes fois utilisé avant et plus tard (on reverra notamment ces maisons dans Desperate Housewives, auquel le film fait d’ailleurs assez nettement penser comme source d’inspiration). Pelouses soigneusement entretenues (même quand le bichon du voisin vient y faire ses besoins), allée droite bien goudronnée, demeures aux teintes douces, le quartier est le cliché même de la banlieue américaine, cet endroit où il fait en apparence bon vivre, et où on se demande quels secrets plus ou moins sordides se cachent derrière les portes closes et les efforts pour offrir une illusion de perfection.

Tout de même, dès le début, l’idéal est un peu écorné par des personnages pas très futés qui s’embrouillent pour des détails du quotidien entre voisins. Avec Dana Olsen au scénario, on s’attend à des rebondissements comiques mais pas forcément à une extrême finesse d’écriture. De fait, le film comporte son lot de gags assez visuels, à mesure que le trio se persuade que leurs nouveaux voisins sont dangereux. La première tentative de toquer qui s’achève par une course-poursuite avec des insectes, les efforts d’Art pour passer au-dessus de la clôture, sont autant de scènes qui font rire par un effet « vidéo gag » : des chutes, des plaies et bosses sans trop de gravité, des personnages qui se ridiculisent. Pendant que les femmes, en particulier l’épouse de Ray (Carrie Fisher) tentent de garder raison, les hommes (Tom Hanks, Bruce Dern et Rick Ducommun) perdent la tête, entraînés par leur méfiance mutuelle. Et plus ils se montent la tête, plus leurs plans pour prouver que leurs suspicions sont fondées deviennent grandiloquents et délirants. Leurs tentatives causent la satisfaction du jeune Ricky (Corey Feldman), qui considère la vie du quartier comme une sorte de feuilleton télévisé, invitant de plus en plus d’ami(e)s à venir suivre les épisodes de la quête du trio de voisins pour percer le secret des mystérieux Klopek. Pendant environ la moitié du film, ces derniers restent à l’état de vagues silhouettes aperçues sous la pluie de nuit ou derrière un rideau.

Le milieu du film marque l’entrée dans la maison et la rencontre avec ses personnages. Intérieur sombre, distinction des manières, on est dans un genre de Famille Addams, les personnages féminins en moins. La famille se compose de trois hommes… et un chien, qui occasionne pas mal de confusion mais aussi de rire, les animaux constituant des ressorts comiques au fil du métrage.

Si l’on passe un bon moment devant cette pochade sympathique, on s’attend à une forme de moralité sur la curiosité malsaine des voisins, dont l’insistance croissante fait signe du côté de l’erreur de jugement et de l’entêtement mal placé. Pourtant, le scénario se révèle plus malin qu’il n’y paraît et réserve quelques surprises sur sa fin, sorte d’apothéose catastrophe, associant retournements de situation, effets visuels et explosion définitive de l’image du quartier paisible. Chouette surprise, ce pamphlet hilarant sur les gens apparemment biens sous tout rapport et l’intolérance envers la différence sait aussi montrer les limites de sa diatribe, tout en nous divertissant copieusement avec un casting en grande forme.

 

 

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