Festival Premiers Plans 2021 sélection évasion – Le Trou

Claude Gaspard est installé dans une nouvelle cellule, la sienne devant subir des travaux. Il rejoint un groupe de quatre prisonniers liés par un projet d’évasion…

Movie Challenge 2021 : un film sans musique

Le film l’annonce dès sa scène d’ouverture, où Jean Keraudy explique face caméra que le film va raconter son passé : Le Trou s’inspire d’une histoire vraie. Plus exactement, le scénario de Jacques Becker et Jean Aurel est co-écrit avec José Giovanni, un ancien détenu qui a raconté dans un livre ses souvenirs. Le personnage de l’écrivain correspond à celui de Manu dans le film, incarné par Philippe Leroy-Beaulieu, alors que Jean Keraudy joue son propre rôle dans le plan d’évasion, sous le nom de Roland.

Le film prend l’apparence d’un quasi-documentaire : le décor de la prison de la Santé a été soigneusement reproduit d’après le témoignage d’anciens détenus, le casting compte des acteurs non-professionnels qui apportent du réalisme, le son est exempt de musique, uniquement composé des sons du quotidien. Ce silence de fond permet de mieux faire ressortir les bruits de la prison, pour l’atmosphère, mais aussi les coups tapés dans le ciment au cours du processus d’évasion, dont la résonance contribue à la tension ressentie à la fois par les personnages et les spectateurs/trices. Le film tient une partie de son suspens à l’impression que les travaux opérés par les détenus, qui creusent un trou dans le plancher de leur cellule (le titre constituant une double allusion au « trou » – la prison – et au conduit en cours de création), vont forcément faire accourir les gardiens en raison du vacarme.

Très minutieux dans sa reconstitution du plan d’évasion, le scénario détaille toutes les étapes, soucieux de vraisemblance. À l’écran, la caméra cadre en plan fixe le trou en train d’être creusé, filme en gros plan les mains qui travaillent, les objets du quotidien soustraits à leur usage pour devenir des outils. Une fois dans les sous-sols, les choix de cadrage et d’angles de vue sont originaux, mettant en valeur l’ingéniosité et l’effort physique dont font preuve les cinq hommes.

C’est moins cette forme soucieuse des détails qui a conduit à l’échec du film à sa sortie, que l’écriture des personnages. D’abord, on remarque que les raisons qui les ont conduits en prison ne sont pas dévoilées, à l’exception de Gaspard, présenté comme innocent des accusations portées contre lui. Ainsi, on peut assez facilement oublier qu’il s’agit de criminels qui ont sûrement commis des choses graves pour risquer des peines lourdes. D’autre part, les hommes de la cellule sont présentés sous un jour assez sympathique, avec chacun une personnalité bien définie. L’un est jovial et chaleureux, proposant immédiatement de tout partager, un autre s’inquiète de ses parents et fait passer leur avenir avec le sien propre, un troisième sous ses dehors méfiants tient à faire régner la justice au sein de la prison, et le quatrième, cerveau de l’opération d’évasion, en impose par son intelligence pratique. Plus les préparatifs prennent de l’ampleur, plus on a envie de voir l’opération réussir, ce qui a pu mettre mal à l’aise le public, pris en tenaille entre la condamnation des criminels et l’exaltation du plan.

Finalement, la conclusion, avec sa tonalité grave et amère, constitue une chute idéale afin de résoudre cette tension inhérente au sujet. À travers le projet de fuite, c’est aussi une réflexion sur la confiance, l’individualisme et l’amitié que la dernière œuvre de Jacques Becker met en lumière.

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